Carton plein pour les néo-banques étrangères en France

Carton plein pour les néo-banques étrangères en France

Sans tambour ni trompette, Revolut et N26 ont fait leur place sur le marché bancaire français en convaincant déjà plus de 200 000 clients. Et d'autres acteurs comme Ditto Bank se lancent à leur tour. Quelles sont les raisons de leur succès ? Explications.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 27 Mars 2018

Carton plein pour les néo-banques étrangères en France

N26 et Revolut : leurs poids sur le marché français

Le marché français semble réussir aux néo-banques étrangères. La jeune pousse berlinoise N26 annonce avoir séduit 200 000 clients dans l’hexagone en février 2018. Sa concurrente britannique Revolut franchit ce même mois le cap des 220 000 clients. La première a officiellement été ouverte au grand public en janvier 2017, la seconde étant active depuis le mois de septembre dernier tout en étant accessible depuis deux ans. A cette même époque l’an dernier, N26 enregistrait 30 000 clients et Revolut 50 000, les deux néo-banques esquissant donc une trajectoire sensiblement équivalente. Elles disposent d’un portefeuille clients deux fois plus important actuellement qu’Orange Bank qui déclare avoir dépassé les 100 000 clients selon les propos du PDG de l’opérateur, Stéphane Richard, sur les ondes d’Europe 1, le jeudi 22 mars dernier.

L’arrivée de la banque mobile Orange Bank n’a pas freiné la courbe ascendante de N26 et de Revolut qui a même tendance à s’accentuer. Le rythme des ouvertures de compte avoisine désormais entre 4 000 et 5 000 nouveaux utilisateurs par semaine contre 2 000 à 3 000 au compteur il y a six mois. De plus, les néo-banques avancent sans campagne publicitaire, misant sur « l’expérience client qui drive la croissance » d’après les dires de Jérémie Rosselli, directeur général de N26 France. Ce dernier a récemment indiqué que l’objectif 2017 a été rempli, avec ces 200 000 clients. Les deux banques digitales disent même avoir surfé sur la promotion faite autour d’Orange Bank pour doper leur croissance. Toutefois, les deux acteurs restent discrets sur le nombre d’utilisateurs actifs.

Jérémie Rosselli dévoile constater que « les gens se servent [de leur compte] de plus en plus rapidement » et que « les montants des encours augmentent très rapidement ». Du côté de Revolut, on relève que la part des utilisateurs actifs sur l’ensemble des utilisateurs ayant souscrit une offre est quasiment stable dans tous les pays. La banque mobile britannique prétend avoir réuni 350 000 utilisateurs actifs quotidiennement, ce qui correspond à un ratio de 23,3 %. Ce dernier grimpe à 56,7 % pour les utilisateurs actifs mensuellement. En transcrivant ces données au marché français, ce serait 50 000 clients qui seraient actifs au quotidien sur Revolut et 124 000 par mois. Si N26 ne renseigne pas sur le volume de transaction, Revolut indique 750 000 opérations mensuelles (110 000 il y a un an).

Les sources de revenus de ces néo-banques étrangères

Les deux banques digitales proposent deux offres, une standard gratuite et une plus élaborée payante (N26 Black à 5,90 € / mois et R Premium à 6,99 £ / mois soit 7,90 € / mois environ pour Revolut). Toutefois, l’offre gratuite de N26 est soumise à des conditions d’utilisation (9 achats avec la carte par trimestre). En cas de non respect, le client doit s’acquitter d’une cotisation mensuelle de 2,90 € / mois. Les paiements par carte (MasterCard standard, sauf N26 Black qui propose une MasterCard World Elite) en euros et en devises étrangères sont gratuits. Les retraits en euros sont gratuits chez N26 en deçà de 5 opérations par mois (2 € / retrait ensuite) ainsi que chez Revolut en deçà de 200 € retirés (2 % du montant retiré ensuite). Même fonctionnement pour la néo-banque britannique sur les retraits en devises étrangères, alors que N26 prélève une commission de 1,7 % dans sa formule standard mais rien dans sa formule premium.

Revolut a annoncé avoir atteint son seuil de rentabilité de manière imprévue mais non durable à cause des investissements programmés. Elle mise sur trois sources principales de revenus à savoir les commissions interbancaires de paiement, sa formule premium « R Premium » et ses prestations payantes telles que l’assurance voyage à la journée en partenariat avec Thomas Cook Money ou son assurance de téléphonie mobile via la courtier allemand Simplesurance. N26 revendique aussi des sources de revenus plurielles comme le taux interchange, son offre de crédit à la consommation via son partenariat avec la plateforme française spécialisée Younited Credit (prêt de 1 000 à 40 000 € remboursable sur une période de 24 à 72 mois) et la commercialisation de produits d’épargne outre-Rhin et de produits d'investissement via respectivement la collaboration avec les plateformes Raisin et Vaamo.

Parmi les nouveautés annoncées par ces deux néo-banques, on peut mentionner l’accès à une carte bancaire virtuelle jetable et sécurisée ou la domiciliation des prélèvements bancaires pour Revolut, et le lancement d’une carte bancaire en métal ou la levée de fonds de 160 millions de dollars opérée auprès d’Allianz et Tencent pour N26. Les deux continuent de se projeter sur de nouveaux marchés Royaume-Uni et États-Unis pour la néo-banque allemande et États-Unis, Singapour, Australie, Inde, Brésil, Afrique du Sud et Émirats Arabes Unis pour Revolut. Sur le marché français, elles devront affronter un nouveau concurrent : Ditto Bank. La marque commerciale de la Banque Travelex, dédiée à la gestion des devises, possède une licence bancaire. Elle se positionne sur le segment des voyageurs leur offrant la possibilité d’ouvrir plusieurs comptes bancaires avec des devises différentes tout en jouissant d’une Gold Mastercard pour 9,90 € / mois.

Sylvain Pignet, fondateur de Ditto Bank, évoque la conquête de « 65 000 clients en France d’ici la fin de l’année » et une « vraie ambition internationale » avec un déploiement au cours du deuxième trimestre 2018. Pour N26, l’objectif sur l'ensemble des marchés est fixé à 5 millions de clients d’ici 2020, le double pour Revolut.



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