[INTERVIEW] - Look&Fin : la qualité des projets et la fidélité des prêteurs en font son originalité

[INTERVIEW] - Look&Fin : la qualité des projets et la fidélité des prêteurs en font son originalité

Frédéric Levy Morelle, CEO et co-fondateur de Look&Fin, présente sa FinTech à banques-en-ligne.fr
Banques en ligne

Rédigé par Stéphane LORMEAU

le 07 Juin 2017

Frédéric Levy Morelle LookandFin

Crédit photo : Christophe Licoppe

Banques-en-ligne.fr (BEL) : Pouvez-vous nous présenter votre plateforme de crowdlending Look&Fin ?

Frédéric Levy Morelle : Créé en 2012, Look&Fin est l’un des pionniers et leaders du crowdlending en France et en Belgique. La plateforme permet à des PME en croissance à la recherche de fonds de se financer directement auprès de particuliers qui souhaitent prêter leur épargne tout en la dynamisant. Depuis l’origine, Look&Fin a permis une centaine de PME d’emprunter près de 18 Millions €.

" En 2016, nos projets ont été souscris en moyenne en 4 minutes ! " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Comment fonctionne votre plateforme ? Quel est le ticket d’entrée pour l’investisseur ?

FLM : Look&Fin est accessible à tous après une inscription gratuite sur le site de lookandfin. Le ticket minimum est de 100 € pour un premier prêt, puis 500 € minimum par dossier.

BEL : Pouvez-vous nous parler de vos clients investisseurs? Qui sont-ils ? Y a t-il un profil type sur votre plateforme ? Comment les séduisez-vous ?

FLM : Notre communauté de prêteurs possède plutôt une bonne connaissance du secteur financier, des produits et des taux d’épargne existants. Nos prêteurs sont aussi très actifs - en 2016, nos projets ont été souscris en moyenne en 4 minutes – et fidèles, ils ont chez nous en moyenne un portefeuille de 50 000 euros investi sur nos projets. Et enfin, ils sont principalement issus de ces 5 nationalités : Français, Belges, Hollandais, Suisse et Luxembourg.

BEL : Avec un taux d’intérêt moyen constaté de 8,12% par an (au 31/03/2017), comment sont calculés les rendements des projets proposés ?

FLM : Notre priorité n°1 depuis notre lancement est la qualité de l’offre que nous proposons à nos prêteurs, ce qui explique aujourd’hui notre succès ainsi que la fidélité de nos prêteurs. Nous avons mis en place une méthode d’analyse avec une équipe d’analystes expérimentés.

Si le projet répond à l’ensemble de nos critères de sélections, et après le processus d’analyse, nous lui attribuons une note de risque de A à E : A étant pour un faible risque et E pour une note de risque élevée. C’est bien cette note de risque qui va déterminer le taux de rendement pour le prêteur. Donc, plus le risque est élevé plus le taux d’intérêt le sera aussi et inversement.

" Notre taux de défaut après 5 années d’activité est de 0,7%, l’un des plus bas en Europe " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Comment communiquez-vous sur le taux de défaut auprès de vos clients ?

FLM : Tout d’abord nous restons convaincu que le vrai indicateur de la performance reste son taux de défaut et cela avec un historique minimum de 3 ans. Notre taux de défaut après 5 années d’activité est de 0,7%, l’un des plus bas en Europe. Celui-ci est indiqué et mis à jour chaque mois sur notre site web sur la page des performances. Ce taux de défaut très bas s’explique par la qualité des dossiers proposés.

" Notre communauté (de prêteurs) est très active et fidèle car elle sait que les projets sont de qualité. " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Comment expliquez-vous la rapidité avec laquelle un projet est financé ? (ex Proxichauff : 150300€ financé en 55 secondes)

FLM : Comme nous l’avons expliqué précédemment notre communauté est très active et fidèle car elle sait que les projets proposés sont de qualité. C’est ce qui explique cette rapidité. Mais certains d’entre eux n’arrivent parfois pas à prêter à un dossier car ils ne se trouvent pas derrière leur écran au moment du lancement d’un dossier. Pour résoudre cela, nous mettons actuellement tout en œuvre pour améliorer notre offre afin de satisfaire la demande.

BEL : Voici 5 ans que Look&Fin est née, pouvez-vous nous dresser un bilan de ces 5 années d’activité en Belgique et en France depuis 2 ans ?

FLM : Les chiffres de notre bilan montrent que nous avons enregistré depuis bientôt 5 ans une croissance annuelle de 150%. Nous avons financé 100 PME pour 18 millions d’euros et nous avons offert à nos prêteurs un rendement annuel moyen de 8% net de défaut. Le taux de défaut s’élève quant à lui à 0,7% actuellement. Nous avons réalisé à la fin de l’année dernière une levée de fonds de 3 millions d’euros qui va nous permettre de poursuivre notre développement, continuer à innover et répondre à la demande de nos prêteurs toujours plus nombreux à vouloir souscrire à nos projets.

Nous avons également noué des partenariats stratégiques avec différents organismes et notamment avec l’une des principales banques belges avec qui nous travaillons main dans la main pour trouver des solutions de financements adaptées et complémentaires aux entrepreneurs.

" Un de nos premiers projets français qui avait levé 400 000€ en 24 heures " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Y a-t il des projets financés qui resteront dans les annales de Look&Fin ?

