Banques et FinTech, dos à dos ou main dans la main ?

Banques et FinTech, dos à dos ou main dans la main ?

Les banques ont d'abord snobé les Fintech qui claironnaient vouloir révolutionner - ou disrupter selon le terme à la mode - le secteur, avant qu'elles ne comprennent l'urgence de se lancer dans la recherche et l'innovation. Le régulateur, lui, réfléchit au meilleur cadre possible.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 21 Mai 2019

Décryptage de la relation entre les banques et les FinTech

De l’intrapreneuriat aux incubateurs boites à idées

La coopération entre les banques et les acteurs de la Fintech est désormais la norme. Si elle peut se traduire par des rachats ou des prises de participation, cette coopération passe aussi par un partenariat au sein d’incubateurs favorisant notamment l’intrapreneuriat. De BNP Paribas à la Société Générale en passant par le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel, tous les grands groupes de banques traditionnelles françaises investissent ce champ qui vise à créer de nouveaux services et à les mettre rapidement en production.

Le patron de la Société Générale, Frédéric Oudéa, affirme : « cette révolution technologique est d’abord une révolution culturelle. On transforme de manière fondamentale des métiers historiques. ». La banque de La Défense a mis en place un programme d’intrapreneuriat pour industrialiser la culture de l’innovation en interne. Résultat : 60 Fintechs lancées depuis 2017 dont 36 sont toujours en vie. Pour Frédéric Oudéa, il s'agit du « plus grand programme d'intrapreneuriat mis en place par un grand groupe, dans son ampleur et dans les moyens d'accompagnement mobilisés ».

LCL prospecte des idées neuves sur le thème des « solutions qui faciliteront la vie dans la ville de demain », en organisant son tout premier « start-up day » qui se présente sous la forme d’un concours de pitch. De cette boite à idées, « nous allons vérifier jusqu'au 3 juin leur faisabilité sur le plan de la conformité, et notre capacité [à les intégrer techniquement], afin de viser une mise sur le marché rapide », explique Michel Mathieu, directeur général de LCL.

Fintechs : une régulation axée sur l’activité

Singapour est une des grandes places financières du monde qui s’est dotée d’un programme gouvernemental au nom explicite de « Smart Nation ». L’Autorité monétaire de Singapour est un des régulateurs les plus attentifs sur les sujets de l’innovation. Son directeur général, Ravi Menon, milite pour une régulation des Fintech centrée sur l’activité et non sur la catégorie d’identité arguant qu’on « ne peut pas ne pas réguler, ce ne serait pas sûr, mais on ne peut pas surcharger de régulation non plus ».

Comme Londres, Singapour a mis en œuvre le dispositif spécifiquement réservé aux startups de « bac à sable » ou « sandbox ». L’idée est de permettre à l’innovation d’éclore dans un cadre réglementaire moins corseté. Ravi Menon mentionne en exemple une Insurtech qui vérifie, grâce à l’intelligence artificielle, si les clients possèdent des risques non couverts. Il s’avère préférable de tester l’outil d’abord sur quelques centaines de souscripteurs plutôt que de le lancer directement au grand public. En France, cette approche est appelée proportionnalité.

Banques et géants du web : la question de la réciprocité de l’accès aux données

Le Directeur général de l’Autorité monétaire de Singapour se montre plus critique vis-à-vis de la directive européenne sur les services de paiement (DSPS2) : « Si les Amazon et autres PayPal sont autorisés à accéder aux données de comptes de BNP Paribas par exemple, ils vont devenir redoutables ! Les banques ont-elles accès aux données d'e-commerce, est-ce que cela marche dans les deux sens ? Il y a là une question de règles de concurrence équitables et de réciprocité. ».

A ce titre, le régulateur doit jouer les intermédiaires entre les acteurs comme le souhaite Ravi Menon, « afin que les systèmes puissent communiquer entre eux, à un niveau national et rapidement international, même si cela demande des expérimentations ». Son action vise à la collaboration et à l’interopérabilité, rappelant que les Fintech ne sont pas des banques : « elles ne proposent qu’une partie de l’activité, et ne peuvent donc pas être régulées comme des banques. Les régulateurs doivent s’adapter, segmenter les différentes tâches dans la chaîne des paiements et des autres activités, dépôts compris, les différents risques, et comprendre tout cela séparément. ».



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