Pas d’amélioration en vue pour les banques françaises
68 %, c’est le ratio coûts/revenus actuel des banques françaises, un score qui s'élève à dix points au dessus de la moyenne européenne d’après les conclusions de l’étude menée par S&P Global Ratings. En cause, les coûts de fonctionnement qui sont trop importants mais aussi des revenus en berne. Résultat : l’agence annonce « peu de perspectives d’amélioration » dans un avenir proche. Par ailleurs, Nicolas Malaterre, directeur senior chez S&P Global Ratings, a précisé, lors de la conférence de presse annuelle de l'agence de notation du jeudi 10 janvier, s’attendre « au mieux à une stabilisation du produit net bancaire qui dépendra du rythme de remontée des taux ».
Entre plans de réduction des coûts et investissements obligatoires
Pourtant, les grands groupes de banques traditionnelles françaises n’ont cessé d’aligner des plans de restructuration afin de faire baisser leurs coûts de fonctionnement. De simples effets d’annonce ? Non mais les retombées positives de ces ambitieux plans d’économies souffrent des investissements importants effectués simultanément pour répondre notamment à l’accélération de l’évolution de la réglementation ou à l’urgence d’opérer la transformation numérique. Les gains décrochés d’un côté ne couvrent pas les dépenses exigées de l’autre. Comparativement à leurs homologues européennes, les banques françaises doivent aussi gérer une implantation plus large des réseaux d’agences, tout en ayant entamé la dématérialisation de leurs services bancaires plus tardivement.
Un contexte des taux bas qui plombe les marges de manœuvre
Les banques françaises pâtissent également d’un contexte des taux bas toujours actif, la Banque centrale européenne prévoyant de relever ses taux directeurs en milieu d’année sans certitude. Dès lors, les revenus issus des activités de crédit sont réduits et les bilans des établissements bancaires cumulent de nombreux prêts peu rémunérateurs. S’ajoute l’arrivée de nouveaux acteurs comme les néobanques et les Fintechs qui concurrencent les banques traditionnelles. Celles-ci s’adaptent en baissant leurs taux pour continuer de séduire de nouveaux souscripteurs faisant dire à Nicolas Malaterre que « la capacité à augmenter les commissions sera probablement plus attaquée du fait de la concurrence ».
Une concurrence accrue et des valeurs d’actions qui dévissent
D’autres activités rémunératrices sont attaquées par la concurrence à l’instar de l’assurance et de la gestion d’actifs. L’exigence de transparence des grilles tarifaires a également joué en défaveur des banques de réseau. Ces paquebots peinent à suivre ces nouveaux acteurs du numérique très flexibles, en perpétuelle adaptation. Mis bout à bout, ces éléments créent un climat de pression provoquant un désintérêt des investisseurs en bourse pour les banques françaises. Si le CAC 40 a reculé de 10,95 % en 2018, ce score négatif est nourri par la chute de la valeur des actions des banques, en premier lieu desquelles BNP Paribas (-36,6 %) et Société Générale (-35,3 %).
BNP Paribas et Société Générale : un début d’année maussade
Et le début d’année n’est guère convaincant pour les deux banques citées. Selon l’agence Bloomberg, BNP Paribas aurait subi une perte de 80 millions de dollars aux États-Unis, tandis que l’accord avec l’allemand DWS dans les métiers de titres est finalement annulé. Ce deal aurait permis à la banque de la rue d’Antin de décrocher 240 milliards d’euros d’actifs supplémentaires en conservation. Le 17 janvier, c’est au tour de la Société Générale d’anticiper une baisse de 20 % de ses revenus dans ses activités du marché au quatrième trimestre 2018 pour cause de volatilité. Dans cette période mouvementée, BNP Paribas sera la première à communiquer ses résultats annuels le 6 février prochain.