Quels sont les comportements d'épargne des Français ?

Quels sont les comportements d'épargne des Français ?

La récente étude publiée par la Banque de France s'intéresse aux comportements d'épargne des Français. Quels sont les choix financiers qui sont actuellement privilégiés ? Les placements risqués ont-ils la cote ? Décodage.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 09 Avril 2019

Quels sont les comportements d

8 Français sur 10 épargnent sur l’année

Alors que l’interrogation sur le pouvoir d’achat des Français occupe l’actualité, 80% d’entre eux disent avoir épargné au cours des 12 derniers mois. Est-ce que cette épargne a été fléchée vers des produits susceptibles de contribuer à l’activité économique du pays comme l’a souhaité le gouvernement actuel ? Non. Les Français demeurent rétifs aux risques. Leurs économies ont donc servi à alimenter un livret d’épargne pour 50% (55% pour les couples sans enfant à charge) ou dorment sur un compte courant pour 45% (36% seulement chez les personnes seules avant au moins un enfant à charge).

La prime versée par les employeurs fait partie des mesures prises par l’exécutif pour redonner du pouvoir d’achat aux Français au début de l’année 2019. Deux millions de salariés ont perçu environ 450 euros en moyenne. De même, les contribuables ont touché 5 milliards d’euros d’acomptes liés aux réductions d’impôts suite à l’entrée en vigueur du prélèvement à la source. Où les Français ont-ils déposé ses fonds ? Sur le livret A affirme Philippe Crevel. S’exprimant sur RTL, le Directeur du Cercle de l’Epargne fait le lien entre l’argent perçu et la collecte nette du Livret A de 6 milliards d’euros sur les deux mois de janvier et février.

Collecte nette record du Livret A début 2019

Malgré une faible rémunération gelée à 0,75% jusqu’en février 2020, le livret A continue de recueillir l’épargne de précaution des Français. Ce montant record de la collecte nette rappelle que « plus de 8 Français sur 10 ont un Livret A pour attendre, en fonction des achats qu’ils vont réaliser mais également par crainte du futur ». Philippe Crevel résume : « Les Français restent très attachés à la sécurité, la garantie en capital qu'offre le Livret A, la liquidité, la possibilité d'entrer et de sortir de son livret à tout moment. Ils s'assoient sur le rendement car 0.75% c'est pas terrible et si on met l'inflation on est en rendement négatif ».

Paradoxe en effet : les Français réclament une hausse de leur pouvoir d’achat alors qu’ils placent leurs économies sur un livret d’épargne à faible rendement et à rémunération négative en tenant compte de l’inflation. Résultat : ils perdent de l’argent. Philippe Crevel argumente : « Le Livret A est un produit qui est très largement diffusé et il a un avantage absolu c'est qu'il n'y a pas de fiscalité. Les Français ont l'impression de faire une affaire parce qu'il n'y a pas de prélèvements sociaux, pas d'impôts sur le revenu et ils se disent là au moins l'État ne m'a rien pris ».

Assurance vie : les fonds euros dominent les unités de compte

Selon une étude SAB /CGI réalisée par Next Content et publiée en février 2019, 21% des Français ont ouvert un livret d’épargne en 2018 et 12% ont souscrit un contrat d’assurance vie. Ce dernier constitue l’autre produit bancaire d’épargne privilégié par les Français. L’étude Audirep/Banque de France indique qu’un quart des répondants a mis de l’argent sur un contrat d’épargne en assurance vie au cours des 12 deniers mois (29% des couples avec au moins un enfant à charge). La Fédération française de l’assurance (FFA) chiffre à 22,4 milliards d’euros la collecte nette de l’assurance vie en 2018, dont 21,1 milliards d’euros pour les unités de compte, c’est-à-dire des placements plus risqués.

Finalement, ce dernier chiffre indiquerait que les épargnants français seraient plus enclins à choisir des supports financiers non garantis en capital. Là encore, ce n’est pas le cas, car les unités de comptes représentent 28,2% des versements (28,8% en 2017) contre 71,8% pour les fonds en euros à capital garanti (71,2% en 2017). L’aversion au risque des Français demeure la norme : seulement 19% songent à investir dans les actions selon un récent sondage Odoxa/LinXea pour Les Echos, quand 47% clament qu’ils n’iront « certainement pas ». Ils sont aussi 47% à avouer leur peur de perdre de l’argent, alors que « 7 Français sur 10 ne pensent pas que placer son épargne en Bourse offre de meilleures opportunités de rendement » relève Odoxa.

Les Français boudent des produits boursiers

Le rapport Audirep/Banque de France confirme cette aversion : 7% des Français ont investi dans des actions et des parts de société sur les 12 derniers mois et 6% dans des obligations ou des dépôts à termes ou SICAV/FCP. Dans l’étude SAB/CGI/NextContent, 10% du panel a acheté ou vendu des obligations ou des actions en 2018, et 3% des FCP ou des Sicav. Antoine Delon, président de LinXea, constate : « Sans grande surprise, cela confirme ce que l'on sait du comportement d'épargne des Français : un comportement dicté par une prudence excessive, bien plus que par une espérance de gains potentiellement élevée ».

Cette prudence excessive se formalise même dans les 28% de Français qui disent avoir conservé de l’argent liquide chez eux au cours des 12 derniers mois à des fins de thésaurisation (Audirep/Banque de France). Cette proportion grimpe chez les plus jeunes : 44% des 18-24 ans, 38% des 25-34 ans. Globalement, les 25-34 ans sont les personnes qui réalisent le plus d’opérations pour épargner. Ils sont plus nombreux à déclarer avoir un objectif financier notamment en vue d’un achat immobilier, avec une césure après 45 ans, pour se constituer un patrimoine ou pour répondre à une dépense spécifique (achat de voiture, financement des études des enfants, etc.). L’objectif de préparer sa retraite est logiquement plus présent chez les 55-64 ans (12% contre 6% en moyenne).

Cependant, peu importe l’âge, l’épargne demeure principalement motivée par la peur de manquer d’où la grande notoriété des produits comme les livrets d’épargne (83%), le compte courant (81%), les PEL-CEL (73%) et l’assurance vie (66%).



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