Hausse de la commission interbancaire de retrait
Les discussions étaient déjà entamées depuis des mois entre les banques, associées au sein du Groupement des cartes bancaires (GIE CB), et l’Autorité régulatrice de la concurrence, au sujet de la révision à la hausse de la commission interbancaire de retrait. Celle-ci correspond aux frais facturés par la banque qui gère le distributeur de billets à la banque du titulaire de la carte bancaire. Selon Les Echos, un accord aurait été noué, faisant bondir la CIR de 0,57 euros à 0,89 euros depuis le 1e janvier 2020. Une hausse de 56% bienvenue pour les banques de réseaux qui payent pour tous l’entretien, l’alimentation et la sécurisation physique de leur parc de distributeurs automatiques de billets (DAB).
Cette question n’est pas anodine dans le contexte actuel où les grands groupes bancaires cherchent à rationnaliser les coûts de fonctionnement. La fermeture de guichets automatiques fait d’ailleurs l’actualité depuis quelques temps, contribuant pour certains à la désertification des services de proximité, question particulièrement sensible dans les communes rurales. Le GIE CB précise que la CIR n’avait pas été modifiée depuis 2011. A cette époque, le régulateur avait demandé aux banques de baisser cette commission de 20%. L’idée était que cette réduction serait répercutée sur les frais bancaires des clients. Fait contredit par le comparateur Choisir ma banque, qui calculait une augmentation de 6,67% des frais de retraits en DAB hors réseau l’année suivante…
Une répercussion en cascade sur les clients ?
Les banques avancent aussi le coût de la modernisation du parc de 50 000 DAB en France. Ainsi, depuis une décennie, la facture annuelle s’élèverait à 2 milliards d’euros. Surtout, le paysage bancaire a changé avec l’essor des banques en ligne et l’arrivée des banques mobiles. Pourquoi ? Parce que celles-ci promettent la gratuité des retraits dans n’importe quel DAB. Les banques de réseau veulent donc faire payer plus chèrement le service rendu aux Revolut, N26 et autres Orange Bank qui font de cette gratuité un argument commercial de conquête clients.
Quel sera l'impact justement pour le client ? Normalement, cette commission ne concerne que les banques entre elles. Sauf si elles décident de répercuter ce coût sur le client. A ce petit jeu, les banques mobiles sont clairement sous observation. Elles qui attirent par leur gratuité prendront-elles le risque de faire payer les retraits de leurs clients ? Cette problématique renvoie en réalité à l’avenir du cash. Les néobanques, qui misent tout sur la dématérialisation, en valorisant par exemple les cartes de paiement sans contact et les solutions de paiement mobile, ne sont en effet pas sur ce modèle. Reste que les espèces demeurent utilisées par les Français. Du côté de l’autorité de régulation, on insiste sur le fait de suivre « attentivement l’évolution des pratiques dans le secteur bancaire et pouvoir s’autosaisir, ou être saisie, en cas d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles ».
Frais de retraits au DAB hors réseau : tour d’horizon
Cette actualité est l’occasion de revenir sur les tarifs appliqués par les banques pour les retraits d’espèces avec une MasterCard ou une Visa Classique. Sont donc exclues les cartes bancaires haut de gamme et les offres groupées de services payants. Les retraits sont gratuits dans tous les DAB de manière illimitée chez Boursorama Banque, Fortuneo, Monabanq, Axa banque, Bforbank, Orange Bank, Ma French Bank, Allianz Banque et Max (qui refacture les frais éventuels pris par l’exploitant du distributeur).
Chez la concurrence, il faut compter 1 euro par opération pour Nickel (retraits gratuits pour Nickel Chrome), Hello One (retraits gratuits pour Hello Prime), le compte C-Zam et Lydia (300 euros maximum par mois), et 1,50 euro par opération chez Anytime. Les clients de N26 et ING Essentielle ont droit à cinq retraits gratuits par mois, puis se voient facturer respectivement 2 euros et 1 euro par opération supplémentaire (retraits gratuits chez ING Intégrale). Chez Revolut et Monese, l’utilisateur dispose d’une somme de 200 euros à retirer gratuitement, avant de devoir s’acquitter de 2% du montant de la somme retirée.
Enfin, les banques traditionnelles proposent toutes les trois premiers retraits du mois gratuits (deux chez Banque Populaire du Nord, quatre chez Crédit Mutuel, CIC, HSBC et Crédit coopératif), avant de facturer en moyenne 1 euro par retrait hors réseau, avec quelques variations : 1,05 euro chez LCL, 0,85 euro chez la Banque Postale. Il sera donc intéressant de constater l'évolution de ces tarifs au regard de l'information révélant l'augmentation de la CIR.