Le livret A coûte cher aux banques françaises

Le livret A coûte cher aux banques françaises

Le gouvernement planche pour trouver un compromis sur le calcul du taux du livret A susceptible de satisfaire organismes HLM, Caisse des Dépôts et Consignations, et banques françaises. Et il a tranché : celui est gelé à 0,75 % jusqu'au 31 janvier 2020 !
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 06 Décembre 2017

Le livret A coûte cher aux banques françaises

Épargne réglementée : coup de froid pour les banques

Basé sur l’inflation, le calcul du taux du livret A pose problème. En effet, l’inflation s’éloigne des taux du marché, eux-mêmes lestés par le contexte de taux bas imposé par la Banque Centrale Européenne. Les organismes HLM dont le financement puise dans les fonds du Livret A sont clairement défavorisés. Du côté des banques françaises, l’optique est de se débarrasser d’un produit d’épargne dont la rentabilité s’étiole. Leur solution : remettre leurs avoirs à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Celle-ci s’en est inquiétée, craignant de voir « affluer d’un coup 120 milliards d’avoirs ».

Le gouvernement est donc intervenu par un amendement au projet de loi de finances 2018 interdisant aux banques de transmettre plus de 60 % de leurs avoirs du Livret A à la CDC. Cette lutte consiste à limiter pour chaque partie la dégradation des résultats et des fonds propres. Finalement, les banques françaises s’apprêtent à récupérer le coût de la rémunération de 40 % des dépôts des Livrets A et LDDS dans leurs bilans, dans une période de 2 à 10 ans. Cela risque de coûter cher à plusieurs établissements qui plaçaient jusqu’alors leurs avoirs à 100 % (Crédit du Nord, LCL, BNP Paribas...).

La Banque Postale la plus affectée...et les ménages un peu aussi

A ce titre, la Banque Postale, actrice historique de la collecte de Livret A en France, est la plus embarrassée. On estime à 27 milliards d’euros la somme boomerang et un coût évalué à plusieurs millions d’euros. Replacer les liquidités à des taux de marchés supérieurs à 0,75 % s’avère compliqué. Par exemple, le taux d’emprunts d’État à 5 ans est inférieur à ce seuil de rémunération des épargnants. Le gouvernement, qui cherche à flécher l’épargne vers le financement de l’activité économique, exige par ailleurs que 75 % des sommes reversées servent au développement des PME sous forme de prêts. Il est évident que La Banque Postale est devant une impasse.

Toutefois, les banques françaises ne seront pas sanctionnées jusqu’en 2019 en cas de non respect de cette obligation. Mais, alors qu’elles attendaient la révision de la formule du calcul du taux de livret A, le gouvernement a publié un arrêté ce samedi 02 décembre le fixant à 0,75 % sans possibilité de le recalculer avant le 1er février 2020. Si les bailleurs sociaux ont été entendus, les banques savent désormais à quoi s’en tenir. Quant aux ménages, étant donné le niveau d’inflation attendu pour 2017 (1,1 %), leur pouvoir d’achat sur le capital de leur livret A recule de 0,35 % (soit 80,325 € de perte de pouvoir d'achat pour un livret A qui a atteint son plafond de 22 950 €). Et le niveau d'inflation devrait perdurer, voire augmenter en 2018...



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