Taux bas : un risque pour les banques ?

Taux bas : un risque pour les banques ?

Epargne en berne, emprunts intéressants : la période de taux très bas compte ses gagnants et ses perdants
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 28 Juin 2016

Le contexte des taux d’intérêt historiquement bas fait la joie des emprunteurs, un peu moins celles des épargnants.

Si les livrets ne rapportent plus grand-chose à leurs détenteurs, d’autres placements, comme l’assurance-vie, accusent une baisse beaucoup plus lente, qui n’est pas sans risque pour les entreprises qui les commercialisent. Ces taux à l’étiage, les banques et leurs clients les doivent, en grande partie, aux décisions prises depuis plusieurs mois par la Banque centrale européenne, qui veut soutenir l’activité économique et lutter contre la faiblesse de l’inflation, rachetant la dette publique et rabaissant de mois en mois son taux directeur, ramené à 0 % au printemps. Le résultat de cette « politique accommodante » pour les économies des pays de la zone euro - bénéfiques pour les finances publiques - est plus délicat pour les banques, qui voient taxer leurs liquidités dormantes : elles sont fortement incitées à prêter pour relancer la machine, soutenir l’activité des entreprises.

Le taux de dépôt négatif ne rend pas seulement moroses les épargnants : il érode les marges des banques. Il représenterait même un surcoût de près de 3 milliards d’euros pour l’ensemble des banques de la zone monétaire européenne, selon les projections de la banque privée Pictet. Le secteur des assurances a aussi quelques soucis à se faire : avec une grande part des placements en titres d’Etat, difficile de tenir des taux garantis à 3 % et plus quand le taux directeur était encore en bonne posture.

De nouveaux produits d’épargne de long terme

Pour sortir par le haut de cette situation qui, sans les mettre vraiment en danger, peut les inquiéter si elle perdure, les banques auront sans doute la tentation d’agir en faisant reporter une partie des profits non perçus sur ceux qui les font vivre : leurs clients. Soumises à une réglementation plus stricte censée les protéger d’une nouvelle crise systémique, elles sont contraintes de chercher l’argent où ils se trouvent, c’est-à-dire sur les comptes qui peuvent être davantage taxés, sous forme de frais de tenue de compte, par exemple.

Quant aux contrats d’assurance-vie aux rentabilités en décalage avec la réalité des taux actuels, ils commencent à représenter une petite menace qui est dénoncée fermement par la Banque de France : pour l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), les assureurs doivent revenir à la raison et baisser sans état d’âme les taux aujourd’hui encore servis sur les contrats en euros, qui sont de plus en plus boudés par les clients. François de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a dit vouloir « encourager les pouvoirs publics et les professionnels à poursuivre leur réflexion en matière de réorientation de l’épargne, notamment via le développement de nouveaux produits d’épargne de long terme, répondant à la fois à l’environnement de taux bas et aux perspectives de long terme des ménages. »

En attendant, les ménages continuent de thésauriser massivement et lorsque les comptes, livrets et contrats ne les satisfont pas, laissent dormir leur argent sur les comptes-courants… en attendant que la confiance revienne, et avec elle la consommation et une croissance moins maintenue à bout de bras par l’institution bancaire européenne.



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