Banques : qui doit assumer le coût des distributeurs automatiques de billets ?

Banques : qui doit assumer le coût des distributeurs automatiques de billets ?

Les banques en ligne et les néobanques sont dans le viseur des banques traditionnelles au sujet des distributeurs automatiques de billets. Les secondes assument pleinement leur coût de fonctionnement, quand les premières permettent gratuitement à leurs clients de faire un nombre de retraits illimité.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Mai 2019

Qui doit entretenir les DAB ?

Vers des retraits dans les DAB hors réseau plus couteux ?

Interrogé par les Échos sur le devenir des distributeurs automatiques de billets, notamment en zone rurale, Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, relève deux anomalies de marché. La première concerne la commission facturée entre les banques pour les opérations de retrait qui « ne reflètent pas la réalité des coûts d'utilisation de ce réseau interbancaire ». La seconde stigmatise ceux qui utilisent les infrastructures par rapport à ceux qui assurent leur développement. Et Nicolas Théry d’interroger : « Pourquoi les banques qui ne font rien pour le réseau de distributeurs - comme les banques directes - peuvent-elles les utiliser au même tarif ? ».

La gratuité des retraits des banques en ligne stigmatisée

En effet, les banques en ligne et les néobanques ne font rien payer à leur clientèle au moment où celle-ci procède à des retraits d’argent dans l’un des 55 000 DAB accessibles en France. Les banques traditionnelles proposent aussi ce service gratuitement si le retrait se fait dans un de leurs DAB. La prestation devient payante dans les DAB de la concurrence au bout de plusieurs opérations (entre trois à sept par mois selon les établissements bancaires). L’objectif des groupes bancaires est de mettre la pression sur les autorités pour revaloriser à la hausse la commission actuellement fixée à 57 centimes d’euros par retrait dans un DAB hors réseau. Une commission au passage payée par les banques directes.

Le Sénat soucieux de la question de la désertification bancaire

Nicolas Théry et Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole SA, auraient même abordé le sujet avec le président du Sénat. L’Assemblée des territoires est particulièrement attentive à cette question de la disparition des DAB dans certains territoires (5000 ont été supprimés en six ans, la France en recensant encore 54 000 en 2018). A la fin de l’année écoulée, la chambre sénatoriale avait d’ailleurs débattu sur une proposition de loi dédiée à la désertification bancaire. Résultat : les banques sont contraintes de rouvrir un distributeur automatique de billets dans un rayon de 10 km si elles choisissent d’en fermer un. La Banque de France doit enfin rendre un travail de cartographie, cet été, pour géolocaliser les DAB.

L’externalisation de la gestion des automates comme solution

Les banques cherchent à faire des économies. Or, l’utilisation des espèces comme moyen de paiement ne cesse de diminuer en France. De fait, la rentabilité des DAB s’érode au fil des années. Pour rappel, le coût d’achat d’un tel outil pèse 35 000 euros en moyenne. A cette ligne budgétaire, il faut ajouter les frais d’installation, de maintenance et d’approvisionnement. Plusieurs solutions sont donc envisagées : supprimer les DAB, faire payer plus les concurrents (notamment les banques en ligne et les néobanques) ou encore externaliser les prestations. C’est déjà le cas pour le transport des billets et l’alimentation des automates (Brink’s, Loomis) et cela devrait aussi intervenir et se généraliser pour l’entretien.

Hausse de la commission interbancaire de retrait : pas le sens de l’histoire

Si l’externalisation ne permet pas d’engranger de réelles économies, toucher aux commissions interbancaires est un sujet délicat. L’Autorité en charge de la concurrence est soucieuse d’éviter toute entente entre les banques de réseaux qui ferait augmenter le poids des frais bancaires. Elle était déjà intervenue en 2011 pour faire baisser de 20 % cette commission interbancaire sur les retraits. Toutefois, l’essor des banques en ligne et l’éclosion des néobanques changent la donne. Un porte-parole d’Orange Bank rappelle que la banque mobile apporte son écot malgré une activité déficitaire (une trentaine de DAB ouverts). Quant aux banques en ligne, elles appartiennent toutes à…une banque de réseau.



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