L'inexorable recul du nombre d'agences bancaires en France depuis 10 ans

L'inexorable recul du nombre d'agences bancaires en France depuis 10 ans

Etes-vous prêt à faire la queue au distributeur automatique de billets cet été sur votre lieu de villégiature ? Poser la question, c'est déjà y répondre et même l'avoir déjà expérimentée ! Le réseau bancaire a perdu plus de 3000 agences en une décennie. Explications.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 24 Juin 2021

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Réseau bancaire : fin de l’exception française ?

3000, c’est le recul du nombre d’agences bancaires physiques en France sur la dernière décennie selon une étude InfoStat/MoneyVox Marketing. Le réseau en métropole atteignait 41 800 établissements en 2010. Il s’est contracté à un rythme annuel de 300 fermetures pour plafonner désormais à 38 100 unités à la fin de l’année dernière. Et ce chiffre est encore plus fort en comptabilisant les agences postales qui ne fournissent plus de services bancaires à leur clientèle.

Cette donnée est à mettre en parallèle avec la démographie française. Or, sur la même période, la population a augmenté de 4%, passant de 65 millions de personnes à 67,4 millions au dernier recensement. Alors qu’on dénombrait 60 agences bancaires pour 100 000 habitats, ce chiffre tombe à 53 actuellement. Faut-il s’alarmer d’un réseau d’agences bancaires moins étendu sur le territoire ?

La nuance est apportée par la Fédération française bancaire (FBF) qui indique une décrue moins marquée en France que chez ses voisins européens. Dans son dernier rapport Banque et Territoire, l’association argumente : « en France métropolitaine, on dénombre en 2019 près de 7 agences pour 100km2, comme en 2009. Au sein de la zone euro, sur la même période, ce nombre baisse de 11 à 7 en Allemagne, de 11 à 8 en Italie, et de 9 à 5 en Espagne. »

Désertification bancaire : un impact territorial non homogène

La désertification bancaire ne touche pas l’ensemble du territoire national avec la même intensité. Les régions du Grand Est et des Pays de la Loire concèdent entre 10% et 18% d’agences fermées en dix ans. En revanche, la région Occitanie présente une baisse relative (entre 0% et 5%). La Corse est la seule région française à voir son réseau d’agences bancaires plus étoffé. Enfin, la fermeture de succursales est très forte à Paris (-233) et les départements centrés autour d’une métropole régionale : -133 dans les Bouches-du-Rhône (Marseille), -131 dans le Bas-Rhin (Strasbourg), -106 dans le Rhône (Lyon), -86 en Gironde (Bordeaux), -80 en Loire-Atlantique (Nantes).

Mais l’impact sur la population n’est pas ressenti de la même manière selon qu’on habite en zone rurale ou en zone urbaine. Pour les premiers, la fermeture d’une agence implique de faire plusieurs kilomètres en voiture pour retirer de l’argent, déposer un chèque ou échanger avec son conseiller en face à face. C’est aussi un problème pour les petits commerces. A l’inverse, les urbains, plus mobiles, n’ont juste qu’à se déplacer d’un quartier à un autre pour retrouver une agence d’accueil.

Attention également à bien choisir sa banque, car si La Banque Postale ou les banques mutualistes comme Le Crédit Agricole sont présentes partout, les agences BNP Paribas ou Société Générale privilégient les pôles urbains. Enfin, d’autres comme le Crédit Mutuel allègent leur présence ici pour mieux se redéployer là-bas.

Pourquoi les agences bancaires ferment-elles ?

L’explication la plus commune est celle de la politique de réduction des coûts structurels. Entre la politique accommodante des taux bas de la Banque centrale européenne (BCE) qui rogne leur marge et la densification de la réglementation qui engendre des frais supplémentaires, les banques cherchent de l’air. Logiquement, la taille dans les effectifs via des plans de départ volontaires nourrit la fermeture des agences.

Les banques font d’une pierre deux coups puisque les coûts de fonctionnement de ces agences (achat, location, entretien, etc.) pèsent moins sur leur budget. On retrouve cette même idée dans la suppression des distributeurs automatiques de billets (DAB), insuffisamment rentables faute d’atteindre un certain seuil de mouvements de retraits. Les zones rurales sont les plus touchées ici, car les clients sont plus rares et les passages moins fréquents.

Avec l’essor des services de banque à distance, les stratégies de transformation numérique contribuent aussi à ce constat. Les opérations du quotidien (consultation du solde, virements bancaires, etc.) se font en ligne par le biais des sites web et des applications mobiles bancaires. C’est l’évolution des attentes et des comportements des usagers qui invitent les banques à s’adapter et à redonner un autre rôle au conseiller bancaire parqué dans son agence. L’idée : abandonner les opérations du quotidien pour se concentrer sur la valeur ajoutée du conseil autour des produits rentables (prêts, assurances, placements).

Ce qui pose au passage le problème de la segmentation de la clientèle. Les banques font en effet tout pour séduire les clients rentables, à commencer par une plus grande souplesse accordée dans les conditions de souscription du crédit immobilier. En revanche, les clients plus fragiles financièrement, donc moins intéressants pour la banque, sont plus axés sur les opérations du quotidien. Ils sont alors gentiment incités à tout faire en ligne. Donc ne plus venir en agence pour accaparer le temps précieux du conseiller.



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