Perspective : les applications de paiement mobile pourraient-elles un jour remplacer les banques ?

Perspective : les applications de paiement mobile pourraient-elles un jour remplacer les banques ?

D'après une étude de Visa, deux tiers des Français utilisent leur téléphone afin de gérer leur argent et leur paiement au quotidien. Les applications de paiement mobile poursuivent leur essor comme l'illustre le déploiement de services de paiement en ligne dans le monde.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 17 Octobre 2017

Perspective : les applications de paiement mobile pourraient-elles un jour

Paiement mobile : ce geste désormais du quotidien

Ce qu'annonçait le cabinet Deloitte l'année dernière sur " le digital qui change le rapport des Français à leur banque est bien confirmé. "La progression des applications de paiement mobile se traduit en chiffres dans l’étude annuelle « Digital Payments Study » pilotée par Visa et publiée en septembre dernier. Gérer ses finances, effectuer une opération bancaire ou payer via son smartphone sont devenus des gestes du quotidien pour 63 % des Français. Les résultats du sondage montrent que 53 % des Français consultent le solde de leur compte via une application bancaire, 62 % utilisent un portefeuille digital, 35 % se disent plus en confiance, sachant que 3 personnes sur 10 n’hésitent pas à transmettre de l’argent à leur entourage en usant d’une application mobile. Pour Gérard Nébouy, Regional Managing Director France de Visa, ces résultats annuels « montrent que le marché français est dynamique, mais qu’il reste encore un potentiel de développement fort dans le commerce en ligne et les applications mobiles ».

L’enquête indique que ce sont les Millennials qui sont les adeptes les plus fervents des applications mobiles bancaires (77 % des 18-34 ans). Comme le reste de la population, le paiement mobile s’appuie sur la consolidation de la confiance à l’endroit de ces technologies. Toutefois, la sécurité et la confidentialité des données demeurent des sujets majeurs : 49 % estiment que la protection des données est essentielle, 62 % se disent inquiets par rapport à la problématique de la cybercriminalité. Notez que la confiance est donnée à la famille (51 %), aux banques (43%) et aux institutions publiques (42 %). Autre information délivrée par l’étude Visa : l’intérêt en faveur des solutions biométriques, à mettre en parallèle avec la question de la sécurité des paiements digitaux. Ainsi, le scan des empreintes digitales et de l’iris est considéré comme un moyen sûr d’authentification pour 71 % des Baby-Boomers et 68 % des Millennials.

Paiement mobile en Afrique : les banques face aux opérateurs téléphoniques

Le smartphone est un support de plus en plus prisé par les banques notamment dans les pays où le taux de bancarisation est faible. C’est typiquement le cas en Afrique où la grande majorité de la population passe par son téléphone mobile pour régler ses dépenses. Ce n’est donc pas un hasard de voir une banque comme la Société Générale lancer en septembre dernier YUP, un modèle alternatif à la banque traditionnelle. YUP constitue une solution de « mobile money », soit une offre de services financiers et transactionnels complète sans que le titulaire ne dispose de compte bancaire. Pour utiliser YUP, l’usager passe par un réseau d’agents tiers tels que les commerçants ou les stations-services dotés de terminaux adaptés. La Société Générale mise sur cette proximité avec pour objectif d’ouvrir un million de portefeuilles digitaux au cours des trois prochaines années.

Pour l’heure, l’offre YUP est lancée au Sénégal et en Côte d’Ivoire où elle compte déjà 30 000 utilisateurs et un réseau de près de 600 agents. D’autres pays subsahariens sont ciblés : Ghana et Cameroun à la fin de l’année 2017, puis Burkina-Faso, Togo et Guinée en 2018. YUP s’adresse à tout le monde, quel que soit l’opérateur téléphonique de l’usager grâce au partenariat noué avec la Fintech française Tagpay, dont la Société Générale est d’ailleurs actionnaire. Cette jeune pousse est à l’origine d’une technologie d’authentification sans contact NSDT plus intuitive que ses concurrentes actuelles. « Nous utilisons une technologie basée sur le son et non l'envoi d'un SMS pour valider les paiements de facture ou l'envoi d'argent », précise Yves Eonnet, directeur général de TagPay.

Service de paiement en ligne : de vastes marchés à conquérir

Ce nouveau mode de distribution de la banque pourrait-il être déployé en Europe et en France ? Alexandre Maymat, responsable de la région Afrique/Asie/Méditerranée et Outre-mer, Banque et Services Financiers Internationaux pour la Société Générale, expose sa vision : « En Afrique, nous devions trouver des modes de distribution moins coûteux car la rentabilité des clients est plus faible qu'en Europe : nos clients n'ont pas d'épargne et des revenus relativement faibles. Désormais ces modèles deviennent aussi très pertinents en Europe du fait de la persistance des taux d'intérêt bas ».

La Société Générale s’inspire pleinement du succès des comptes de paiement mobiles d’Orange Money et M-Pesa en Afrique. Et les exemples d’applications bancaires se multiplient comme Cashway (transactions sur les achats en ligne pour les non bancarisés) et Paycar (transactions sur l’achat de véhicules d’occasion), tous deux vainqueurs du Prix RB Innovation 2016. On peut aussi mentionner TEZ, service de paiement mobile de Google qui part à l’assaut de l’immense marché que représente l’Inde, sans compter les crypto monnaies. De là à remplacer les banques...le match est lancé !



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