Agences bancaires en France : on ferme mais moins qu’ailleurs
La réduction du réseau des grands groupes bancaires fait régulièrement l’actualité. Elle inquiète même les habitants de communes rurales qui font le constat amer d’un recul des services de proximité. Toutefois, les chiffres montrent que les banques françaises ont été moins dynamiques sur ce sujet que leurs homologues étrangères. Selon une récente étude Sia Partners, 3% des agences ont baissé le rideau dans l’hexagone, entre 2014 et 2018. En perdant 1100 points de vente, le parc des agences bancaires en France rassemble 36 519 unités. On est loin des scores affichés sur la même période en Allemagne (-21%), en Espagne (-18%) et en Italie (-17%).
La crainte de perdre des clients contre la rationalisation des coûts
Les établissements français savent la force de disposer d’un réseau d’agences bancaires de proximité, en zone rurale comme en zone urbaine. C’est un des principaux points différenciants par rapport aux banques dématérialisées. Pour Marin Delattre, consultant chez Sia Partners, « une fermeture d'agence, surtout en milieu rural, génère mécaniquement une importante attrition, les clients préférant changer d'établissement plutôt que de suivre leur banque historique ». Ainsi, les banques mutualistes comme le Crédit Agricole (-2,7%), la Caisse d’Epargne (-1,4%) et le Crédit Mutuel (-1%) ont quasiment conservé leur présence. C’est moins le cas chez les banques commerciales : -12% pour la Société Générale, -11% pour BNP Paribas, -10,5% pour LCL.
Les nouveaux formats d’agences bancaires
D’après Sia Partners, le mouvement devrait s’accélérer dans les années à venir. Aux banques de réseau de trouver le juste équilibre entre les coûts de fonctionnement et la qualité du service. Car le conseiller bancaire humain prime toujours dès que les opérations bancaires se complexifient. La fermeture des agences bancaires n’est donc pas la seule option. D’autres formes d’agences émergent : agences franchisées, agences partagées, agences spécialisées. Les exemples à l’étranger se multiplient. En Suisse, UBS ouvre des murs d’automates, les DAB disparaissant au profit de tablettes numériques et d’ordinateurs. En Belgique, le réseau de franchisés est un modèle qui se développe, tandis qu'en Allemagne, ce sont les agences multimarques qui sont testées.
Nickel, le visionnaire
Parmi les néobanques qui ont fait de l’absence d’agences bancaires physiques leur force, Nickel est sans conteste iconoclaste. Les clients de la banque mobile ouvrent leur compte dans les bureaux de tabac partenaires. L’offre à bas coût (20 euros par an), sans barrières à l’entrée, rencontre un réel succès : 1,5 million de comptes Nickel ouverts depuis 2014. L’engouement est tel que BNP Paribas a racheté Nickel en avril 2017. L’offre est toutefois restreinte (RIB, carte de paiement MasterCard, dépôt de chèques) du fait notamment que Nickel soit seulement un établissement de paiement (pas de chéquier, de crédits, de produits d’épargne). Egalement plus flexible que ses concurrentes en termes de contrainte de solvabilité, Nickel profite des synergies avec sa maison mère pour s’attaquer à de nouveaux marchés (Espagne). La banque sans agence aspire même à s’implanter là où les agences bancaires ferment. « D’ici à 2024, Nickel vise les 10 000 points de vente, ce qui en ferait le premier réseau de distribution de comptes bancaires en France », dixit son président, Thomas Courtois.