FLM : Oui beaucoup, ils sont tous atypiques à leur manière ! Je peux vous parler de notre premier dossier Le Saint Aulaye, c’est avec cette PME que tout a commencé et que nous avons réussi à convaincre les prêteurs de la première heure.
Ou bien encore Initia Food - une PME française réalisant plus de 20 M€ de CA spécialisée dans l’importation, la transformation, et la commercialisation de graines salées pour apéritif - un de nos premiers projets français qui avait levé 400 000€ en 24 heures et qui a aujourd’hui terminé de rembourser ses prêteurs.

" Nous avons voulu dès le départ être européens " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Comment vous démarquez-vous par rapport à vos concurrents, notamment sur le marché Français ?

FLM : Ce qui fait notre originalité c’est notre approche européenne et la qualité de notre offre. Nous avons voulu dès le départ être européens et proposer à nos prêteurs, quelque soit leur nationalité, de prêter à des entreprises françaises ou belges. J’en ai déjà parlé auparavant, mais la qualité des dossiers proposés n’est pas négociable. De cela, en découle un taux de défaut très bas, des prêteurs fidèles et actifs à la recherche de rendement.
Enfin, nous nous démarquons pas le montant moyen investi par nos prêteurs qui est environ 20 fois supérieur à celui de nos confrères français.

BEL : Comment sélectionnez-vous les entreprises emprunteuses ?

FLM : Pour être éligible à un emprunt sur Look&Fin, les entreprises doivent avoir au moins 3 ans d’historique commercial, réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 600.000€ et disposer d’un EBITDA minimal de 50.000€. Une fois ces conditions vérifiées, nos analystes étudient attentivement les 200 dossiers de demande d’emprunt qui leur sont transmis chaque semaine. Les conditions sont strictes avant la mise en ligne des dossiers.
Un audit est effectué et nos analystes se déplacent pour rencontrer les dirigeants de l’entreprise. Ainsi, si tout se passe « en ligne » pour les investisseurs, il n’en est pas de même avec les emprunteurs…

Les prêts accordés par Look&Fin varient de 100.000 euros à 1 million d’euros. Le taux du crédit varie quant à lui, de 4% à 11% l’an selon la note de risque attribuée (NDLR : de A à E). La durée du prêt varie quant à elle de 6 mois à 5 ans.

BEL : Un financement par le crowdlending reste plus coûteux pour les entreprises. Selon vous, pourquoi ont-elles recours à ce mode de financement ?

FLM : Depuis quelques années, le crowdlending permet aux entreprises de trouver des financements auprès des particuliers. Si les taux d’emprunt sont généralement plus élevés sur les plateformes qu’auprès des banques, ils se justifient par le fait que les prêts consentis via les acteurs du crowdlending sont non garantis. En effet, contrairement aux banques qui exigent quasi systématiquement l’octroi de cautions ou de garanties personnelles, les plateformes structurent quant à elles des prêts exclusivement sur la base du risque crédit des emprunteurs. Ces prêts non garantis facilitent l’obtention de crédits bancaires complémentaires.

BEL : Votre activité est basée en Belgique. Quel(s) argument(s) avancez-vous pour rassurer vos potentiels clients Français (fiscalité) ?

FLM : Même si la plateforme est basée en Belgique, c’est dans le projet dans lequel vous allez investir qui va déterminer la fiscalité. Si vous êtes français et que vous investissez au travers de Look&Fin dans une société basée en France, c’est exactement la même fiscalité que celle d’un prêteur français qui investi via une plateforme française et dans une société française. Si vous investissez dans une entreprise belge c’est la fiscalité d’un investissement à l’étranger qui s’applique. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’ouvrir un compte bancaire en Belgique pour pouvoir prêter.

BEL : En décembre dernier, vous avez réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros ? Quels sont les projets de Look&Fin avec cette augmentation de capital ?

FLM : Oui, nous avons réalisé une levée de fonds de 3 Millions € fin 2016 afin d’accélérer notre développement. Nous prévoyons de doubler notre activité et d’étendre notre activité en Europe avec l’ouverture d’un nouveau pays, la Hollande. Nous prévoyons 150 millions d’euros de collecte à horizon 2018.

" Le marché du crowdlending est le segment le plus actif du financement participatif " : Frédéric Levy Morelle

BEL : Comment voyez-vous l’évolution du Crowdfunding Français, et plus largement Européen ?

FLM : Le marché du crowdlending est le segment le plus actif du financement participatif. Il représente plus de 70% des montants collectés par les plateformes de crowdfunding dans le monde. Ce marché est en plein essor – il est estimé à 55 milliards de dollars dans le monde en 2016 – 1 Milliard d’euros pour l’Europe, 4 Milliards euros pour le Royaume-Uni et enfin 50 Milliards rien que pour les Etats-Unis. Ainsi le marché UK représente 4 fois le marché européen, mais il faut noter qu’il a 3 ans d’avance, idem pour les USA avec un marché 50 fois plus important, mais avec 6 ans d’avance. L’Europe est-elle à la traîne ? Pas vraiment. Les analystes ont noté que la courbe de croissance de l’Europe est en phase avec celle du Royaume-Uni et des Etats-Unis si l’on se positionne 3 ans et 6 ans en arrière. 

Ce marché attire également de plus en plus d’investisseurs institutionnels qui investissent aux côtés des particuliers. A tel point que ce sont ces derniers qui aujourd’hui poussent véritablement ce marché. De belles perspectives à entrevoir donc.



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