Près de trois millions de personnes sont considérées en situation de fragilité bancaire et seules 10 % d’entre elles profitent d’une offre bancaire spécifique adaptée, selon l’Observatoire de l’Inclusion bancaire. L’institution s’inquiète des frais bancaires importants que doivent payer les clients en situation de découvert. Des offres spécifiques à tarifs réduits sont destinées à ces clients fragiles, mais ne rencontrent pas le succès escompté.
Une offre bancaire aux tarifs adaptés pour les plus fragiles
Le dispositif d’Inclusion bancaire a été mis en place en 2014 pour renforcer l’accès aux services bancaires, en faciliter l’usage et prévenir le surendettement. Il s’adresse aux personnes se trouvant en situation de fragilité financière en raison de leur faible montant de ressources. Grâce à ce dispositif, ces personnes doivent pouvoir bénéficier de services appropriés et notamment de tarifs réduits, d’outils pédagogiques favorisant une bonne gestion de leur compte bancaire, d’une autorisation de découvert encadrée, de l’aide d’un organisme tiers indépendant. La création de l’Observatoire de l’Inclusion bancaire et l’adoption de la charte ont marqué une réelle évolution dans le domaine de la banque. Selon cette procédure, tout particulier ou professionnel a le droit d’avoir un compte bancaire. Cela est également valable pour les personnes frappées d’une interdiction bancaire, en situation de surendettement mais également celles inscrites au fichier des incidents de crédit aux particuliers (FICP) ou au fichier central des chèques ou en situation de surendettement (FCC). Les établissements de crédit se sont engagés en faveur de ce dispositif à travers la charte d’inclusion bancaire et de prévention du surendettement.
Dans son rapport annuel publié le 26 juin 2017, la Banque de France constate que ce dispositif doit encore être amélioré. En effet, sur les 2,4 millions de clients des banques en situation de fragilité financière, 1,3 million sont interdits de chéquier suite à l’émission d’un chèque sans provision. La Banque de France remarque également que 500 000 personnes n’ont pas de compte bancaire. Pour permettre à ces personnes d’accéder aux services bancaires de base dans le cadre de la procédure du droit au compte, l’institution a procédé à 67 000 désignations d’établissements en 2016. Le rapport montre que seules 10 % des personnes en difficulté financière disposent d’une offre bancaire spécifique. Pourtant les banques doivent leur proposer une offre adaptée de services bancaires de base à 3 euros mensuels. Autre élément souligné par le rapport : la baisse du surendettement en 2016. Les dépôts de dossiers de surendettement ont baissé de 11 % sur cette période, après une diminution de 6 % en 2015, indique la Banque de France.
Banques en ligne et Fintech offrent des comptes bancaires à tarifs réduits
A coté du dispositif du " droit au compte " offrant aux personnes en situation de fragilité, la possibilité d'ouvrir un compte bancaire assorti de services de base, des solutions proposées par les banques en ligne et des FinTech existent.
De nombreux acteurs innovent et proposent des solutions « sans banque » avec des moyens de paiement ne permettant pas d’autorisation de découvert. C’est par exemple le cas de Compte-Nickel qui propose un compte simple et ouvert à tous. Ce service permet d’ouvrir un compte sans condition de revenus, sans possibilité de découvert ni de crédit, en moins de cinq minutes dans un bureau de tabac.
Ouvrir un compte sans banque est aussi possible avec N26, Anytime, Revolut, Lydia ou encore Sogexia. Pour 5€, il existe le coffret C-zam, proposé par Carrefour Banque. Pour 1€ de frais bancaires chaque mois, les clients disposent d'un compte courant comprenant une carte bancaire sans découvert.
monabanq, qui met "Les gens avant l'argent" au centre de ses préoccupations, propose le compte Tout compris pour 2€ par mois. Avec cette cotisation, les clients bénéficient d'une carte Bleue Visa ainsi que 40 services bancaires en illimité. Les personnes en situation de fragilité bancaire peuvent être accompagnées gratuitement par monabanq à travers son service de coaching bancaire.
Ces acteurs se démarquent donc des banques traditionnelles en permettant en effet aux personnes en difficulté financière de bénéficier d'un compte de paiement associée pour la plupart à une carte prépayée. Les solutions proposées par les startups ainsi représentent aussi une alternative pour lutter contre l’exclusion bancaire.