Banque en ligne : ma banque éthique, c'est possible ?

Banque en ligne : ma banque éthique, c'est possible ?

Même si la crise économique a quelque peu relégué au second plan le thème du développement durable, le sujet de l'éthique dans le monde de la finance, et plus précisément dans la large sphère de la banque de détail, n'est pas devenu une préoccupation mineure pour les Français.
Banques en ligne

Rédigé par Elsa Rédacréa

le 14 Aout 2012

Oui, on peut toujours choisir sa banque sur des critères éthiques. En 2010, une enquête menée par la Sofres à la demande d'un grand groupe bancaire avait montré que près de 40 % des Français ont conscience du rôle des établissements financiers dans l'essor d'un monde durable. Les trois quarts des personnes interrogées souhaitaient que leur banque puisse leur proposer des placements dans des entreprises respectueuses de l'environnement ou éthiques*.
Alors, quels critères retenir pour choisir une banque en ligne plus soucieuse de développement social et durable ? Les ONG qui se sont emparées de la question pointent des thèmes essentiels. Le premier est le soutien aux énergies renouvelables et à la production de biens durables ou éco-conçus : la banque éthique finance activement les activités limitant leur impact sur l'environnement et s'abstient d'apporter prêts et subsides aux industries polluantes, en France ou ailleurs, et aux sociétés ignorant manifestement les droits sociaux de leurs salariés. La banque éthique doit connaître et avoir la volonté de limiter les risques environnementaux et sociaux pour chacun des secteurs à risques dans lesquels son activité de financement intervient (énergies fossiles, chimie, exploitation forestière…). Autre critère d'éthique, la transparence : comment fonctionne l'établissement ou le groupe bancaire, quelles sont exactement ses activités de financement et comment se finance-t-elle ? Au centre du comportement vertueux d'une banque, se tient sa volonté de proposer à ses clients des produits qui vont dans le sens du développement durable et de la solidarité économique : prêt à taux intéressants pour la rénovation écologique, produits d'épargne solidaire etc… Enfin, compte évidemment la politique environnementale propre à l'entreprise : comment la banque limite-t-elle sa consommation de papier, d'énergie, de transports, sensibilise-t-elle ses salariés ?

L'association les Amis de la Terre, qui a mené une enquête poussée sur le sujet dès 2005**, n'est pas tendre dans le rapport qu'elle a rendu public et met à jour régulièrement : seuls deux établissements bancaires « responsables » sortent du lot (la Nef et le Crédit coopératif), sauvés par des objectifs clairement tournés avec le social et par une réelle transparence de leurs activités. Bien conscientes des enjeux en matière d'image de marque, certaines banques ont manifesté leur bonne volonté sous forme d'engagements en faveur des pratiques plus « socialement et environnementalement responsables » au sens large : meilleure information sur leurs activités auprès de leur clientèle, équité renforcée des rémunérations entre hommes et femmes, commissions des commerciaux moins liées aux produits les plus rentables, limitation et contrôle du financement d'industries polluantes. Mais faire preuve de bonne volonté ne suffit pas : il reste à la banque traditionnelle et à la banque en ligne à prouver que cette montre de bonne morale n'est pas qu'affaire de tactique marketing.

Responsabilité sociale et environnementale : des avancées ?

Des obligations de transparence en matière sociale et environnementale doivent s'appliquer à toutes les entreprises : c'est en substance ce que les pouvoirs publics tentent d'ériger en loi depuis une dizaine d'années maintenant. La RSE, responsabilité sociale et environnementale, inscrite dans le marbre du Grenelle II, a vu un décret d'application bien édulcoré sortir, dans la douleur, au printemps dernier. Objet de débats vifs entre l'État, les entreprises et les ONG, il impose notamment l’obligation de reporting social et environnemental à toutes les entreprises, hormis aux PME, et contraint celles-ci à la vérification, par un tiers neutre, des informations publiées. Les points négatifs du texte, soulignés par les ONG, concernent notamment le degré d'exigence différencié selon les entreprises (cotées ou non cotées) la disparition de certains indicateurs sociaux qui figuraient dans la version initiale du texte ; il est encore reproché aux nouvelles dispositions légales de ne pas soumettre à l'obligation de publier des données sociales et environnementales les filiales étrangères des établissements. Vent debout contre ces lacunes, les associations attendent une amélioration du texte récemment publié. En attendant, c'est aux clients de faire leur choix : faute de pouvoir faire bouger des pratiques et des politiques entrepreneuriales, on peut toujours insister auprès de son banquier pour avoir des informations sur les pratiques en cours.

* « Comment les banques peuvent-elles contribuer à construire un monde durable ? Le point de vue des français », enquête HSBC TNS Sofres, 2010
** « Environnement, comment choisir ma banque », sur www.lesamisdelaterre.org


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