Financement de leur retraite : une source d'inquiétudes pour les Français

Financement de leur retraite : une source d'inquiétudes pour les Français

Seul un quart des Français affiche leur confiance dans le financement de leur retraite selon le rapport de la Banque de France publié en mars 2019. Une tendance que confirme le récent baromètre Ipsos/Cercle des Épargnants indiquant que 83% ont peur de manquer d'argent.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 11 Avril 2019

Retraite : un tiers des Français s'appuie sur une épargne complémentaire

24%, c’est le pourcentage de Français sondés dans l’enquête menée dernièrement par le cabinet Audirep pour la Banque de France qui se dit confiant à l’endroit du financement de leur retraite. Outre ce pessimisme, le sondage montre que l’incertitude a tendance à croître tout au long de sa vie active (27% chez les 18-24 ans, 39% chez les 25-34 ans, 47% chez les 35-44 ans, 50% chez les 45-54 ans) avant de redescendre (42% chez les 55-64 ans et 30% chez les 65-80 ans).

Comment les Français envisagent-ils le financement de leur retraite ? A cette question, ils sont un tiers à dire se constituer une épargne complémentaire en vue de leur retraite. Parmi les options choisies, les revenus issus de plan d’épargne retraite (assurance vie, Perp, Perco, etc.) arrivent en tête avec 14%, devant les revenus des actifs financiers ou non financiers (dividendes, investissements locatifs, etc.) avec 6% et la vente d’actifs financiers via la bourse (actions, obligations, FCP) avec 5%.

Le financement de la retraite est majoritairement assuré par les caisses de retraite pour les salariés du secteur privé (45%), de la fonction publique ou d’un régime spécial (21%), ou pour les travailleurs indépendants (9%). D’autres comptent sur leurs économies (22%), la poursuite d’une activité rémunérée (9%), le soutien financier du conjoint/partenaire (8%) ou des proches familiaux (3%), la vente de certains biens non financiers (5%). Plus d’un tiers des retraités (35%) précisent disposer d’un complément de revenu.

Passage à la retraite : des Français inquiets

Le passage à la retraite est une période transitoire qui inspire de l’inquiétude chez 34% des Français, notamment chez les moins de 25 ans (40%). Ce niveau d’appréhension coïncide avec la méconnaissance sur les produits d’épargne à privilégier (36%). Le rapport montre que 55% des sondés actifs ont une idée plus ou moins précise du montant de leur pension de retraite : 13% une bonne idée (17% chez les hommes, 22% chez les CSP+), 20% une idée assez juste (23% chez les hommes, 28% chez les CSP+) et 22% une idée assez vague (26% chez les CSP-).

Il est intéressant de croiser ces chiffres avec le baromètre 2019 réalisé par Ipsos pour le Cercle des Épargnants « Les Français, l’épargne et la retraite ». Plus de 7 français sur 10 se disent inquiets quand ils se projettent. Quelles sont les raisons ? La peur de manquer d’argent arrive en tête (83%), alors que paradoxalement 56% des retraités actuels estiment leurs revenus suffisamment élevés. Les Français placent d’ailleurs la retraite comme objectif de financement prioritaire (63%) devant l’assurance maladie (40%) et la dépendance (35%).

Si les sondés doutent de la solidité et de la pérennité du système de retraite (83%), ils rechignent à vouloir faire des efforts : 46% ne désirent pas hausser le niveau de montant de leurs cotisation et 62% ne veulent pas reculer l’âge de départ à la retraite. Toutefois, ils sont 84% à prétendre accepter une baisse du montant de leur pension de retraite. En termes de produits d’épargne, l’assurance vie est toujours prisée (35%), devant les livrets réglementés et les CEL/PEL. Les placements à risque sont boudés : 55% des répondants veulent un placement sans risque bien qu’il rapporte peu.

Une meilleure éducation financière pour de meilleurs arbitrages

Face à une certaine méconnaissance des produits d’épargne et à la complexité du système de retraite français, un effort de pédagogie doit être fait. A ce titre, certaines idées fleurissent à l’image du professeur de finance à l’Edhec, Lionel Martellini, qui invite à la création d’une agence publique. Son but : accompagner les Français dans leurs arbitrages.

Lionel Martellini rappelle «  L'augmentation de la durée de vie combinée à une baisse tendancielle du taux de natalité aboutit à un accroissement rapide du ratio de dépendance, passé de 24,5 % en 1975 à 33,3 % en 2015 et programmé pour dépasser les 52 % en 2050. ». La solidarité nationale est par ailleurs plombée par le contexte économique qui laisse peu de marge de manœuvre.

Le directeur de l'Edhec Risk Institute, groupe de réflexion universitaire dans le domaine des solutions d'investissement, pointe le décalage entre l’encours total des produits d’épargne retraite (Perp, Perco) de 220 milliards d’euros, bien loin des encours respectifs de l’assurance vie (1700 milliards d’euros) et des livrets réglementés (400 milliards d’euros). En attendant les éventuelles avancées de la loi Pacte sur cette problématique, Lionel Martellini plaide pour le lancement d’une campagne de sensibilisation et des cours d’éducation financière.



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