Kakao bank et Orange Bank : 2 acteurs aux stratégies différentes ?

Kakao bank et Orange Bank : 2 acteurs aux stratégies différentes ?

Kakao bank et Orange Bank : deux acteurs issus d'un domaine étranger au secteur bancaire lancent leur offre de banque en ligne dans deux pays différents. L'occasion de revenir sur les stratégies adoptées par ces banques mobiles pour atteindre leurs objectifs.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 15 Novembre 2017

Kakao bank et Orange Bank

Kakao Bank : le succès qui peut ravir Orange Bank

Provenant de l’univers des télécoms et d’Internet, Kakao Bank s'impose comme la première banque en ligne implantée en Corée du Sud. Ouverte au grand public le 27 juillet 2017, la banque mobile revendique près de 4 millions de clients en deux mois seulement. Il faut souligner que Kakao Bank est la filiale de Kakao, un fournisseur de messagerie dont raffolent les habitants de la péninsule : 42 millions d’utilisateurs pour 50 millions de Sud-Coréens !

Dès son lancement, le succès a été immédiat puisque Kakao Bank a accordé un quart des crédits à la consommation au mois d’août sur l’ensemble du crédit distribué par les 19 autres banques du pays (401 millions d’euros). Ces scores sont en grande partie obtenus par une politique de taux très agressive, dépôts et crédits confondus. Kakao Bank s’applique aussi à booster la rémunération des dépôts : 2 % contre 1,3 % pour une somme minimale de 7 500 €. Et la concurrence souffre : seule autre banque en ligne en Corée du Sud, KT-bank n’a conquis que 500 000 clients depuis son lancement en avril 2017.

Main basse sur les données des clients

Le pure player cultive une image attractive envers une population hyperconnectée. Surtout, Kakao Bank absorbe énormément de données de ses clients grâce à de nombreux services : la messagerie, l’application bancaire, l’assistant personnel, les jeux mobiles et les réseaux sociaux via un partenariat avec le géant chinois Tencent, le commerce en ligne en accord avec eBay qui possède les deux leaders nationaux du secteur (Gmarket et Auction), etc. La banque mobile est par exemple capable de connaître la solvabilité de ses clients pour concevoir une offre de crédit aux taux adaptés.

Les données : voilà le sillon qu’espère bien creuser Orange pour devenir un acteur qui compte dans le secteur de la banque mobile et dans le secteur bancaire tout court. Si Orange Bank calque son approche sur le modèle des néobanques (tarifs avantageux, chatbot baptisé Djingo, paiement mobile, etc.), la maison mère n’exige aucune obligation de rentabilité à court terme : 400 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2018 et 2 millions de clients à l’horizon d’une décennie.

Mais ce sont bien les données qui sont ciblées et la question de leur concentration qui est soulevée. Car Orange est un acteur majeur sur des marchés stratégiques qui va lui permettre d’engranger et de croiser moult renseignements : navigation fixe ou mobile, géolocalisation, dépenses et revenus. Donc de personnaliser à terme ses offres bancaires par exemple lors des moments clés d'une vie quand la mobilité bancaire atteint un pic (achat immobilier, mariage, naissance, succession, etc.). Exactement la stratégie utilisée par Kakao Bank. En 10 jours, Orange Bank revendique déjà 30 000 clients.



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