Transformation de la Société Générale, réussir ou...

Transformation de la Société Générale, réussir ou...

La Société Générale mise sur sa stratégie de banque intégrée pour parvenir à calmer les doutes sur sa solvabilité et éviter d'attiser les convoitises. Pour mener à bien sa transformation, 96 % des actionnaires ont choisi de reconduire Frédéric Oudéa, un patron sous surveillance.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 03 Juin 2019

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Taux bas, réglementation, bourse : la Société Générale sérieusement secouée

Le climat dans le secteur bancaire est nuageux, et même orageux du côté de la Société Générale. La banque de La Défense pâtit du croisement voire de la conjugaison de plusieurs facteurs : la politique accommodante de la Banque centrale européenne (BCE) dite des taux bas, le trou d’air des marchés boursiers, l’instauration de nouvelles règles comptables et le durcissement de la vigilance de l’autorité de supervision. Résultat : la défiance des investisseurs à l’endroit de la capitalisation boursière de La Société Générale s'épaissit.

Un cours en bourse en repli de 20 % en 10 ans

Sur la dernière décennie, l’action de la banque a concédé un net recul de 20 % (hors dividende), accéléré sur l’année passée (-39 % contre -21 % pour le secteur bancaire européen). Les investisseurs s’interrogent donc sur la pérennité de la politique de dividende à cause d’un manque de fonds propres, les sanctions américaines ayant ponctionné près de 3 milliards d’euros dans le chiffre d’affaires de la Société Générale. Le ratio CET1 s’élève à 11,2 % fin 2018, alors qu’il doit atteindre 12 % en 2020. Autant d’efforts à consentir qui pèseraient sur le cours de l’action du groupe bancaire.

La banque intégrée comme fil d’Ariane

En réponse, la Société Générale multiplie les initiatives. L’objectif est de redresser la barre tout en gardant la trajectoire de banque universelle intégrée. Pour rappel, la stratégie repose sur trois pôles : la banque de détail domestique, les services financiers et banque de détail à l’international, et la grande clientèle. La banque souhaite avant tout lever les doutes sur sa solvabilité en enchainant les cessions ayant pour but de dégonfler la taille des actifs pondérés des risques. Les premiers résultats tombent : une progression de cette solvabilité à 11,7 % en un trimestre.

Vers un retour de la croissance du PNB

Pour contrer des revenus en berne, la Société Générale veut optimiser son efficacité opérationnelle. Cela concerne notamment la banque de détail avec en guise d’espoir une promesse de croissance du produit net bancaire pour 2020, donc un effet positif attendu sur la rentabilité. Parallèlement, les activités de grande clientèle se réorganisent pour « sortir des zones où nous aurons du mal à être suffisamment rentables [et] nous concentrer là où nous avons gardé la taille critique et des positions de leadership, notamment dans les solutions de financement actions » dixit Frédéric Oudéa, questionné par Le Revenu.

Valorisation faible : les craintes d’opérations hostiles écartées

Le Directeur Général réfute en revanche l’idée que la Société Générale soit trop petite par rapport à certains établissements notamment américains, ce qui l’obligerait à prendre des risques plus importants. L’hypothèse d’une fusion est-elle néanmoins envisageable ? La banque écarte toute opération hostile en raison de la complexité d’une telle stratégie. Pourtant, la valorisation est actuellement faible, avec un cours capitalisant 6,8 fois les résultats nets escomptés en 2019 (6,2 fois en 2020). Il s’élève même à seulement 44 % de la valeur des fonds propres tangibles.

La question de la consolidation repoussée à 2021

Pour l’heure, Frédéric Oudéa fixe l’horizon à 2021 pour s’interroger sur l’intérêt d’une consolidation quand « on y verra plus clair sur l’environnement politique, financier et réglementaire » évoquant en filigrane l’application des règles Bâle IV. En attendant, la Société Générale peut s’appuyer à la fois sur la performance de l’activité de financement des grandes clientèles et la bonne tenue des activités de services financiers spécialisés et de banque de détail à l’international qui ont concouru à 46 % du résultat net des métiers en 2018.

Boursorama Banque comme source de croissance

La Société Générale peut aussi compter sur le levier de croissance que représente sa filiale Boursorama Banque. La banque en ligne revendique 1,8 million de clients à la fin du mois d’avril dernier, la classant numéro un en termes de portefeuille client loin devant la concurrence directe (ING plafonne à 1 million de clients). Boursorama Banque a pour ambition de continuer à passer des paliers : 2 millions de clients fin 2019 et 3 millions l’année suivante. La banque en ligne estime à 30 % sa part de marché dans les néobanques. Seule la rentabilité du modèle économique de la banque en ligne interroge, avec des déficits chroniques liés en partie à une politique tarifaire agressive et des coûts promotionnels importants.

Un pas aussi vers la prise en compte de la transition climatique

Autre changement sur son image régulièrement écornée par les lobbyistes environnementaux : la Société Générale vient de s’engager à ne plus délivrer de produits et de services aux entreprises dont plus de la moitié de l’activité est issue de l’exploitation du charbon thermique ou n’ayant pas entamé leur transition. Pour rappel, la banque de La Défense apparaît en 25ème position dans la liste établie par l’ONG Europe Beyond Coal qui dénonce les soutiens au charbon en Europe. Toutefois, le chemin de la rédemption est long, la Société Générale apparaissant en tête des banques françaises en matière de soutiens à d'autres secteurs dangereux pour le climat : sables bitumineux, hydrocarbures de schiste, gaz naturel liquéfié, forages en eaux très profondes et en Arctique.



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