Commerzbank s'attaque aux comptes inactifs et aux épargnants fortunés

Commerzbank s'attaque aux comptes inactifs et aux épargnants fortunés

Plombée par la politique durable des taux bas, la banque allemande veut réduire ses coûts pour dégager des marges de manœuvre. Coupe dans les effectifs, fermeture d'agences, priorité aux clients rentables, taxation des épargnants, vente d'actifs : tout est bon pour retrouver de l'air.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 03 Octobre 2019

Commerzbank souhaite faire des économies

L'équation Commerzbank : des coûts supérieurs au rendement

Dans son plan stratégique « Commerzbank 5.0 », dévoilé le 27 septembre dernier, devant les analystes financiers, la deuxième banque allemande a indiqué ne plus anticiper de progression de ses revenus « sous-jacents » cette année. Commerzbank a d’ailleurs établi de nouveaux objectifs de rentabilité des fonds propres tangibles à 4 % en 2023, contre moins de 3 % au cours du premier semestre 2019. Une cible éloignée des 6 % souhaités pour 2020, au début de l’année.

La politique des taux d’intérêt bas assumée par la Banque centrale européenne pèse sur le secteur bancaire européen, notamment en Allemagne. Actant une baisse de ses recettes, Commerzbank pâtit d’un modèle peu rentable qui dépend en grande partie de la transformation de dépôts en crédits. Plus généralement, comme sa concurrente Deutsche Bank, les coûts ne baissent pas aussi vite que les rendements, en particulier suite à l’intégration de Dresdner Bank.

1,1 million de comptes inactifs purgés

Depuis l’achèvement de la fusion de Dresdner Bank en 2012, le groupe bancaire a perdu 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaire, ne réduisant ses coûts que de 0,2 milliard d’euros sur la même période. Ainsi, son directeur, Martin Zielke a décidé de se délester de 1,1 million de comptes inactifs, notamment issus de la reprise de Dresdner Bank. En effet, les coûts réglementaires de ces clients inactifs sont de plus en plus élevés.

Commerzbank se préoccupe désormais, non plus de la croissance de son portefeuille clients, mais de la rentabilité des souscripteurs. Le groupe dispose actuellement de 11,1 millions de clients et souhaite s’alléger de 1,1 million de comptes inactifs, tout en visant la conquête d’un million de clients rentables. La banque allemande espère 12,3 millions de clients en 2023 (stagnation autour de 11,1 millions chez Commerzbank + 1,2 million chez sa filiale Comdirect).

Taxation des dépôts et vente de mBank

Pour tenir ses objectifs, l’établissement bancaire va mettre en place une nouvelle politique tarifaire basée sur la banque mobile, et sur l’enrichissement et la concentration de ses services bancaires. Évidemment, un compte bancaire inactif fera l'objet d'une tarification future. Pour ne pas effrayer ses clients actuels, Commerzbank maintient son compte courant gratuit et la politique tarifaire de Comdirect, une banque en ligne détenue à 80 % et dont le groupe souhaite racheter les 20 % en bourse.

Le groupe au logo jaune compte aussi taxer les dépôts des clients les plus fortunés et les clients entreprises, à partir de 100 000 euros, à l'instar de la banque munichoise Sparkass. Parallèlement, Commerzbank a déjà évoqué la suppression de 4300 postes (contre la création de 2000 emplois) et la fermeture de 200 agences qui représentent un cinquième de son réseau outre-Rhin.

Enfin, le groupe veut céder sa lucrative filiale polonaise mBank pour financer la transition numérique sans renoncer au dividende. Depuis 2003, elle détient 70 % du capital du quatrième groupe bancaire polonais par les actifs, qui affiche une capitalisation boursière de 3,3 milliards d’euros. Cette opération poursuit un triple but : faire rentrer de l’argent, libérer du capital réglementaire à hauteur de la cession des encours, et atténuer l’exposition aux coussins de capital « systématiques » intimés par les autorités régulatrices.



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