Changer de banque : le mandat de mobilité n'a rien…changé

Changer de banque : le mandat de mobilité n'a rien…changé

Avec un taux de mobilité bancaire scotché à 2,5%, l'association UFC-Que Choisir fustige le dispositif existant depuis trois ans. Le mandat de mobilité bancaire pâtit de nombreux écueils, grippant le jeu de la concurrence alors même que des réserves de pouvoir d'achat existent.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 13 Janvier 2020

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Le mandat de mobilité rate ses objectifs

L’association de défense des consommateurs fait un point de passage, après l’instauration du mandat de mobilité bancaire en vigueur en février 2017. Et les résultats tardent à venir. En effet, le niveau de mobilité bancaire est stable puisque seuls 2,5% de clients ont changé de banque en 2019. Or, le mandat de mobilité bancaire, qui charge la banque d’accueil de réaliser le transfert d’un compte à l’autre de toutes les opérations courantes du client (prélèvement, virements), devait normalement avoir un effet sur le taux d’attrition en catalysant le jeu de la concurrence.

Objectif raté pour l’UFC-Que Choisir qui dénonce « une concurrence léthargique » et des failles qui limitent la concurrence. L’association recense 1,3 million de mandats signés : « seulement 2,5 % des consommateurs auront effectivement changé d’établissement bancaire en 2019, alors que près d’un sur cinq (17%) en exprime le souhait ».

Un parcours client semé d’embûches qui décourage

Après avoir interrogé 110 banques et acteurs financiers, l’enquête diligentée par l’UFC-Que Choisir décèle jusqu’à 10% des mandats pour changer de banque qui n’aboutissent pas. Les raisons ? De multiples fautes « aussi grossières qu’inadmissibles » telles que la non signature des mandats, l’incapacité à identifier le titulaire du compte ou encore la mauvaise saisie du numéro de compte. Des freins dans l’expérience client qui ont de quoi faire abandonner plus d’un consommateur sur le parcours de la mobilité bancaire.

A ce tableau, il faut ajouter 4 demandes sur 10 qui ne trouvent pas de conclusion suite à l’impossibilité et au coût généré du transfert de certains produits bancaires (PEL, assurance vie, PEA, etc.). Le client garde alors un compte dans son ancienne banque, en plus du nouveau ouvert, doublant ainsi ses frais bancaires.

Les frais bancaires des banques traditionnelles ne baissent pas

L’UFC-Que Choisir dénonce également la progression des litiges suite à des facturations de frais indus liés au changement de banque, à l’instar des pénalités de retard de paiement ou des frais de rejet de prélèvement. Logique quand on sait que les émetteurs n’informent pas de la prise en compte des nouvelles coordonnées bancaires pour 65% d’entre eux et que les émetteurs étrangers sont écartés de la procédure.

Les incidents de paiement se multiplient, là encore faisant gonfler la facture, alors que le mandat de mobilité bancaire devait servir les intérêts des consommateurs en faisant baisser la note. En ce qui concerne les frais bancaires, l’UFC-Que Choisir relève une « baisse tout juste symbolique en 2020 (-0,3%) bien loin de pouvoir compenser une croissance des tarifs bancaires depuis 2009 près de 25 % supérieure à l’inflation ».

De réelles économies à faire en changeant de banque

Le tout dans un environnement concurrentiel agressif, avec de nouvelles banques mobiles sur le marché (Ma French Bank, Bunq) et des banques en ligne ayant diminué encore leurs tarifs l’an passé de 12% en moyenne, notamment via de nouvelles offres (Ultim de Boursorama Banque, Fosfo de Fortuneo, Essentielle d’ING, etc.).

L’association qualifie les réserves de pouvoir d’achat de « considérables », avec des écarts de tarifs variant « de 1 à 6 pour le profil sénior / haut de gamme [195 euros d’économies possibles en moyenne], de 1 à 17 pour l’actif avec une utilisation standard du compte [177 euros d’économies possibles en moyenne] et de 1 à 11 pour le jeune qui en a un usage intensif, notamment en cas de dépassement du découvert autorisé [224 euros d’économies possibles en moyenne] ».

Du mandat de mobilité vers la portabilité du numéro du compte ?

Pour réactiver le jeu de la concurrence et faire baisser les frais bancaires, l’UFC-Que Choisir plaide pour la portabilité du numéro de compte bancaire. L’idée est de conserver les mêmes coordonnées bancaires tout en changeant de banque. La Fédération bancaire française (FBF) n’a pas du tout le même point de vue, parlant d’un dispositif actuel « gratuit » et donnant « satisfaction ». L’organisme rappelle également les coûteux investissements pour mettre en place le mandat de mobilité bancaire, estimant qu’il serait « contre-productif de le modifier ».

Autres pistes privilégiées par l’UFC-Que Choisir : l’extension du mandat de mobilité bancaire à tous les produits associés au compte courant, le plafonnement des frais de transfert pour le PEA ainsi que leur suppression pour les PEL et CEL. L’association de consommateurs met par ailleurs à disposition du public un comparateur bancaire indépendant en ligne, incitant les consommateurs à faire le point sur leur situation en ce début d'année.



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