Pourquoi les projets des banques mobiles prennent du retard ?

Pourquoi les projets des banques mobiles prennent du retard ?

Annoncés en grande pompe, les projets de banques mobiles d'Orange Bank et de La Banque Postale restent pour l'heure en phase de test. Entre vitesse et précipitation, ces acteurs n'ont pas toujours mesuré la complexité technique et commerciale du lancement d'une banque mobile.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Aout 2017

pourquoi projets des banques mobiles retard

Orange Bank : une offre accessible au second semestre 2017

Initialement prévu le 6 juillet 2017, le très attendu lancement d’Orange Bank a finalement fait " pschitt ". Le PDG Stéphane Richard a officialisé, dans un entretien donné à Paris Match, le prolongement de la phase de test. Celle-ci est déjà active depuis la mi-mai auprès de 1 000 utilisateurs tous salariés de l’opérateur. Mais les tests ont présenté de nombreux bugs qui n’ont pas pu tous être résorbés. Ils ne répondent donc pas aux exigences de fiabilité et de qualité escomptées par Orange.

En réalité, le lancement d’Orange Bank devait se faire au début de l’année 2017, notamment pour bénéficier de l’entrée en vigueur de la mesure Macron le 6 février sur la mobilité bancaire. Dans ce but, l’opérateur avait ainsi acté le rachat de Groupama Banque dès mars 2016. Or, cette intégration entre les deux entités n’est pas si facile, les deux développant leur propre offre et leur propre informatique. Par ailleurs, les offres respectives contenaient déjà « des difficultés intrinsèques » comme l’affirme Philippe Auther, responsable du secteur banque chez Kéa & Partners. Il a fallu abattre un travail conséquent de « rationalisation et de simplification de l’offre [sachant que] Groupama Banque avait créé énormément de produits harpons, parfois peu rentables, afin de fidéliser la clientèle assurancielle de Groupama. ».

Philippe Auther s’interroge aussi « sur l’intégration chez Orange » et sur le choix à faire entre l’autonomie prônée du parcours client à travers la digitalisation des services et le rôle des agences du réseau physique de l’opérateur dans lesquelles des commerciaux ont été formés. Cette question doit être tranchée notamment pour le service après-vente qui navigue entre « faire appel au réseau physique et rediriger les clients vers les interfaces numériques comme l’outil IBM Watson ». Le lancement d’Orange Bank a donc été repoussé une seconde fois à une date censée être précisée en septembre prochain, à l’image de ce qui s’est produit pour La Banque Postale.

L’offre mobile first de la Banque Postale à l’automne 2018

Évoqué en 2016, le projet de l’offre bancaire mobile first sous marque distincte de La Banque Postale devait être lancé au début de l’année 2017. Face au retard accumulé, l’établissement a dû rétropédaler et repousser à l’automne 2018 l’ouverture de son offre bancaire 100 % mobile au grand public. Sans doute que l’arrivée d’Orange Bank – qui n’a finalement pas encore eu lieu - a joué sur ce report d’un an et demi. D’abord envisagé avec un partenaire (le nom de l’ex-France Télécom a été évoqué), le lancement devrait s’effectuer sans recours.

L’offre bancaire de La Banque Postale semble se positionner entre Orange Bank et Compte Nickel, c’est-à-dire une banque du quotidien sur mobile avec un paiement entre particuliers et une gestion des finances personnelles plus faciles. La Banque Postale vise un public jeune, âgé de moins de 35 ans, plutôt urbain, actif et évidemment connecté. Ce profil ne correspond pas vraiment à son cœur de clientèle (10,8 millions de clients particuliers actifs). L’objectif est d’atteindre plus d’un million de clients à l’horizon 2025. Et, la concurrence n'attend pas puisque Compte Nickel, racheté par BNP Paribas, apparaît déjà comme le « compte sans banque » plébiscité par le public (un demi-million d’utilisateurs).

La néobanque marche déjà sur les plates-bandes de La Banque Postale, en s’invitant dans le champ de l’inclusion bancaire (offre aux personnes en situation de fragilité financière), chasse gardée de la filiale de La Poste. Celle-ci rappelle d’ailleurs qu’elle « est la seule banque française à s’être vu reconnaître la mission d’accessibilité bancaire par la loi. ». Le succès du Compte Nickel révèle une faille chez les établissements bancaires, dont La Banque Postale qui s’engage à appliquer « une politique tarifaire raisonnable » mais pas forcément la moins chère. Les banques en ligne sont à ce sujet autrement plus avantageuses. Et d’autres néobanques emboitent le pas, à l’instar de N26 et ses déjà quelques 30 000 clients en France.

Malgré ce retard à l’allumage et la concurrence qui grossit, les mastodontes que sont Orange et La Poste disposent néanmoins d’atouts majeurs comme le maillage territorial de leurs réseaux et leur catalogue clients. De quoi leur permettre de fourbir leurs armes un peu plus longtemps afin de présenter une offre bancaire mobile ficelée, limpide et adaptée à la clientèle visée.



Patrimoine
Construire son patrimoine
L'actualité patrimoine