Société Générale : nouvelle baisse des effectifs prévue d'ici 2023

Société Générale : nouvelle baisse des effectifs prévue d'ici 2023

Le malaise du secteur bancaire est palpable. Nouvel élément : la suppression envisagée de 530 postes par la Société Générale. Taux bas, transformation numérique, contraintes réglementaires : partout en Europe, les groupes bancaires cherchent à réduire leurs coûts. Décryptage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 27 Septembre 2019

Baisse des effectifs société générale

Société Générale : 530 postes en moins à venir dans la banque de détail

Vendredi 20 septembre se tenait une réunion entre les organisations syndicales et Marie-Christine Ducholet, la nouvelle directrice de la banque de détail de la Société Générale en France. La Direction de la banque a fait savoir que cette réunion entrait dans le cadre de rencontres régulières avec « les organisations syndicales pour échanger sur les enjeux et la stratégie des différentes entités du groupe, dans le cadre du dialogue social instauré depuis des années et qui va au-delà des processus d’information et consultation ». Si aucun ordre du jour n’était précisé, le sujet de la transformation en cours au sein du réseau était un secret de Polichinelle. Résultat des courses : la division de la banque de détail France (BDDF) a annoncé vouloir assécher ses effectifs à horizon 2023.

Ce sont donc 530 postes qui sont ciblés, dont 170 emplois au siège de la Société Générale, et 360 dans les activités de back-office, d’après les organisations syndicales. En outre, l’établissement a décidé la fermeture des Centres de services de Viry-Châtillon et de Saint-Quentin avec une répartition de leurs activités vers d’autres centres en France. Parallèlement, un nouveau Centre de services ouvrira à Arcueil. Cette décision intervient cinq mois après que la Société Générale ait validé 500 millions d’euros de réduction de coûts et la suppression de 1600 postes (750 en France), majoritairement dans la banque de financement et d’investissement (BFI). Cette nouvelle coupe dans les effectifs renvoie au plan stratégique de l’établissement, qui actait la suppression de 3450 postes entre 2016 et 2020, et la réduction de son réseau de 2000 à 1700 agences bancaires.

Des banques qui cherchent à réduire leurs coûts

La Société Générale pâtit d’une valorisation moindre par rapport aux autres banques européennes. Son président, Frédéric Oudéa, cherche donc à rassurer les investisseurs par la concrétisation d'une politique de réduction des coûts. Payant : les annonces suivant la réunion ont été accompagnées d’une progression du titre en bourse de 0,87 % (26,22 euros). Le plan de transformation s’attèle aussi à spécialiser les agences (particuliers, entreprises, professionnels), occasionnant des fermetures et des réorganisations d’agences, mais aussi des créations de centres d’affaires et d’« espaces pro ». Les activités de back-office sont désormais concernés par cette spécialisation (crédit aux particuliers, financement des entreprises, flux, etc.). La Société Générale envisage également de faire des économies en rationnalisant les systèmes informatiques (fusion des trois actuellement utilisés). Enfin, selon Bloomberg, la banque a missionné le cabinet de conseil Bain pour diminuer les coûts du siège de 600 millions d’euros.

Les activités de banque de détail sont confrontées à plusieurs défis : des taux négatifs qui rognent les marges d’intermédiation, d’onéreux mais nécessaires plans de transformation numérique et des contraintes réglementaires toujours plus copieuses à digérer. Et l’actualité de la Société Générale n’est que la copie conforme de celle des autres grands groupes bancaires français et européens. Ainsi, BNP Paribas réfléchit à supprimer 20 % des effectifs de sa filiale de conservation de titres dans l’hexagone (100 emplois d’ici à 2021). La branche belge, BNP Paribas Fortis, décidait au printemps la suppression de 2200 postes d’ici à 2022 et la fermeture de 4 agences bancaires sur 10. Même trajectoire en Italie où le groupe bancaire cherche à se délester de 1500 collaborateurs à horizon 2021 via un plan de départs anticipés à la retraite.

44 000 postes en moins annoncés dans la banque en Europe

En Allemagne, Commerzbank a choisi d'élaguer dans ses effectifs (-4300 emplois dans le monde) et dans son réseau (-200 agences), après avoir opéré, entre 2016 et 2020, un plan de réduction de 9600 postes. Sa concurrente nationale, Deutsche Bank, prévoit 18 000 emplois en moins d’ici 2022, après avoir supprimé 6000 postes l’an passé. Le géant HSBC veut s’alléger de 4000 emplois, tout en voulant se débarrasser de sa filiale française dans l’activité de banque de détail, qui pèse 800 000 clients, 2 % de parts du marché, 8000 collaborateurs et 264 agences (la moitié en région parisienne). Au Royaume-Uni, Barclays a indiqué avoir supprimé 3000 postes au cours du deuxième trimestre 2019, sur fond de Brexit sans accord. En Espagne, Santander a procédé à la suppression de 3200 emplois, quand CaixaBank annonce un plan de départs volontaires d’ici fin 2020 (2000 postes concernés).

En tout, ce sont 44 000 postes qui vont disparaître dans le secteur bancaire européen, en ne tenant compte uniquement que des annonces émises cette année. Le cas de la Société Générale n’est donc pas singulier, même si Philippe Heim, directeur générale délégué, le concède « la rentabilité est moindre qu’auparavant, les vents sont moins porteurs », mais rappelle que le groupe « continue de gagner des clients ». Si les relais de croissance sont notamment en Europe de l’Est (République Tchèque, Russie et Roumanie), la banque en ligne ne démérite pas. La filiale en Boursorama Banque vient d'annoncer avoir franchi le seuil des 2 millions de clients, devançant d’un an cet objectif.



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