Le crowdfunding poursuit sur sa lancée en 2017
Le 14 septembre dernier, le cabinet KPMG publiait son Baromètre du Crowdfunding en France pour le premier semestre 2017 en partenariat avec Financement Participatif France. Les fonds collectés atteignaient la somme de 391,9 millions d’euros, contre 267,8 millions d’euros au cours du premier semestre 2016 (+ 46 %). Cette trajectoire s’inscrit dans une tendance 2013-2015 d’une hausse du financement alternatif de près de 318 %. Toujours selon le baromètre annuel paru cette fois en février dernier, la collecte de fonds bondissait de 296,8 millions d’euros en 2015 à 628,8 millions d’euros en 2016. Si la tendance du premier semestre 2017 se confirmait, la somme mobilisée dans des opérations de crowdfunding pourrait flirter avec le cap des 800 millions d’euros.
L’étude semestrielle fournie par KPMG montre la ventilation des fonds collectés selon les diverses branches du crowdfunding : 154 millions d’euros pour la finance participative (+ 48 %), 110 millions d’euros pour le prêt à la consommation (+ 38 %), 64 millions d’euros pour les fonds de prêts aux entreprises (+ 87 %), 63 millions d’euros pour les cagnottes en ligne (+ 29 %) et 1 million d’euros pour la solidarité embarquée (+ 101 %). Entre janvier et juillet 2017, ce sont 11 652 projets participatifs qui ont été financés, attirant 741 548 financeurs et 1 031 476 souscriptions.
La typologie des financements indique une consolidation des prêts (79 millions d’euros, + 78 %), et une hausse plus modérée des dons (42 millions d’euros, + 34 %) et des investissements (32 millions d’euros, + 15 %). Plus en détails, ce sont les obligations qui récoltent le plus d’argent (45,5 millions d’euros,) devant le don avec récompense (35,4 millions d’euros), l’investissement en capital (31,9 millions d’euros) et le prêt rémunéré (23,1 millions d’euros). Autre enseignement du baromètre semestriel : c’est le secteur économique (73 %) qui draine le plus d’argent, devant le secteur culturel (15 %) et le secteur social (7 %).
Lendix, Credit.fr et Lendosphère : 73 % du crowdlending en France
En mai dernier, le fondateur du site Crowdlending, Mathieu George, envisageait une collecte pour 2017 comprise entre 150 et 200 millions d’euros. Ces perspectives semblent revues à la baisse à la fin du mois de novembre 2017 avec un score de 103,3 millions d’euros. Ce ralentissement ne doit pas pour autant occulter une hausse annuelle de 45 %. Sur les 16 plateformes de crowdlending retenues par l’étude, 631 projets ont été financés par le prêt de particuliers. L’emprunt moyen s’élève à 163 809 € (135 812 € fin mai), au taux moyen de 7,23 % (7,38 % fin mai) sur une durée moyenne de 40 mois (41 mois fin mai).
La plateforme leader du marché du crowdlending reste Lendix (57 millions d’euros prêtés). Numéro un en France mais aussi en Europe continentale, Lendix a été rejointe par Bpifrance en avril via son fonds de cofinancement qui a vocation à financer des TPE et PME en France, mais aussi en Espagne et en Italie. En juillet, un partenariat avec la Banque européenne d’investissement a été noué pour déployer un fonds de 18,5 millions d’euros aux entreprises européennes. Actuellement, Lendix finance 17 dossiers espagnols (6 millions d’euros) et 19 dossiers transalpins (5,3 millions d’euros).
Autre acteur majeur du prêt participatif : Credit.fr (12 millions d’euros collectés). Celle qui a concrétisé en septembre 2016 un partenariat avec Hello bank!, première banque en ligne à distribuer une offre de prêt participatif aux PME, a été rachetée en juin dernier par la société d’investissement Tikehau Capital pour un montant de 12 millions d’euros. Lendosphère complète le podium avec plus de 8 millions d’euros prêtés. Avec Akucoop, Collecticity, Enerfip, Kango, Lendopolis, Lita, Lumo, Miimosa, Tudigo, We do Good et Wiseed, elle fait partie des 12 plateformes sélectionnées à la fin du mois de novembre pour délivrer le label « Financement participatif pour la croissance verte ». L’objectif est de financer des projets concourant à la transition écologique et énergétique dans les territoires.
Crowdfunding 2017 : des alliances et des tendances
L’année 2017 est aussi placée sous le signe des rapprochements entre les banques traditionnelles et les jeunes pousses du financement participatif. Ainsi, BNP Paribas s’est alliée avec le plus gros acteur européen du crowdfunding Ulule (14,5 millions d’euros récoltés au premier semestre 2017) pour commercialiser une offre inédite de financement complémentaire dédiée aux créateurs d’entreprise depuis le mois de novembre.
Cette alliance en rappelle d’autres comme le rachat de KissKissBankBank & Co (KissKissBankBank, HelloMerci et Lendopolis) par La Banque Postale. Déjà associée à WeShareBonds (qui a lancé « WeBot », un robot de diversification destiné à optimiser le rendement des investisseurs), cette dernière mène sa transformation digitale qui devrait déboucher en octobre 2018 sur le lancement de sa banque 100 % mobile. Et les exemples de rapprochement ne manquent pas : Leetchi avec le Crédit Mutuel Arkéa, monabanq avec Microculture, fortuneo avec SmartAngels, etc.
D’autres tendances se dégagent en 2017 comme l’intérêt pour le crowdfunding local ou citoyen avec l’essor de plateformes spécialisées comme Tudigo (anciennement Bulb in Town), Collecticity et Incit’financement. Cette dernière, lancée au début du mois d’octobre, se donne pour objectif de doubler l’investissement citoyen au bénéfice des entreprises d’ici à 5 ans (de 3,5 millions d’euros à 8 millions d’euros). Notons aussi l’amplification de la présence de Facebook sur le segment du crowdfunding, déjà visible par son outil Fundraiser actif depuis 2015. Récemment, le réseau social a annoncé l’arrêt des frais de commission sur les dons à des organisations humanitaires et caritatives (5 %). Facebook s’aligne ainsi sur son concurrent GoFundMe justement critiqué pour ce type de prélèvement appliqué (6,9 % pour 30 cents) censé couvrir « les frais de traitement des paiements, le contrôle des fonds, la sécurité et la protection contre la fraude ». Un rétropédalage bienvenu.
Mais le secteur le plus dynamique du financement participatif reste le crowdfunding immobilier. La plateforme dédiée Homunity indique une croissance début décembre de 50 % : 90 millions d’euros collectés contre 62 millions en 2016. Face aux craintes, les chiffres sont là : un nombre de sorties positives multiplié par 2,3 en un an et près de 30 millions d’euros déjà remboursés aux investisseurs. Ces scores convergent avec ceux énoncés par les plateformes Fundimmo et Hellocrowdfunding pour le premier semestre 2017 : 95 projets financés à hauteur de 36 millions d’euros (+ 20 % par glissement annuel).