Crédit immobilier : un marché en surchauffe

Crédit immobilier : un marché en surchauffe

Les taux du crédit immobilier en hausse (+ 1,51 % en mars 2017) ne freinent pas les acheteurs et les investisseurs. Mais leur remontée progressive et la possible fin du PTZ et du Pinel précipitent la dynamique, créant de la tension sur le marché immobilier.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 02 Mai 2017

Crédit immobilier un marché en surchauffe

Des ventes en progression au premier trimestre 2017

Le marché de l’immobilier continue d’afficher une forme éclatante au cours du premier semestre 2017. Par exemple, chez les réseaux immobiliers Century 21 et Guy Hoquet, les ventes ont bondi de 20 %. Pour Century 21, « les conditions bancaires exceptionnelles favorisent l’activité, et l’on observe des durées de financement particulièrement longues pour Paris (20,6 ans en moyenne contre 18,9 ans il y a un an. ». Chez le groupement de professionnels de la gestion de patrimoine, Theresis, le constat est le même : la hausse des ventes dans le neuf grâce au dispositif Pinel a décollé de 42 % pour le mois de mars dernier. Toujours selon le réseau Guy Hoquet, le volume des ventes en 2017 gagne 15,4 % sur l’ensemble du territoire national. Le score est de + 17 % à Paris et + 9,6 % en Ile-de-France.

Une tension entre l’offre et la demande

Cependant, une tension du marché immobilier se constitue entre une demande qui augmente et une offre qui diminue. Résultat : une baisse de 15 % de biens à la vente et une plus grande rapidité dans la décision d’achat (89 jours actuellement contre 95 jours l’année dernière). Un pic d’activité en 2017 est donc anticipé par les acteurs du marché de l’immobilier. L’analyste Renaud Cormier précise que « beaucoup d’investisseurs potentiels qui envisageaient un tel achat sont passés à l’acte, avec la volonté de bénéficier encore des taux bas et de profiter de ce dispositif avantageux avant qu’il ne soit potentiellement remis en cause. ». Jérome Robin, président du courtier en ligne Vousfinancer, souligne que dans le cadre d’un investissement immobilier, la remontée des taux a un impact deux fois moins important que pour l’acquisition d’une résidence principale « grâce à la défiscalisation des intérêts d’emprunt ».

Crédit immobilier : une remontée progressive des taux

En mars, les taux de crédit immobilier sont revenus au niveau de ceux de juillet 2016. Certes, on assiste clairement à leur remontée mais celle-ci reste mesurée. D’après les chiffres publiés par l’observatoire Crédit Logement / CSA, les taux du crédit immobilier sont actuellement de 1,51 % en moyenne toutes durées confondues et hors assurances. A titre comparatif, ils s’établissaient à 1,49 % en février 2017, à 1,38 % en janvier 2016 et 1,34 % en décembre 2016. Plus précisément, les taux de prêt immobilier ont grimpé de 1,57 % dans le neuf et de 1,53 % dans l’ancien. L’observatoire précise que la remontée des taux depuis décembre 2016 « se produit à un rythme comparable sur toutes les catégories de prêts » : + 18 points de base sur 15 ans, 17 points sur 20 ans et 19 points sur 25 ans. Enfin, la moyenne de la durée des prêts attribués en mars est de 209 mois (223 mois pour l’accession dans le neuf et 226 mois dans l’ancien) contre 214 mois en février.

Vers la fin du dispositif Pinel et du PTZ ?

Les investisseurs et les primo-accédants perçoivent la tension sur le marché immobilier ce qui entretient une hausse de la demande. Ils espèrent bénéficier des taux bas actuels en craignant une remontée même si les professionnels se veulent rassurants sur la pente de cette évolution. Ils cherchent également à profiter des avantages offerts par le Prêt à taux zéro et le dispositif Pinel qui devraient s’achever à la fin de l’année. Olivier Bokobza, directeur général du pôle Résidentiel de BNP Paribas Immobilier, abonde en ce sens : « 2017 est une année charnière (…) avec l’arrêt possible du Pinel et du PTZ renforcé à la fin de l’année, les ménages s’empressent de profiter de ces dispositifs tant qu’ils sont là ». Or, les professionnels invitent les politiques à prolonger le Pinel qui dynamise le secteur de l’investissement locatif et le PTZ qui soutient la demande des primo-accédants. Pour le président de Bouygues Immobilier, François Bertière, il serait « suicidaire » de casser ce mouvement et prêche pour la protection d’un « cadre fiscal actuel qui fonctionne », orientant l’épargne privée vers l’immobilier.

Rappelons que les banques conservent la maitrise de leur tarification, malgré la remontée des taux d’emprunt de l’Etat à 10 ans qui servent de référence, et que ceux-ci continuent d’être historiquement bas en 2017.



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