Pixpay, la néobanque pour ados réussit son décollage

Pixpay, la néobanque pour ados réussit son décollage

En quelques mois seulement, Pixpay a conquis 10 000 utilisateurs payants. L'offre de compte courant pour les 10-18 ans, associé à une carte bancaire et une appli miroir parent-enfant, rencontre un écho favorable, bien que les réticences sur la pérennité du modèle économique persistent.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 02 Avril 2020

Pixpay, la néobanque pour ados réussit son décollage

La néobanque pour ado Pixpay lève 8 millions d’euros

8 millions d’euros, c’est le montant de la nouvelle levée de fonds bouclée par la néobanque des adolescents ce mois de mars. Au total, Pixpay a récolté plus de 11 millions d’euros en…neuf mois. Car l’offre de la Fintech n’est distribuée que depuis le mois de novembre 2019 mais a déjà séduit plus de 10 000 personnes. L’abonnement mensuel coute 2,99 euros.

L’offre Pixpay comporte une carte MasterCard utilisable par l’adolescent partout. Le compte bancaire associé se gère en temps réel grâce à deux applications : une pour le jeune et une autre pour le parent. Le responsable légal garde tout pouvoir. Il peut limiter le montant des dépenses par semaine ou par mois voire plafonner un montant maximum par opération. Il peut bloquer des sites marchands (ou des catégories) et les retraits en cash aux distributeurs.

L’idée des fondateurs est de surfer sur les carences en matière de pédagogie financière et sur les attentes en matière de sécurité. Ainsi, Pixpay permet aux 10-18 ans de s’initier à la gestion d’un compte et d’un budget de manière autonome mais cadrée. Le tout avec un aspect ludique via une interface adaptée à ce jeune public : « Pensé pour aider les ados à apprendre à gérer leur argent dans un monde où le cash disparaît, le produit intègre des dizaines de fonctionnalités innovantes pour simplifier la vie des ados et de leurs parents ».

Une rapidité d'exécution qui attire les investisseurs

Et le succès est là : 10 000 clients payants domiciliés dans plus de 3000 communes françaises ! Le taux d’activation des cartes culmine au dessus-de 95%. Autre chiffre encourageant : «  500 000 euros d’argent de poche déjà distribués aux ados depuis l’ouverture du service ». Pixpay vise 100 000 clients payants à la fin de l’année 2020, signe des ambitions des trois fondateurs Benoit Grassin, Nicolas Klein et Caroline Ménager.

La néobanque accélère donc avec cette nouvelle levée de fonds qui « ne figurait pas dans notre feuille de route initiale. Devant les premiers retours du marché extrêmement positifs, nous avons décidé d’accélérer notre déploiement et de passer à la vitesse supérieure pour répondre aux attentes suscitées par notre offre ». Sont au rendez-vous l’investisseur historique Global Founders Capital (GFC) et Bpifrance par le biais de son pôle Digital Venture qui entre au capital de Pixpay.

Pour Hugues de Braucourt, Partner chez GFC : « En mettant sur pied une néo-banque dédiée aux ados en tout juste dix mois (sans doute la mise sur le marché la plus rapide du secteur à ce jour), l’équipe Pixpay a fait preuve d’une capacité d’exécution impressionnante. Et les premiers retours clients nous confortent dans l’idée que l’approche Pixpay est la bonne pour adresser ce gigantesque marché ».

Entre interrogation sur le business modèle et vive concurrence

Les fonds vont permettre de doubler les effectifs, de pénétrer des marchés étrangers et de multiplier les partenariats. Pixpay a conçu par exemple un programme de fidélité Pix&Love avec plusieurs enseignes (McDonalds, Kaptain, etc.). Prochainement, la carte bancaire Pixpay devrait être compatible avec les solutions de paiement mobile Apple Pay et Google Pay.

Les rentrées d’argent se font uniquement via l’abonnement mensuel à 2,99 euros et les frais d’interchange. La Fintech n’a pas d’autres sources de revenus. Elle ne monétise pas non plus les données utilisateurs. Difficile alors d’atteindre le seuil de rentabilité d’autant que les exigences réglementaires empêchent d’équiper d’autres produits ses jeunes clients et que les coûts d’acquisition sont très élevés (une vingtaine d’euros, somme investie en grande partie pour être visible sur les réseaux sociaux).

Autre problème : que deviennent les jeunes clients une fois leur majorité acquise ? Cette donnée restreint de fait la base utilisateurs, sauf à se déployer rapidement à l’international comme l’aspire Pixpay. Aucun doute pour Benoît Grassin : « Le besoin que nous avons identifié en France est le même partout ». Toutefois, la concurrence est sévère sur le segment du teen banking (banque pour les adolescents). En 2019, deux autres néobanques tricolores se sont lancées (Kard, Xaalys), sans compter l’offre des banques en ligne (Kador de Boursorama Banque) et des banques mobiles Nickel Jeune, Morning et surtout Revolut qui vient justement de distribuer son offre Revolut Junior (uniquement au Royaume Uni pour le moment).



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