Ce que nous réserve la banque en ligne en 2018

Ce que nous réserve la banque en ligne en 2018

Le secteur de la banque en ligne doit intégrer en 2018 de nouveaux acteurs (BPCE, La Banque Postale) et mieux cerner l'impact de l'arrivée d'Orange Bank. De la concurrence accrue aux évolutions réglementaires : que faut-il attendre en 2018 ? Tour d'horizon.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 16 Janvier 2018

Ce que nous réserve la banque en ligne en 2018

Les banques en ligne toujours moins chères en 2018

Les banques en ligne vont profiter à nouveau en 2018 de leur avantage en termes tarifaires par rapport aux banques traditionnelles. Malgré le développement des néo-banques, l’arrivée d’Orange Bank ou la mobilité bancaire facilitée pour les usagers, les banques classiques continuent en effet d’augmenter leurs tarifs. C’est ce que relate l’association de consommateurs UFC-Que Choisir : + 2,2 % entre 2017 et 2018 pour les frais bancaires issus des brochures d’une vingtaine d’établissements. L’étude montre que le « coût moyen d’un compte bancaire a progressé depuis 2013 trois fois plus rapidement que l’inflation (9 % contre 3 %) et atteint 211 euros au 1er janvier 2018 ».

Matthieu Robin, chargé de mission sur la question dans le domaine financier pour UFC-Que Choisir, estime que les « banques en ligne restent moins chères et se démocratisent [via] le lancement de nouvelles offres gratuites ». Citons notamment l’offre Welcome Boursorama ou encore les opportunités commercialisées par le Compte Nickel, Orange Bank ou le compte mobile Eko du Crédit Agricole. Le spécialiste note même que l’avantage des banques traditionnelles diminue avec l’augmentation des tarifs sur les services bancaires délivrés en agence : + 17 % pour initier un virement, + 11 % pour se voir remettre un chéquier.

UFC-Que Choisir dépeint un tableau amer : « les banques traditionnelles ressembleront bientôt à leurs concurrentes en ligne, les tarifs en plus ». D’ailleurs, elles pourraient privilégier avant tout les clients fidèles, comprenons ceux qui ne subissent pas ou très peu d’incidents bancaires. Les profils attractifs seront choyés pour éviter qu’ils ne quittent leur giron pour l’attrait des banques en ligne. Quant aux autres, ils seront plus pénalisés d’une manière directe ou non, à l’instar de la très citoyenne Banque Postale qui augmenterait de 66 % les frais de tenue de comptes inactifs. Idem au CIC ou au Crédit Agricole qui taxeraient plus fortement le transfert d’un PEL vers un autre établissement, par exemple vers une banque en ligne.

Banque mobile : BPCE et la Banque Postale arrivent

Si les banques en ligne travaillent sur l’amélioration de leur application mobile face à l’essor du mobile first dans les usages de leurs clients, le panorama du secteur devrait voir s’immiscer en 2018 deux mastodontes. Le groupe BPCE, qui a racheté en 2016 la néo-banque Fidor, souhaite déployer une partie de son offre 100 % digitale dans l’hexagone cette année. Le groupe mutualiste va d’ailleurs mobiliser 600 millions d’euros chaque année d’ici à 2020 dans sa mutation digitale.

Côté banque mobile, Fidor est déjà en action afin de constituer une communauté autour de son réseau social et des services financiers. Autre entrant : la Banque Postale. Nommée Neobank en interne, la banque en ligne de la filiale de La Poste a pour ambition de commercialiser son offre au début de 2019. Un tract syndical rapporte même que le 1er septembre 2018 devrait marquer le début de la campagne de recrutement des agents.

2018 : de nombreuses évolutions réglementaires

Cette année siffle aussi le coup d’envoi de l’entrée en vigueur d’une série de nouvelles réglementations dans le secteur financier. C’est déjà le cas pour les banques privées et les banques d’investissement avec le MIF II qui les contraint à réviser la tarification de certains services. Dès le 18 janvier, ce sont les banques de détail qui devront se plier à la DSP2, un cadre européen qui s’applique aux moyens de paiement impliquant une sécurité accrue pour le paiement en ligne.

La tension est actuellement palpable entre d’un côté les Fintech qui auront accès aux données des clients des banques et celles-ci qui invoquent des enjeux sécuritaires, de concurrence et de respect de la vie privée. A ce titre, la Fédération bancaire de l’Union européenne veut geler l’application de la DSP2 et bannir la technique du web-scraping utilisée par les Fintech. Enfin, le mois de mai 2018 verra l’instauration d’un nouveau règlement européen sur les données (RGPD), obligeant les institutions à informer les clients sur l’utilisation de leurs données personnelles.

Nouvelle compétition à venir pour l’assurance-emprunteur

L’assurance-emprunteur aura été un thème largement abordé en 2017, avec le bras de fer imposé par la Fédération bancaire française (FBF). Celle-ci s’opposait à la résiliation annuelle de l’assurance-emprunteur garantissant un prêt immobilier. Elle dénonçait une rupture du principe de mutualisation des contrats collectifs. Ce 12 janvier, le Conseil constitutionnel a entériné la possibilité pour l’emprunteur de renégocier à chaque date anniversaire son assurance-emprunteur.

Les assureurs alternatifs (assureurs, mutuelles, courtiers, institutions de prévoyance) s’invitent donc dans ce lucratif marché jusqu’alors chasse gardée des banques. Axa a choisit de digitaliser totalement son offre, quand la Macif déploie un service d’aide au changement d’assurance. Du côté des banques, l’idée est de proposer un contrat assurance-emprunteur très couvrant, pour que le client ne trouve pas ailleurs des garanties au moins équivalentes à moindre frais.

Les acteurs de l’Insurtech comme la start-up Réassurez-moi s’intéressent de près à la question. Le courtier en ligne 100 % indépendant, lancé en 2013, propose aux internautes de comparer les offres d’assurance-emprunteur disponibles selon leur profil. Réassurez-moi dispose aussi d’un service client constitué d’experts et d’un Switching Service pour accompagner ses clients dans la délégation d’assurance.

Tarifs bancaires en hausse, évolutions réglementaires, acteurs innovants : la banque en ligne est au carrefour des enjeux soulevés par l’actualité bancaire et financière. Le secteur saura-t-il en tirer profit pour continuer à croître ? Réponses dans la nouvelle saison 2018 qui s’ouvre devant nous.



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