Situation de fragilité financière en France : marqueur d'une société divisée

Situation de fragilité financière en France : marqueur d'une société divisée

47 %, c'est le pourcentage de Français déclarant avoir eu des difficultés à « joindre les deux bouts » au cours des douze derniers mois selon l'étude du cabinet Audirep pour la Banque de France. Un score qui fait écho à l'actuel climat social.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 17 Avril 2019

47 pourcent des francais en difficultes financieres

Fragilité financière : une césure dans la population française

Les personnes en difficulté financière sont particulièrement nombreuses chez les divorcés (67 %) et les personnes seules avec au moins un enfant à charge (77 %). L’éclatement de la cellule familiale provoque bien une situation de fragilité financière pour les personnes concernées, qui voient leurs anciens revenus divisés et leurs dépenses croître. D’autres découpages catégoriels le confirment : 55 % des personnes ayant rencontré des difficultés sur l’année écoulée sont des femmes, 43 % sont âgés entre 35 et 54 ans et 32 % appartiennent au groupe CSP-. De là à dessiner le profil moyen des personnes qui ont initialement manifesté en faveur d’une hausse du pouvoir d’achat…

Les solutions pour faire face à cette problématique consistent à mobiliser des ressources existantes (88 %), puis à aller chercher des ressources complémentaires (37 %) quitte à emprunter à partir de lignes de crédit existantes (34 %) et même d’aller au-delà de ce qui est autorisé (29 %). Quand on demande aux sondés leurs solutions s’ils étaient confrontés à cette situation de fragilité financière, ceux-ci préconisent de réduire les dépenses (55 %), de mobiliser l’épargne (53 %) ou d’utiliser le découvert autorisé (26 %).

Mobiliser l'épargne disponible ou le découvert bancaire

Là encore, deux approches diffèrent entre les personnes concernées et celles à qui on demande de l’envisager, mais toutes plébiscitent le recours aux ressources existantes. D’ailleurs, un sondé sur trois pense ne pas pouvoir faire face à la perte de son revenu principal au bout d’un mois (contre 20 % plus de six mois). L’arrivée des enfants intensifie cette perception de fragilité : 33 % pour ceux qui n’ont pas d’enfant contre 55 % pour ceux qui en ont plus de deux.

Les Français n’ont pas forcément recours aux découverts bancaires pour résoudre leurs soucis financiers. L’étude montre que moins d’une personne sur dix a été au delà du découvert autorisé au cours des douze derniers mois (8 %). En revanche, un tiers a basculé en découvert bancaire autorisé sur l’année écoulée. Si les inactifs (35 %) et les personnes sans enfant à charge (34 %) sont sous-représentés, ce n’est le cas ni des CSP- (48 %) ni des personnes avec au mois un enfant à charge (49 %).

Un quart de la population avoue même être en découvert plus de huit fois sur l’année (deux fois par trimestre !). Enfin, le rapport indique que 56 % des sondés sont endettés, un tiers d’entre eux (34 %) considérant que le niveau de leur dette est trop élevé actuellement. Parmi eux, nombre de séniors actifs.

Comment les séniors perçoivent-ils leur situation financière ?

Une étude CSA Research pour Cofidis France, publiée au début du mois d’avril, se penche sur le cas des plus de 50 ans. 80 % des répondants perçoivent une baisse de leur pouvoir d’achat sur un an, sept sur dix estimant que ce tableau va se noircir en 2019. Ce ressenti se traduit dans la rue avec un appel des syndicats à manifester pour défendre le pouvoir d’achat des retraités, revenir sur la désindexation des pensions de retraite de l’inflation et sur la suppression de la hausse de la CSG. Il faut dire que, selon le sondage, 80 % des séniors n’ont pas confiance dans l’exécutif afin d’améliorer leur pouvoir d’achat.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) rapporte pourtant qu’en réalité le niveau de vie des retraités est toujours supérieur à la moyenne : 2055 euros par mois en moyenne en 2015, soit 5,6 % de plus que l’ensemble de la population. Un écart constant. La progression du niveau de vie a été de 1,4 % en moyenne entre 1996 et 2010, avec une baisse généralisée entre 2010 et 2015 : -0,5 % pour les retraités contre -2,3 % chez les actifs. Alors pourquoi cette perception de baisse du pouvoir d’achat ? Le sondage CSA Research/Cofidis France invite à distinguer la situation financière des séniors retraités de celle des séniors actifs.

Distinguer les séniors retraités des séniors actifs

La moitié des séniors actifs ne parvient pas à joindre les deux bouts, un tiers affirmant avoir été en découvert bancaire au cours des douze derniers mois. Ils sont 72 % à avoir abandonné un projet personnel ou un achat majeur. Les facteurs de fragilisation financière de cette catégorie de Français sont pluriels et se conjuguent : précarisation sur le marché de l’emploi, enfants à charge plus longtemps et hausse des frais de première nécessité. Ces derniers concernent surtout le logement (450 euros par mois en moyenne), l’alimentation (389 euros) et les impôts (355 euros).

16 % de séniors actifs ont par ailleurs souscrit un prêt à la consommation car ils peinent à épargner. C’est le cas pour leur retraite : 62 % des plus de 50 ans en activité y parviennent contre 74 % pour leurs ainés inactifs. Une des conséquences indirectes mais tangibles de ce constat est le recul des dons des retraités pourtant très engagés. Ils les ont en grande partie suspendus pour des motifs financiers suite à la hausse de la CSG. Ce réflexe s’inscrit dans un recul plus global de la générosité des Français pour des raisons variées, le montant des dons ayant grimpé de 9 % entre 2013 à 2017 avant de dévisser de 4,2 % l’an passé.



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