Le prêt entre particuliers existe-il vraiment ?

Le prêt entre particuliers existe-il vraiment ?

Lorsqu'une banque refusait de prêter de l'argent, l'unique recours était de se tourner vers l'entourage. Désormais des plateformes spécialisées en ligne permettent d'emprunter à d'autres particuliers (crowdlending). Le prêt entre particuliers connaît un réel engouement même si la part de marché reste encore marginale.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 18 Juillet 2017

pret entre particuliers

Les atouts et les limites du prêt entre particuliers

L’atout majeur du prêt entre particuliers est la liberté totale de fixer les modalités par les deux parties : taux d’intérêt, régularité des paiements, délai de remboursement, etc. Pour freiner les abus, la Banque de France notifie les taux d’usure, c’est-à-dire les taux d’intérêt maximums envisageables. Le prêt entre particuliers est surtout utile pour tous ceux qui ont été recalés par les banques et autres organismes de crédit, ou pour ceux qui jugent le coût de l’emprunt trop élevé. Sont donc concernés aussi bien les particuliers, les ménages mais aussi les entrepreneurs qui n’ont pas la possibilité de présenter de solides garanties. Quant aux particuliers prêteurs, ils sont incités à placer leur épargne afin de récupérer des taux d’intérêts plus élevés que les livrets bancaires classiques ou les assurances-vie.

Toutefois, certains facteurs favorisent le bon fonctionnement du crowdlending. Les emprunteurs, dont le profil est jugé risqué (les interdits bancaires, les dossiers passés auprès de la commission de surendettement), ne peuvent pas s’inscrire sur les plateformes en ligne ou ne reçoivent tout simplement pas de financement à cause de la méfiance des prêteurs. Les particuliers doivent veiller à passer par des plateformes connues et habilitées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de régulation (ACPR). Enfin, il est possible que le remboursement ne se fasse pas. Dans ce cas, les prêteurs perdent tout ou partie de leur somme investie.

La déclaration des prêts entre particuliers

Les prêts entre particuliers doivent être déclarés à l’administration fiscale dès que leur montant dépasse 760 €. En deçà, la rémunération est libre dans la limite des taux de l’usure. La déclaration au fisc nécessite de joindre un formulaire à la déclaration des revenus. Cette procédure est également obligatoire pour les personnes qui ont consenti ou obtenu plusieurs prêts d’un montant égal ou inférieur à 760 €. Il s’avère donc inutile de fractionner les prêts pour espérer passer outre la déclaration fiscale. En ce qui concerne les prêts avec intérêts, ces derniers doivent également être déclarés sur la déclaration annuelle de revenus. Enfin, pour les prêts supérieurs à 1 500 €, une reconnaissance de dette est impérative.

Si jamais la personne se soustrait à la déclaration fiscale, elle est punissable d’une amende fiscale à hauteur de 150 €, peu importe le montant du prêt. Il faut noter que le don est soumis aux droits de donation au taux de 60 %. A ces droits s’ajoutent des intérêts de retard, dont le taux est fixé à 4,80 % par an, et des pénalités pour absence de déclaration. Et, qu’en est-il du prêt à taux zéro entre amis ou entre membres d’une même famille ? Ce cas de figure est parfaitement envisageable, en sachant que le taux à appliquer comporte des seuils à respecter qui sont établis par le cadre législatif.

Les plateformes de crowdlending : un succès à confirmer

D’après les données collectées par le site Crowlending.fr, le marché du prêt entre particuliers poursuit son essor. La croissance des montants financés, sur les 4 premiers mois de l’année 2017, est de 32 % par rapport à l’année dernière sur le même laps de temps. Dans le TOP 10 des plateformes de crowdlending qui collectent le plus, Lendix se détache largement avec 13,4 millions d’euros prêtés. Suivent Credit.fr (4 millions d’euros), Lendosphère (2,8 millions d’euros), Unilend (2,3 millions d’euros), Look&Fin (2,0 millions d’euros), Lendopolis (1,3 million d’euros), WeShareBonds (1,0 million d’euros), PretUp (940 000 euros), Bolden (677 000 euros) et Prexem (475 000 euros). Quant aux taux moyens d’intérêts, PretUp est à 8,27 %, puis Lendopolis (8,24 %) et Bolden (7,95 %).

Si certains acteurs ont connu des déboires à l’image du pionnier Lending Club, aux États-Unis, d’autres profitent de projets finançables de niche. C’est le cas de Kickstarter qui finance des projets issus du monde de la musique, des jeux, de la mode ou encore de l’artisanat. Récemment, c’est le secteur de l’édition qui bénéficie du prêt entre particuliers. Depuis, 2009, l’édition, la bande dessinée et le journalisme ont produit 17 435 projets financés. En 2016, sur Kickstarter, le montant du prêt dans l’édition est de 100 millions de dollars, tandis que le taux de réussite atteint 30,42 % pour les lanceurs de projets.

En respectant les règles de déclaration fiscale et en étant attentif à la nature des projets et au sérieux des plateformes, le crowdlending est une opportunité pour les épargnants comme pour les emprunteurs.



Articles les plus consultés

Patrimoine
Construire son patrimoine
L'actualité patrimoine