Mobilité bancaire Européenne : où en sont les Français par rapport à leur voisins européens ?

Mobilité bancaire Européenne : où en sont les Français par rapport à leur voisins européens ?

En septembre 2019, la Commission européenne doit remettre au Parlement européen un rapport sur la portabilité du compte bancaire. Si en France une évolution majeure facilitant le changement d'établissement est récemment entrée en vigueur, qu'en est-il pour nos voisins européens ?
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 14 Mars 2017

Mobilité bancaire où en sont les Français par rapport à leur voisins europé

En septembre 2019, la Commission européenne doit remettre au Parlement européen un rapport sur la portabilité du compte bancaire. Si en France une évolution majeure facilitant le changement d'établissement est récemment entrée en vigueur, qu'en est-il pour nos voisins européens ?

Mobilité bancaire en France autour de 4 % par an

Le rapport sur la portabilité bancaire piloté par l’ancienne patronne de Boursorama, Inès-Claire Mercereau, remis à la fin de l’année 2014, estime que seuls 4,5 % des Français changent de banque chaque année (3,5 millions de compte). Le cabinet Bain & Compagny mesure le taux d’attrition à 4,3 % (nombre de clients perdus) en 2016, un score qui a quasiment doublé depuis 2014 (2,5 %). En janvier 2017, l’enquête diligentée par SAB / CGI et réalisée par Next Context indiquait que 14 % des Français avaient changé de banques au cours des deux dernières années (6 % dans les 12 derniers mois). Le chiffre avancé par l’association UFC-Que Choisir est légèrement supérieur à 3 %. Toutes ces estimations assez proches retranscrivent une différence de comportement notable entre les Français et les Européens, ces derniers présentant un taux d’attrition dans l’univers bancaire de 8 % à 9 %.

Cet écart a d’ailleurs largement inspiré la mesure de mobilité bancaire issue de la Loi Macron et appliquée depuis le 6 février 2017. Après un mois, les premiers retours dévoilent une certaine dynamique : Boursorama déclare avoir signé 16 000 mandats entrants le 23 février dernier, Axa Banque annonce une hausse de 57 % des ouvertures de compte depuis le début d’année par rapport à la même période l’an passé et le Crédit Agricole aurait glané 4 500 comptes en trois semaines. Avec les exemples à l’étranger, peut-on escompter sur une amplification de cette dynamique ?

La mobilité bancaire déjà appliquée en Allemagne et aux Pays-Bas

Outre-Rhin, la loi sur la mobilité bancaire est active depuis le 18 septembre 2016, ce qui permet d’avoir une analyse plus fine des dynamiques en cours. Le législateur a pour ambition de simplifier la décision des clients que s’arrachent banques commerciales privées, banques publiques et banques mutualistes. Très soucieux de l’augmentation des frais de tenue de compte, l’intérêt du public est réel. La banque en ligne ING Diba prétend devoir gérer un flot conséquent de contacts (jusqu’à 2 000 par jour), alors que Postbank, filiale de Deutsche Bank, aurait enregistré la clôture de 100 000 comptes après avoir augmenté ses frais de tenue de compte. La prestation du changement de compte dope parallèlement l’activité des fintechs comme FinReach, Fino ou Aravato, qui accompagnent les établissements dans ces nouvelles démarches administratives. Ces jeunes pousses lorgnent désormais le marché français.

En Suède et aux Pays-Bas, le RIB est identique ce qui permet au client de changer de banques sans avoir à prévenir personne : c’est la portabilité bancaire comme en téléphonie. Aux Pays-Bas, la prise en charge des formalités administratives est confiée à un tiers de gestion : c’est le système de compensation Interpay. Il joue un rôle majeur dans la transmission des informations de l’ancien compte vers le nouveau. D’ailleurs, depuis 2003, la profession bancaire néerlandaise a mis en place un service de redirection (Interbank Switch- Support-Service). Le client ouvre un compte bancaire dans un nouvel établissement, souscrit les différents services souhaités et actionne le service de redirection. Chaque année, 80 000 à 100 000 particuliers aux Pays-Bas passent par ce dispositif qui recueille un fort taux de recommandation (8,4 sur 10).

La portabilité du numéro de compte au Royaume-Uni

Les autorités britanniques sont attentives à ce que le jeu de la concurrence profite aux clients. Or, quatre établissements se partagent 77 % des comptes courants des particuliers (Barclays, HSBC, Lloyds et RBS). Ce chiffre grimpe même à 85 % chez les petites entreprises selon une enquête menée par la Competition & Markets Authority (CMA). L’autorité de la concurrence estime que 6 Britanniques sur 10 sont dans la même banque depuis 10 ans. C’est dans ce contexte que le rapport Vickers de 2011 pointait la nécessité d’un service de redirection automatique, afin d’accroître la concurrence, la transparence et le choix du consommateur.

Mais, en juillet 2014, la CMA note une hausse modeste des mouvements de changement de banques (+ 16 %), dénonçant l’absence significative apportée par ce service gratuit. La CMA rehausse donc son niveau d'exigences en modifiant par exemple la présidence de l’organisme gérant la mobilité des comptes. Cette fonction n’échoit plus aux banques elles-mêmes mais à un acteur indépendant. Enfin, un paquet de réformes est mis en place, stipulant la mise en œuvre, à partir de 2018, de l’Open Banking pour garantir la sécurisation et la confidentialité des données bancaires au cours des échanges. Un standard informatique commun permettra notamment aux clients de comparer les tarifs bancaires plus facilement, de partager leurs données avec des tiers et de basculer d’un établissement à un autre.

Si les principaux voisins européens de la France disposent d’outils facilitant la mobilité bancaire, les résultats n’augurent pas de grands bouleversements. Pour soutenir cet effort, le Parlement européen s’intéresse à la portabilité bancaire. Un rapport sur la question doit être remis en septembre 2019, pour servir de base à la rédaction d’une future proposition législative.



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