Mandat de mobilité bancaire : peu d'effets et des freins qui persistent

Mandat de mobilité bancaire : peu d'effets et des freins qui persistent

Depuis le 5 août dernier, le dispositif de mobilité bancaire est applicable outremer. C'est l'occasion de revenir comme le fait le magazine Investir sur le bilan de la mesure Macron entrée en vigueur le 7 février 2017 en métropole. Succès ou flop ? Réponses.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 14 Septembre 2018

Mandat de mobilité bancaire : peu d

Changer de banque pour réduire ses frais bancaires

C’est un fait, les Français changent peu de banque notamment quand on fait une comparaison avec les voisins européens. Le taux d’attrition est régulièrement scotché autour de 4,5 %. Pourtant, les pouvoirs publics tentent, depuis 2005, avec la gratuité des clôtures des comptes courants de faire bouger les lignes. L’idée sous-jacente est de faciliter le changement de banque en faisant jouer la concurrence pour réduire les frais bancaires. D’ailleurs, les particuliers qui ont choisi de changer d’établissement bancaire l’ont fait à cause de la hausse des tarifs ou de la constatation de tarifs trop élevés (11 %).

Les frais bancaires annuels moyens en 2017 s’élevaient à 193,80 euros, soit une augmentation de 1,7 %. Très agressives sur leur grille tarifaire, les banques en ligne captent de plus en plus de clients qui y trouvent justement des coûts moindres, avec notamment la gratuité des frais de tenue de compte ou de l’accès à une carte bancaire. Toutefois, le principal motif ayant incité les usagers à changer de banque est l’obtention d’un crédit (15 %). Sont également citées comme explications une mauvaise relation avec un conseiller bancaire (7 %) et un déménagement (3 %).

Mobilité bancaire : des délais à respecter depuis février 2017

Le mandat de mobilité bancaire a permis une avancée importante : l’encadrement des délais. Car auparavant un particulier pouvait déjà changer de banque facilement. De nombreux établissements, notamment les banques en ligne soucieuses de faciliter la vie d’éventuels prospects dans leur démarche, proposaient un service d’accompagnement assez complet. La banque quittée devait déjà délivrer un document récapitulant l’ensemble des opérations récurrentes automatiquement réalisées au cours des 13 derniers mois. Et la banque d’arrivée devait se proposer pour prendre en charge les opérations liées au transfert comme prévenir les créanciers de la modification des coordonnées bancaires.

Désormais, le tempo de la procédure est réglementé. La signature du mandat de mobilité accompagnée de la remise de l'ancien RIB donne le coup d’envoi. La nouvelle banque dispose de 2 jours pour demander à l’ancienne banque les informations nécessaires au transfert des opérations récurrentes. Celle-ci lui transmet sous 5 jours. La nouvelle banque liste au client les émetteurs à contacter, les virements permanents émis et les chèques non débités au cours des 13 derniers mois. Elle délivre sous 5 jours les nouvelles coordonnées bancaires aux différents interlocuteurs, qui disposent de 10 jours pour signaler au client la prise en compte du changement.

1,2 millions de demandes traitées la première année

Sur la première année, la Fédération bancaire française recense 1,2 million de demandes de mobilité. Ce bilan est indéniablement mitigé. Sur 80 millions d’ouvertures de comptes bancaires dans l’hexagone, seuls 1,5 % auraient bénéficié du dispositif de mobilité bancaire sachant que le taux de bancarisation en France est de 99% ! En avril 2018, le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) notait que sur les 9 % de Français ayant changé de banque depuis le 1er septembre 2017, seuls 7 sur 10 se sont vu proposer le service d’aide à la mobilité bancaire, 80 % l’ayant souscrit.

Le taux de satisfaction de 56 % révèle des mécontentements. 22 % expliquent que certaines opérations n’ont pas été transférées, et 14 % évoquent des lenteurs, blocages et retards. Des freins perturbent la procédure car seul le compte courant est concerné. Le client est livré à lui-même pour le transfert des produits d’épargne bancaire et financière, sans compter l’impossibilité d’activer ce service pour l’assurance-vie. Enfin, depuis janvier 2018, le prêt immobilier bride encore plus la volonté des usagers de changer de banque. L’établissement prêteur peut imposer la domiciliation des revenus pendant 10 ans, en contrepartie de conditions d’emprunt avantageuses.

Notez que, si un décret paru le 5 août dernier rend applicable le dispositif de mobilité bancaire pour l’outremer, les Polynésiens devront patienter jusqu’au 1er juillet 2019 pour le solliciter au moment de changer de banque.

Pour aller plus loin

Tout savoir sur les démarches pour changer de banque facilement en 3 étapes



Articles les plus consultés

Patrimoine
Construire son patrimoine
L'actualité patrimoine