Orange Bank lance sa banque en ligne : quelles incidences ?

Orange Bank lance sa banque en ligne : quelles incidences ?

Ce jeudi 2 novembre marque l'entrée officielle d'Orange Bank dans le concert des banques mobiles et plus largement du secteur bancaire. Si la gratuité et la simplicité caractérisent l'offre de l'opérateur de téléphonie, quelles sont les conséquences pour la concurrence ? Explications.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 02 Novembre 2017

Orange Bank lance sa banque en ligne

Orange : 25 millions de clients potentiels !

L’objectif affiché par les dirigeants du projet Orange Bank est de séduire 2 millions de clients en une décennie. Le premier public visé demeure les 25 millions de clients mobiles de l’hexagone, et à terme les 260 millions de clients dans le monde. Le directeur général adjoint d’Orange, également responsable de la banque mobile, Marc Rennard, évoque « une perspective de rentabilité entre cinq et sept ans en fonction de l’évolution des taux. ». Dans l’entretien qu’il accorde au site de franceinfo, il ne dissimule pas sa volonté de « disrupter le marché bancaire et d’offrir quelque chose de nouveau ».

La force de l’offre d’Orange Bank est la gratuité des services bancaires de base : ouverture de compte, tenue de comptes, moyens de paiement (carte Visa), carnet de chèque (sur demande), paiement sans contact avec son smartphone, etc. Contrairement aux banques en ligne (hormis ING Direct, monabanq et Boursorama Banque), Orange Bank n’exige ni condition de revenus ni dépôt minimum. Toutefois, la gratuité est soumise à des conditions d’utilisation : 3 opérations mensuelles au moins par carte bancaire ou par paiement mobile. Le non respect de ces conditions d’utilisation entraine des frais à hauteur de 5 € / mois, soit jusqu'à 60€ de frais annuels. Attention également, si le client n'est pas autonome et demande à Orange de réaliser des opérations pour son compte, alors que ces opérations sont réalisables à partir de son espace client, il sera facturé 5€ par opération... La facture peut grimper !

Orange Bank s’appuie aussi sur les atouts d’une banque mobile à l’instar des néobanques comme N26 ou Revolut. L’expérience client est déterminante d’où la volonté de faire simple. Toutes les transactions peuvent ainsi être effectuées depuis son mobile. La souscription est facilitée par l’envoi de documents scannés directement depuis son smartphone. Les clients d’Orange verront même la liste du nombre de pièces justificatives demandées allégée. Surtout, la banque mobile se différencie de la concurrence grâce à toute une série de services innovants : le virement par SMS, l’accès au conseiller virtuel tous les jours à toute heure, etc.
A l'inverse, contrairement à ses concurrents, Orange Bank ne permet pas encore l'ouverture d'un compte joint ou la possibilité d'avoir deux cartes reliées au compte, par exemple...

Une offre bancaire innovante amenée à s’étoffer

L’opérateur téléphonique a aussi l’avantage de son réseau d’agences qui irrigue le territoire français. L’entreprise affirme que 140 boutiques sur les 700 détenues disposeront d’espaces aménagés et dédiés à l’offre bancaire. Ces espaces sont conçus pour accueillir les clients bancaires avec plus de discrétion pour respecter une confidentialité optimale. Des conseillers clientèles ont été formés pour piloter les inscriptions en boutique. Une source interne à l’entreprise précisait cependant que « les salariés formés ne manipuleront pas d’argent et ne géreront pas les problèmes trop complexes ». Pour ces sujets, c’est la hotline du service client qui prend le relais.

Si l’attention est focalisée sur l’ouverture d’un compte bancaire, Orange Bank propose également un livret d’épargne rémunéré à 1 % brut, mais aucun livret réglementé. Par la suite, l’offre comprendra aussi des crédits à la consommation ou immobiliers. La banque mobile envisage également la possibilité pour ses usagers de retirer de l’argent dans un DAB sans carte. Orange Bank travaille en effet sur des distributeurs automatiques de billets de nouvelle génération dotés de la technologie sans contact. Pour Matthieu Robin de l’UFC-Que Choisir, voilà une « offre de banque mobile supplémentaire qui présente l’avantage de s’appuyer sur son réseau physique tout en proposant les services d’une banque de réseau », Orange détenant 65 % du capital de Groupama Banque.

Une concurrence qui prend les devants

Certaines n’hésitent pas à rapprocher ce projet de celui des néobanques comme l’allemande N26 (100 000 clients français) et la britannique Revolut (150 000 clients français). Julien Cadot, rédacteur en chef de Numerama, nuance, car « à la différence de ces deux start-up (…) qui touchent un public déjà très à l’aise avec la dématérialisation, le géant français des télécoms bénéficie d’une image rassurante auprès d’un public moins habitué au numérique ». Il faut souligner que la banque mobile a le vent en poupe comme l’illustre un sondage piloté par UBS qui montre que 48 % des Français utilisent des services bancaires sur leur smartphone (hausse annuelle de 50 %), dont une progression pour le paiement en ligne via mobile de 3 %.

Et la concurrence ne s’en laisse pas compter à l’image du Crédit Agricole (banque la plus consultée en ligne) qui a lancé sa banque mobile Eko au mois d’octobre, BNP Paribas qui a fait main basse sur le Compte Nickel (700 000 clients) ou même Carrefour et son coffret C-Zam (90 000 clients en 6 mois). Quant aux banques en ligne, elles s’adaptent comme Boursorama qui rend gratuite son offre Welcome ou qui s'adresse désormais aux pros (Boursorama Pro). Les banques en ligne multiplient les promotions (livret d'épargne à taux boosté à 3 % chez BforBank, prime de bienvenue de 120 € chez monabanq, frais de courtage gratuits pour la bourse en ligne de fortuneo) et misent sur leur bonne image (taux de recommandation élevé).

Rendez-vous dans quelques-mois pour mesurer l’effet de souffle provoqué par Orange Bank dont le mérite est d'ores et déjà de faire bouger les lignes dans un secteur en pleine digitalisation.



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