Les banques en ligne et la question de la rentabilité de leur modèle économique

Les banques en ligne et la question de la rentabilité de leur modèle économique

Le dynamisme du secteur de la banque en ligne ne doit pas masquer quelques interrogations sur la pérennité de leur modèle économique. Pour dégager des profits, toutes n'adoptent pas la même stratégie. Décryptage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 28 Décembre 2018

Les banques en ligne et la question de la rentabilité de leur modèle économ

Banque en ligne : un modèle économique qui interpelle les autorités

Les banques en ligne et les néobanques ont concentré un tiers des nouvelles souscriptions de comptes en 2017. Boursorama Banque a franchi le seuil de 1,6 million de clients et Nickel vient de passer la barre de 1,1 million. Si Orange Bank a convaincu en une année 200.000 clients, N26 en recense 500.000 en France et Revolut 400.000. Au final, le secteur de la banque numérique toucherait 4,4 millions de clients, soit 6,5 % de la population nationale selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). L’instance s’interroge toutefois sur la viabilité du modèle économique : « Sauf quelques rares exceptions, ces nouveaux acteurs ne sont pas parvenus à dégager des résultats positifs en 2017 ».

Boursorama Banque affiche un produit net bancaire de 161,5 millions d’euros mais des pertes à hauteur de 48,8 millions d’euros. Les concurrents ne font pas mieux : Orange Bank présente un produit net bancaire de 73 millions d’euros et des pertes de 94 millions d’euros, BforBank un produit net bancaire de 34,8 millions d’euros et des pertes de 20,2 millions d’euros, et monabanq un produit net bancaire de 23,2 millions d’euros et des pertes de 8,6 millions d’euros. Fortuneo est la seule banque en ligne qui dénote avec un produit net bancaire de 143 millions d’euros et des bénéfices de 9,3 millions d’euros. De quoi faire dire à l’ACPR que « les incertitudes restent nombreuses quant à la capacité des nouveaux acteurs bancaires à construire un modèle d’affaires rentables. ».

Pourquoi de telles pertes financières pour les banques en ligne ?

Alors qu’elles emmagasinent les souscriptions, comment expliquer de tels déficits récurrents ? Une première réponse est la faiblesse de leur produit net bancaire, plombé par un revenu client annuel limité à 138 euros en moyenne. L’ACPR relève que le ratio de clients inactifs est conséquent (14 %) et que peu en font leur banque principale (23 %). Les banques en ligne distribuent également moins de produits d’équipements souvent plus lucratifs, tandis que leur coût d’acquisition client et leur politique tarifaire agressive réduisent sensiblement leur marge de manœuvre. Ainsi, les offres commerciales et les primes de bienvenue peuvent parfois représenter 24 % du produit net bancaire.

Pour Olivier Arroua, consultant chez Selenis, interrogé par la revue Investir, ce modèle économique déficitaire est provoqué par « une inflation continue des coûts, des marges d’intermédiation très faibles et une guerre des prix ». Le salut de cette fuite en avant vient du fait que les banques en ligne sont des filiales des grands groupes bancaires. Ceux-ci misent donc sur une politique expansionniste pour empêcher une fuite de leur clientèle vers la concurrence. C’est typiquement le cas de Boursorama qui a opéré un recentrage sur l’hexagone. Pour pérenniser leur modèle, les néobanques N26 et Revolut s'appuient sur des levées de fonds pour se lancer à l'assaut de nombreux marchés et faire grossir leur portefeuille client.

Fortuneo, les ingrédients d’une banque en ligne rentable

Fortuneo creuse un autre sillon en misant sur une clientèle plus fortunée et sur une notoriété axée sur des produits d’équipement rentables : le courtage en ligne et l’assurance vie. Le directeur de la filiale en ligne d’Arkéa, Grégory Guermonprez, soulignait : « Fin 2017, nous comptions 670 000 clients, en hausse de plus de 10 % sur un an, avec un encours d’épargne de 22,5 milliards d’euros, en hausse aussi de plus de 10 %, ce qui fait de Fortuneo le n°1 des placements en ligne, avec 30 % de parts de marché. ». L’encours moyen par client s’élève à 30.000 euros contre 18.000 euros chez Boursorama.

La banque en ligne fait aussi la différence avec un taux de clients inactifs bien plus bas que la moyenne (3 % contre 14 %) et une proportion de clients qui en ont fait leur banque principale largement supérieure à la moyenne (50 % contre 23 %). Les néobanques parviennent aussi à être rentables grâce à des structures très légères, une faible campagne de promotion et un accent mis sur l’automatisation. En début d’année, Revolut indiquait être rentable de façon conjoncturelle, tandis que Nickel, racheté par BNP Paribas en 2017, escompte atteindre le seuil de rentabilité cette année.  



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