La rentabilité, une problématique globale mais aussi singulière pour les acteurs de la banque en ligne

La rentabilité, une problématique globale mais aussi singulière pour les acteurs de la banque en ligne

Le contexte des taux bas et les renégociations de crédits pèsent sur la rentabilité des banques traditionnelles. Les banques en ligne souffrent d'un coût d'acquisition client élevé. Quelles sont leurs perspectives ? Explications.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 14 Février 2018

La rentabilité, une problématique globale mais aussi singulière pour les ac

Vaste mouvement de renégociations de crédits en 2017

Le manque de rentabilité des banques en France comme en Europe est évidemment lié au contexte des taux faibles qui perdure. Cet environnement engendre des marges de manœuvre réduites et un mouvement important de renégociations de crédits. Toutefois, cette dynamique sur l’année 2017, qui représente 61,6 % de la production nouvelle de crédit immobilier, a permis aux établissements d’engranger des frais de renégociation qui nourrissent leurs revenus.

En revanche, cette vague passée, les prêteurs n’en tireront plus beaucoup de ressources. Les banques qui présentent une situation de dépendance vis-à-vis du crédit seront donc en position de faiblesse par rapport à celles qui misent sur les commissions pour abonder leur chiffre d’affaires.

Frais et commissions bancaires : un modèle caduque

Pour remédier à cette perspective, les banques choisissent de développer de nouveaux métiers plus rémunérateurs. De la téléphonie à l’assurance auto en passant par l’assurance emprunteur, les initiatives fourmillent. Cependant, la concurrence des acteurs digitaux sur ces segments de niche a tendance à raboter les marges.

De plus, le renforcement de la réglementation nécessite d’intégrer de nouveaux coûts. Or, la rentabilité, c’est aussi identifier les coûts inutiles ou trop élevés. Lors du récent Paris Fintech Forum, Jay Sidhu, le fondateur de BankMobile aux Etats-Unis, fustigeait des banques « accrocs aux commissions, aux frais » et insistait sur le fait que « ces frais vont être attaqués par les nouveaux entrants. Si on enlève les commissions, les agences ne seront plus rentables ».

Ce cher coût d’acquisition client pour les banques en ligne

Les banques en ligne et les pure player continuent d’appliquer des tarifs agressifs pour conquérir des parts de marché. Mais l’acquisition des clients semble déséquilibrer un modèle qui tarde toujours à atteindre un seuil de rentabilité.

C’est le cas de Boursorama qui aspire à atteindre le point mort en 2020. Benoit Grisoni, son directeur général, explique qu’aujourd’hui « nous investissons massivement. Plus d’un tiers de notre base de coûts est liée à des frais marketing, dont 80% sont des frais d’acquisition. Dans quelques années, nous ne serons plus nécessairement obligés ni d’acquérir autant de clients, ni à ces conditions. Notre activité ne sera pas de même nature en 2020, en termes d’équipement des clients notamment ».

Des services bancaires gratuits : un danger qui guette

Les rachats, les prises de participation et les coopérations entre banques digitales et banques traditionnelles se multiplient, dans une stratégie qui se veut gagnant-gagnant. Les premières s’adossent à des acteurs puissants, quand les secondes s’engagent dans la transformation digitale de leurs services et de leurs produits. Mais en termes de rentabilité, Frédéric Oudéa, Directeur de la Société Générale, maison-mère de Boursorama, alerte sur le danger de la gratuité des services bancaires : « la sécurité des dépôts par essence coûte de l'argent ».

Pour atteindre le seuil de rentabilité d’un modèle économique chamboulé par les Fintech et les nouveaux entrants (Altice SFR et La Banque Postale en 2019), les investissements continuent. Le Crédit Agricole évoque une somme de 120 millions d’euros pour soutenir le développement de BforBank, après avoir pourtant déjà injecté 100 millions d’euros au départ, puis effectué deux rallonges en 2011 et 2014 (70 millions en tout). Pour rappel, le résultat net en 2016 de la banque en ligne était de -17,3 millions d’euros...



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