Quand les banques se lèvent pour les FinTech

Quand les banques se lèvent pour les FinTech

BPCE, Crédit Mutuel, Axa Banque ou Société Générale : les banques déploient leur stratégie pour profiter des innovations lancées par les Fintech (moyens de paiement, crédit, gestion du patrimoine et de l'épargne, affacturage, etc.). Comment opèrent-elles ? Quelques éléments de réponses à travers plusieurs exemples.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 14 Février 2017

Quand les banques se lèvent pour les FinTech

La BPCE : une stratégie pour un monde digital

Lors de la deuxième édition Paris FinTech Forum qui s’est tenue au Palais Brongniart les 25 et 26 janvier 2017, François Pérol, le CEO du groupe BPCE, explique clairement la position de la banque par rapport aux Fintech : « Nous ne voulons pas avoir une stratégie digitale. Nous avons besoin d’une stratégie pour un monde digital ». Le but de la BPCE s’inscrit dans une volonté d’accroître sa transformation numérique en multipliant les initiatives auprès des jeunes pousses du secteur bancaire.

La banque a confié cette mission à Yves Tyrode en septembre dernier en charge des dossiers « expérience client », « donnée de l’open innovation » et « transformation digitale ». Tous les moyens sont mobilisés pour parvenir à ces objectifs, notamment en formant les collaborateurs au sein d’une digital factory, lieu où sont réunies et concentrées les compétences en matière de développement mais aussi de conception et d’industrialisation. François Pérol évoque la mise en place de « 6 à 7 digital center » dans l’hexagone voire à l’étranger.

La stratégie se structure aussi par l’acquisition de Fintech par BPCE afin d’étoffer le segment recherche et développement de la banque. Cette volonté s’est traduite par les rachats de la cagnotte en ligne Le Pot Commun dès 2015 et, en août 2016, de la « banque entre amis », l’allemand Fidor. Plus récemment, la BPCE a englouti Depopass, solution de chèque de banque digitale, et est entrée en négociations exclusives avec PayPlug, solution de paiement en ligne pour le petit e-commerce. Pour le CEO de Fidor, Matthias Kroene, BPCE est perçue comme un « safe harbor » essentiel au développement capitalistique, alors que pour la banque, « Fidor est une des briques qui va nous permettre de construire notre stratégie pour un monde digital ».

Axa : 150 millions d’euros pour trouver les meilleures startups

Toujours au Paris Fintech Forum 2017, Axa a officialisé l’instauration d’un second fonds de capital-risques, doté d’une enveloppe de 150 millions d’euros. Le géant de l’assurance effectue ainsi un pivot dans sa stratégie puisqu’Axa « avait l'habitude d'investir directement dans des start-up, [alors que] ce nouveau fonds vise à investir dans d'autres fonds, qui eux-mêmes investissent dans des start-up », précise Sébastien Loubry, en charge du marketing et du business développement chez Axa Strategic Ventures (ASV).

Si plusieurs structures sont d’ores et déjà convoitées comme Séquoia Capital, ces fonds ont la particularité d’être spécialisés dans l’accompagnement de Fintechs. ASV a déjà réalisé 25 opérations en deux ans pour un investissement total de 40 millions d’euros. La cible privilégiée : les transferts de technologie. Parmi les exemples concrets, citons l’américain Flyer (analyse prédictive sur les prix des billets d’avion), l’israélien Neura (collecte d’informations de profils utilisateurs via les objets connectés) ou l’italien Floom (éthylotest connecté au smartphone).

Par ailleurs, Axa participe à la croissance de Kamet, « une start-up qui crée des start-up ». Disposant d’une enveloppe de 100 millions d’euros, Kamet s’active sur deux projets en phase de test : un hôpital virtuel et un service digital de maintenance de véhicule. La relation client est un autre pan de réflexion, orienté sur la prévention et l’accompagnement via les technologies d’automatisation type robot-conseillers.

Rachat, prise de participation, investissements directs : les banques sur tous les fronts

La banque Crédit Mutuel Arkéa a racheté, pour plus de 50 millions d’euros, 86 % du capital de la cagnotte en ligne Leetchi en septembre 2015. Cette action était un signe fort dans le plan stratégique Arkéa 2020, d’autant que les synergies ne manquent pas. Le rachat de Leetchi signe aussi celui de MangoPay, établissement de monnaie électrique qui a permis de consolider le partenariat avec Monext, filiale de Crédit Mutuel Arkéa.

Pour la fondatrice de Leetchi et de MangoPay, Céline Lazorthes, cette alliance « témoigne de la complémentarité qui existe entre les FinTech et les établissements traditionnels. Beaucoup de banques avaient essayé de créer un service comme Leetchi, sans y parvenir. Pour que cela fonctionne, il ne suffit pas de connaître le système financier, il faut aussi comprendre les phénomènes de viralité et la dynamique des réseaux sociaux. ». Du côté de la banque, Ronan Le Moal, son directeur, perçoit la FinTech comme « une formidable opportunité de croissance ». Le groupe bancaire breton est déjà investi dans diverses Fintechs comme la plateforme de financement participatif Prêt d’Union, l’agrégateur de comptes bancaires Linxo ou la société de gestion quantitative Vivienne Investissement.

Toutes les banques s’intéressent de près aux Fintech dont l’innovation ne semble avoir aucune limite. Notons par exemple que dans la liste des investisseurs les plus actifs en France, on trouve Le Crédit Agricole (Mimosa, Helpfood, Stokkly, etc.) en troisième position ou la MAIF (Cozy Cloud, SamBoat, TravelCar, etc.) au cinquième rang. D’autres acteurs développent une stratégie différente à l’instar de la Société Générale qui fonctionne non pas par "corporate venture", mais par investissements directs : Fiduceo (agrégateur de comptes bancaires via sa filiale Boursorama), Tag Pay (solution de banque mobile pour l’Afrique), etc. La Société Générale qui reconnaît être « un investisseur débutant dans les startups » cherche à ne pas limiter son action à « une initiative de corporate venture en propre, [mais] privilégie des participations actives dans l'écosystème, avec une présence répartie entre plusieurs lieux et une priorité donnée à la coopération opérationnelle. ».

Avec le foisonnement des innovations et la complémentarité évidente entre les acteurs, l'année 2017 risque de voir se poursuivre cette danse de séduction entre les banques et les Fintechs à un rythme toujours aussi effréné !



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