Pas de trêve estivale pour le Livret A
1,44 milliard d’euros, c’est la collecte nette du livret A au mois de juillet 2019, soit un niveau largement plus élevé que la collecte moyenne relevée en juillet au cours de la dernière décennie (520 millions d’euros). En juin 2019, cette collecte atteignait 510 millions d’euros. D’après les données publiées par la Caisse des Dépôts, l’autre livret d’épargne réglementé, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) présente une dynamique identique, récoltant 460 millions d’euros, une enveloppe quatre fois plus importante que le mois précédent.
Des raisons conjoncturelles à la collecte record
Une des raisons invoquées concerne le versement du solde de tout compte des réductions d’impôts au titre de l’exercice 2018, perçu par trois millions de contribuables au mois de juillet 2019. Ce qui représente une somme non négligeable de 2,5 milliards d’euros. S’ajoutent l’amélioration du pouvoir d’achat des Français au premier semestre et d'autres facteurs plus structurels (premier semestre généralement plus propice à l'épargne, vieillissement démographique avec les plus de 45 ans comme épargnants les plus actifs). D’ailleurs, la collecte nette des deux livrets d’épargne réglementaires s’élève à 16,26 milliards d’euros sur les sept premiers mois de l’année civile. Ce qui dessine un bond de 37 % sur un an.
Livret A, un produit d’épargne liquide et sécurisé
Les épargnants français, rétifs aux investissements risqués et échaudés par les tumultes des marchés boursiers, ont logiquement choisi de flécher leur argent vers des produits liquides et sécurisés. Peu importe que les rendements réels proposés ne soient pas très attractifs voire négatifs par rapport à l’inflation (1,1 % sur un an en juillet d’après l’Insee). Ils profitent de pouvoir faire des retraits à tout moment et d’une fiscalité sans égale. Mais ce comportement pourrait-il changer au 1er février 2020, si jamais le taux actuellement gelé à 0,75 % était ramené à 0,50 % ?
Vers l’application de la nouvelle formule du taux de Livret A
Pour comprendre le contexte, il faut revenir au mois de novembre 2017 quand le gouvernement décide de geler le taux jusqu’au 31 janvier 2020 et d’engager une réforme de la formule de calcul. L’objectif est de réduire les coûts de financement du secteur du logement social justement financé par le Livret A. Résultat : en avril 2018 est établie une nouvelle formule de calcul du taux du livret A qui tient compte de la moyenne semestrielle du taux d'inflation et des taux interbancaires à court terme (Eonia), avec un arrondi au dixième de point le plus proche et sans possibilité de passer sous 0,50 %.
Une décision politique pas facile à prendre
Actuellement, l’Eonia s’établit à -0,36 % alors que l’inflation diminue. Conséquence : en appliquant la nouvelle formule, le taux du livret A devrait être au taux plancher, soit 0,50 %. Si les banques trouvent logique cette baisse et l'attendent pour desserrer un peu l'étau, le gouvernement réfléchit aux conséquences plus politiques, dans un climat social sur le pouvoir d’achat tendu, le tout en période électorale (les élections municipales ont lieu en 2020). De quoi se laisser le temps de la réflexion jusqu’au bout…avec comme date butoir le 15 janvier 2020.