Taux d'intérêt négatifs : bonne chose pour les particuliers et l'état, moins pour les banques

Taux d'intérêt négatifs : bonne chose pour les particuliers et l'état, moins pour les banques

400 millions d'euros, c'est l'économie budgétaire que va faire l'état français cette année avec la baisse du loyer de l'argent cet été. Les taux d'intérêts négatifs sont également un atout pour les particuliers emprunteurs, moins pour les établissements bancaires et les compagnies d'assurance.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 02 Septembre 2019

Du nouveau pour le marché financier Français

L’état français économise sans effort

En juin dernier s’est produit un basculement notable : le taux de l’obligation assimilable au Trésor (OAT) à dix ans de l’état français est passé dans le négatif (-0,4420 % au 28 août 2019). Les investisseurs payent donc pour posséder des titres de dette de la France. Conséquence : les finances publiques s’en trouvent allégées. La Cour des Comptes évalue cette économie à hauteur de 400 millions d’euros sur le coût de la dette prévue initialement en 2019. Le rapporteur du Budget fait des projections : si la tendance des taux négatifs se maintient, l’économie grimperait à 4 milliards d’euros en 2020 et à 22 milliards d’euros à horizon 2022. De quoi assainir les comptes publics sans efforts !

Une capacité accrue pour les emprunteurs

Du côté des ménages, ce climat est porteur pour les emprunteurs mais moins favorable pour les épargnants. Ces derniers voient en effet la rémunération de leurs économies chuter. Toutefois, le bilan pour les particuliers demeure positif puisqu’ils ont tout loisir de renégocier leurs taux sur leurs emprunts souscrits et ainsi retrouver des marges de manœuvre financières pour consommer. De plus, la baisse des taux indexée sur celle de l’OAT à dix ans qui sert de référence leur permet d’accroître leur capacité d’emprunt. En juillet dernier, l’Observatoire Crédit Logement/CSA chiffrait le taux moyen du prêt immobilier à 1,20 %, tout en relevant que la moitié des souscripteurs profitaient d’un taux inférieur à 1 % sur 15 ans.

Gare à l’envol des prix de l’immobilier

Les ménages ont saisi le message, dopant la production de crédits, un élément qui contribue aussi à la baisse des taux d’emprunt. Mais attention, tout n’est pas rose. Le taux d’endettement des ménages français augmente de concert, atteignant 95 % du revenu disponible fin 2018. L’argent pas cher fait également oublier certaines règles de prudence d’où le risque de formation d’une bulle immobilière. Sur le marché, le bond de la demande entraine une flambée des prix de l’immobilier déconnectés de la logique de marché. Le Haut conseil de stabilité financière a d’ailleurs mis en garde les acteurs « pour éviter des effets de débordement négatifs sur le reste de l’économie ».

Des banques sous pression

En revanche, la baisse des taux a des conséquences négatives sur les entreprises : leur taux d’endettement explose comme celui des ménages et certaines qui devraient faire faillite survivent artificiellement (entreprises zombies). Coincées entre des autorités de surveillance qui les incitent à provisionner et des marges sur les produits de crédit rognées, les banques sont sous pression, ce qui pourrait affecter leur capacité à financer l’activité économique du pays. Les assureurs sont aussi touchés par des taux négatifs qui attaquent leurs produits d’épargne retraite, donc leur propension à servir des taux de rendement attractifs pour leurs clients. Enfin, ce contexte obligataire, associé à la guerre économique entre les États-Unis et la Chine et au risque de récession, favorise les valeurs refuges. Ainsi, l’or, dont le cours a bondi de 20 % sur un an, est particulièrement prisé par certaines banques centrales.



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