Evolution du taux du Livret A : une question sous influence politique

Evolution du taux du Livret A : une question sous influence politique

Peu importe l'environnement socio-économique ou les incitations politiques, la constance des Français à placer leur épargne sur le Livret A ne se dément pas. Pourtant, une baisse possible du taux d'intérêt de 0,75% à 0,50% est dans les tuyaux. Date butoir : 1e février.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 07 Janvier 2020

Evolution du taux du Livret A : une question sous influence politique

Le réflexe de l’épargne de précaution plutôt que de la consommation

14,24 milliards d’euros, c’est la somme déposée par les Français sur leur Livret A, au cours des onze premiers mois de l’année 2019. Ce chiffre montre une progression sur un an de 49%. En novembre dernier, la collecte nette a atteint 610 millions d’euros, d’après les chiffres publiés par la Caisse des Dépôts et Consignations. Une période des fêtes de fin d’année généralement peu propice au Livret A. D’ailleurs, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) se caractérise par sa stabilité. Il semblerait bien que la hausse du pouvoir d’achat des Français, obtenue suite à la crise dite des Gilets Jaunes début 2019, soit venue alimenter l’épargne de précaution plutôt que la consommation.

Le Livret A au rendement réel négatif

Au regard des chiffres de novembre, il y a « un vrai mouvement de fonds. Les comportements ont changé » pour le directeur du Cercle de l’Epargne, Philippe Crevel, qui ajoute que le Livret A « reste malgré tout un bon investissement ». Un propos qui peut étonner quand on sait que la rémunération actuelle du Livret A est gelée depuis des années à 0,75%. Inférieur à l’inflation (1% en novembre), le taux du placement préféré des Français affiche même un rendement réel négatif. De même, ce rendement est toujours inférieur à l’autre produit d’épargne favori des Français : l’assurance vie en fonds euros. Reste que ce dernier placement voit son taux d’intérêt s’éroder au fil des ans, plombé par l’environnement des taux historiquement bas. Au tour du Livret A ?

Baisse prévue du taux du Livret A à 0,50%

L’aversion au risque des épargnants français n’est plus à démontrer. Les placements liquides, garantissant le capital, sont automatiquement privilégiés, ce qui devrait faire perdurer le mouvement de collecte nette du Livret A. Toutefois, l’entrée en application de la nouvelle formule, au 1er février, pourrait légèrement infléchir la donne. Cette dernière, basée sur l’inflation et le taux interbancaire (EONIA), devrait théoriquement faire tomber le taux du Livret A de 0,75% à 0,35%. Théoriquement seulement, car la question est sensible politiquement avec la tenue des élections municipales en mars prochain. L’idée d’un plancher à 0,50% est actuellement la tendance la plus attendue, même si la question n’est pas tranchée. Preuve est en, la forte mobilisation des députés de la majorité comme celle de Jacques Savatier (Vienne) qui pense « qu’il faut tout faire pour faire en sorte que l'épargne soit rémunérée au plus près de l'inflation puisqu'il ne s'agit pas d'une épargne qui vise la spéculation, mais tout simplement à rémunérer une épargne de précaution ».

Derrière le Livret A, la question du financement des logements sociaux

Paradoxalement, la rémunération plutôt élevée du Livret A, dans un contexte des taux bas, pénalise la compétitivité de la Caisse des dépôts. Celle-ci utilise l’argent collecté du Livret A pour attribuer des prêts qui servent au financement de la construction et de la rénovation des logements sociaux. En maintenant un taux élevé, la CDC devient moins compétitive par apport aux autres solutions de prêts bancaires traditionnels. Heureusement, face à la concurrence, la CDC dispose d’un atout : elle est la seule à pouvoir proposer des financements sur des emprunts à 50 ans. Mais là encore rien n’est gagné, car l’institution financière publique peine à dénicher des projets à soutenir sur des périodes aussi longues.

Alors, maintien ou pas du taux du Livret A en 2020 ? Le gouvernement dévoilera sa décision mi-janvier, suite aux recommandations de la Banque de France, avant une application au 1er février.



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