Banques américaines et cryptomonnaies : rapprochement en vue

Banques américaines et cryptomonnaies : rapprochement en vue

10 000 euros, c'est la barre symbolique atteinte par le Bitcoin fin juillet. Le cours des cryptomonnaies est soutenu par la crainte inflationniste et les nouveautés dans le secteur. A commencer par la lettre de l'OCC autorisant les banques américaines à stocker les cryptodevises.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 06 Aout 2020

Les banques américaines et le stockage des cryptomonnaies

Une clé privée de chiffrement est le code secret d’accès aux portefeuilles abritant les cryptomonnaies. L’égarer signifie perdre sa monnaie virtuelle. D’où le service de plus en plus répandu qui consiste à conserver en toute sécurité les clés privées confidentielles. Généralement, les plateformes d’achat ou d’échange de cryptodevises proposent leurs solutions mais tout ce qui est en ligne est vulnérable et potentiellement attaquable. C’est pourquoi les détenteurs de Bitcoins et autres altcoins privilégient les wallets matériels sous forme de clés USB. Avec là encore le risque de perdre l’objet voire de se le faire subtiliser.

Les banques lorgnent forcément sur ce marché à l’heure où l’attrait vers les cryptomonnaies continue de croître dans la population. C’est le cas aux Etats-Unis où 40 millions de personnes en détiendraient, soit 10% de la population. D’ailleurs, des investisseurs institutionnels en ont aussi afin de diversifier leur stratégie d’allocation d’actifs. Et l'embellie actuelle du cours des crypto n'est certainement pas pour leur déplaire. Mieux, le Bureau américain de contrôle de la monnaie (OCC) vient d’accorder le droit aux banques américaines de gérer dans un avenir proche les cryptomonnaies de leurs clients. De quoi doper un peu plus leurs valeurs.

S’adapter aux marchés financiers de plus en plus numérisés

S’il n’est pas question pour l’heure d’autoriser leurs propres clients à investir dans les monnaies virtuelles, les banques pourront fournir des services de garde de devises cryptographiques. Une prestation désormais considérée comme « une forme moderne d’activités bancaires traditionnelles liées aux services de garde ». Les clients auront donc l’opportunité de stocker leurs clés privées dans des coffres-forts et des chambres fortes virtuelles au sein des établissements bancaires. Un moyen encore plus performant pour les conserver en toute sécurité.

Dans sa lettre interprétative, l’OCC admet que les banques doivent profiter de ses nouvelles technologies dans un univers des marchés financiers de plus en plus numérisé. Et le Bureau américain du contrôle de la monnaie de poursuivre : « un certain nombre d’Etats ont déjà autorisé des banques d’Etat ou des sociétés fiduciaires à assurer des fonctions similaires ». En garantissant le stockage de cryptomonnaie, les banques nationales ont boosté le cours des monnaies virtuelles, le marché traduisant cette information comme un signal positif pour leur développement.

Les cryptomonnaies dans la tête des banques centrales

Le recul du cash est également une problématique qui incite les banques centrales à se préoccuper de manière plus active des cryptomonnaies. Leur solution : créer leur propre monnaie virtuelle. L’économiste Benoît Cœuré, à la tête du nouveau pôle d’innovation technologique de la Banque des règlements internationaux - et accessoirement ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne -, insiste : « Il y a eu une première vague d’innovation sur les paiements, il y a une vingtaine d’années, avec la généralisation de la carte bancaire à puce, puis l’industrie et les banques centrales se sont reposées sur leurs lauriers. ».

L’économiste ajoute que, désormais, « l’innovation repart, et il s’agit de savoir comment les banques centrales peuvent accompagner, et même anticiper, cette révolution ». Et, à ce titre, chauffée par le projet Libra de Facebook, la Banque de France n’est pas en reste. L’enseignant-chercheur, Christian Pfister, qui évolue à la direction générale de la Stabilité financière et des Opérations à la Banque de France, parle d’expérimentations à propos d’un euro digital.

La Lituanie lance sa monnaie virtuelle…à des fins commémoratives

Délivrer leurs propres instruments de paiement numérique, en complément des réserves bancaires, tel est le but poursuivi par les banques centrales. Autrement dit, elles souhaitent instaurer une monnaie virtuelle cryptée, créée et détruite par les banques centrales elles-mêmes, émise et échangée à parité avec les autres formes (billets, réserves). Si la phase de réflexion est amorcée en France, un pas a été franchi fin juillet par la Lituanie dont la banque centrale a lancé sa propre cryptomonnaie baptisée LBCOIN.

Un des membres du conseil de la banque centrale lituanienne, Marius Jurgilas, explique que le LBCOIN est « une pièce numismatique qui commémore les 100 ans de l'indépendance de la Lituanie, et nous avons pensé qu'en nous lançant dans ce nouveau siècle, peut-être devrions-nous essayer de faire le lien entre le monde physique et le monde numérique ». Au final, ce sont uniquement 4000 pièces de collection accessibles après achat de pièces numériques et pour une valeur, sous leur forme physique, de 19,18 euros. Un prix qui fait référence à l’année de l’indépendance du pays en 1918. Mais, surtout, une application symbolique des monnaies virtuelles par une banque centrale, prémices d'un mouvement de fonds sur lequel les banques américaines s'apprêtent à surfer.



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