Mobilité bancaire : quels effets pour la loi Macron ?

Mobilité bancaire : quels effets pour la loi Macron ?

L'entrée en vigueur de la mesure en faveur de la mobilité bancaire en février dernier était censée booster la concurrence. Bien que les petits acteurs revendiquent des mouvements positifs, les effets de la loi Macron semblent relever plus de l'incantation que de la réalité.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 15 Aout 2017

Mobilité bancaire effets

Les transferts de compte bancaire : aucun chamboulement en vue

La couverture médiatique de la mesure Macron portant sur la mobilité bancaire avait fait grand bruit en ce début d’année 2017. Le 6 février devait être le point de départ d’un changement majeur puisque les Français voyaient les formalités pour changer de banque se simplifier. Or, les lignes restent figées si on en croit les dires de Bernardo Sanchez Incera, directeur général délégué de la Société Générale, pour qui la loi « était bienvenue mais, dans la pratique, elle n'a eu que peu d'effets : quelques milliers de comptes ont été déplacés mais il n'y a pas eu de tsunami ni chez nous ni chez nos concurrents ». Ainsi, la Société Générale - et ses réseaux Boursorama et Crédit Mutuel - comptabilise 248 000 nouveaux clients particuliers au cours du deuxième trimestre, soit un score équivalent à ce que l’établissement a enregistré l’année dernière sur la même période.

A titre informatif, Boursorama avait indiqué 16 000 demandes la première quinzaine suivant l’entrée en vigueur de la mesure. Mais le leader de la banque en ligne en France demeure désormais muet sur ces données, s’alignant sur ses concurrents mutiques sur le sujet. Pourtant, les banques en ligne ont appuyé la mobilité bancaire, en faisant un argument de taille pour conquérir de nouvelles parts de marché, dans un secteur bancaire particulièrement atone en la matière. L’Agefi (agence économique et financière) a bien cherché d’en savoir plus mais seule Axa Banque a bien voulu communiquer l’ensemble de ses chiffres. Sur les cinq premiers mois, Axa Banque a totalisé 16 000 clients supplémentaires, ce qui correspond à une hausse de 8 % par rapport à 2016. L’établissement a fait face à 1 300 mandats de mobilité sortants, pour 4 000 mandats entrants. Benoît Grisoni, directeur adjoint de Boursorama, résume : « il n’y a pas de disparités par rapport aux parts de marché moyennes: les grands réseaux sont attaqués. […] Mais les chiffres ne semblent pas encore significatifs. ».

Le changement de banque encore en rodage

Les banques en ligne n’ont pourtant pas ménagé leur peine en offrant à leurs nouveaux clients des réductions spécifiques à l’instar d’Axa Banque et de Fortuneo. D’autres ont opté pour une communication publicitaire sans modifier leurs offres à l’image d’ING Direct ou de La Banque Postale. Mais le slogan d’ING Direct « Changer de banque n’a jamais été aussi facile », seriné sur tous les canaux possibles, a semble-t-il trouvé peu d’écho auprès du grand public. Le Crédit Mutuel Arkéa évoque malgré tout une dédramatisation dans le fait de changer de banque chez la clientèle. La direction commerciale précise enregistrer plus « de mandats signés en agence (…) Lorsqu’un nouveau client souscrit un crédit, lorsqu’un couple a un compte joint dans un autre établissement, nous leur proposons la mobilité. Le mécanisme dédramatise le changement de banque. ».

Quand on creuse un peu le sujet, certains n’hésitent pas à dire que l’instauration de la mobilité bancaire automatique connaît des ratés. Outre le défi technique réel, des difficultés sont apparues avec des cas de figure non anticipés par la loi et des blocages du système. C’est surtout le cas lorsque les clients ont souscrit une obligation de domiciliation de leurs revenus en même temps que leur crédit immobilier. Pour pallier à ce frein, Boursorama a par exemple créé la mobilité à la carte. Seuls certains prélèvements et virements automatiques changent de domiciliation, ce qui a convaincu un tiers des clients sollicitant un mandat de mobilité. Du côté de chez Crédit Mutuel Arkéa, la mobilité partielle séduit à hauteur de 20 %, sa mobilité entrante ayant par ailleurs doublé lors des cinq premiers mois de l’année, comparativement à l’année dernière. Autre écueil : la réticence des banques quittées à transmettre les données correctement aux banques accueillantes. Cela entraine des blocages, souvent incompréhensibles pour le client contraint à réitérer sa demande ou à l'abandonner.

Pourtant, tout porte à croire que la mobilité bancaire devrait s’enclencher : un Français sur cinq susceptible de changer de banque sur les douze prochains mois, un taux de multibancarisation de 20 %, un besoin de transparence et de flexibilité, l'arrivée de nouveaux acteurs. Malgré ces paramètres, les banques en ligne, principales concernées, n’ont pas encore trouvé la solution pour faire bouger les lignes de clients paralysés par l’inertie et par le poids des habitudes.



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