Révolution à la Société Générale

Révolution à la Société Générale

Société Générale fusionne son réseau de banque de détail avec celui de sa filiale Crédit du Nord. Le but : faire de substantielles économies par synergie. Mais, pour séduire les investisseurs, sa capacité à attirer des clients reste centrale. Un rôle dévolu à Boursorama.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 14 Décembre 2020

Révolution à la Société Générale

Réduire ses coûts structurels

La Société Générale vise à baisser la base de ses coûts d’environ 350 millions d’euros à l’horizon 2024. Cet objectif est même rallongé à 450 millions d’euros pour 2025 par rapport à 2019. Pour y parvenir, la Société Générale vient d’annoncer l’articulation de son réseau bancaire avec celui de sa filiale Crédit du Nord. Cette fusion crée ainsi un nouvel ensemble de dix millions de clients.

Surtout, l’opération laisse entrevoir des économies importantes en matière de fonctionnement et de synergie. C’est notamment le cas de la mise en place d’un système informatique unique pour le premier semestre 2023. Autres initiatives : le regroupement des fonctions centrales et une optimisation du maillage de réseaux. L’établissement souhaite s’alléger de 600 agences. Le réseau passerait ainsi de 2100 agences à 1500 à la fin de l’année 2025.

Pas de licenciement prévu

Dans son communiqué, la Société Générale informe que les deux conseils d’administration ont donné leur aval pour ce projet de rapprochement « après une première étape réussie de transformation des deux réseaux ». Les syndicats s’émeuvent de ce mouvement souvent synonyme de plans de départ. Or, Sébastien Proto, directeur général adjoint du groupe, rassure en indiquant qu’il n’y aura « aucun licenciement, aucun départ contraint ».

Rappelons que le groupe bancaire avait déjà décidé de réduire la voilure de ses effectifs en annonçant, en avril 2019, vouloir supprimer 1600 postes, dont 750 en France, via des départs volontaires. Ici, l’opération concerne entre 650 et 700 postes sur les 40 000 employés en France (138 000 dans le monde). Toujours dans son communiqué, la banque précise que « ce projet sera soumis à la consultation des partenaires sociaux et à l’accord des autorités compétentes ».

Agences bancaires : supprimer les doublons

La fusion des réseaux ne signifie pas pour autant que la banque se retire de certains territoires en fermant des agences. En réalité, il s’agit surtout de faire la chasse aux doublons, ce qui permet à la fois de réduire le nombre d’agences tout en conservant une empreinte territoriale et une proximité géographique. Ce nouveau modèle doit être opérationnel au premier semestre 2023.

Il doit permettre au groupe d’être « plus offensif en matière commerciale en capitalisant sur les forces respectives des deux enseignes sur ses clientèles cœur, en développant pour ses clients une approche plus personnalisée en matière de produits et de services, et en renforçant ses partenariats et ses initiatives commerciales en matière d’épargne et d’assurance ». L’établissement devra aussi présenter une rentabilité des fonds propres normatifs Bâle III aux alentours de 11% à 11,5% en 2025 (soit plus de 10% en régime Bâle IV).

Boursorama Banque : 4,5 millions de clients pour 2025

L’actualité de la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord a été l’occasion d’affirmer les nouveaux objectifs pour la filiale Boursorama Banque. En avance sur ces temps de passage (2,5 millions de clients fin 2020 contre 2 millions escomptés), la banque en ligne vise la barre des 4,5 millions clients dans cinq ans. Un autre jalon est posé à 4 millions dès 2023 (soit un portefeuille multiplié par deux en trois ans).

Le groupe bancaire souhaite hisser Boursorama Banque à maturité pour atteindre un niveau de rentabilité élevé. La banque en ligne cible un résultat net de 100 millions d’euros en 2024 et le double en 2025, ce qui représente une rentabilité sur fonds propres normatives supérieure à 25% en régime Bâle IV. Si elle veut séduire les investisseurs, la Société générale doit certes baisser ses coûts mais avant tout retrouver une réelle conquête commerciale. Et Boursorama Banque est au cœur de cette stratégie.

Lancement du pack Ultim Metal à 9,90 €/mois

La filiale de la Société Générale enregistre 400 000 nouveaux clients en 2020 malgré la crise sanitaire (+120 000 en septembre-octobre), dont 55% de clients de moins de 30 ans lors du troisième trimestre. Boursorama Banque revendique également 39 milliards d’euros d’encours et continue d’investir. Elle lance actuellement une nouvelle offre packagée haut de gamme Ultim Metal à 9,90 €/mois.

L’établissement en profite pour revoir son offre de cartes bancaires pour 2021. La carte Visa Premier est désormais supprimée et remplacée par la carte Visa Ultim en débit différé (sans condition de revenu) ou immédiat (soumis à des conditions de revenus). Les titulaires n’ont plus accès à la gratuité sur les retraits en devises (1,69% du montant) sauf pour les trois premières opérations mensuelles. Enfin, la carte Visa Classic n’est disponible que dans l’offre Welcome comme carte à contrôle de solde.  

Devenir le champion de France du conseil en épargne

La Société Générale est également devenue le premier grand réseau bancaire généraliste à ouvrir son architecture pour permettre, dès le premier trimestre 2021, à des gestionnaires externes de distribuer leurs produits financiers. On peut citer La Financière de l’Echiquier, BlackRock, Mirova, DNCA, Primonial REIM et Lyxor. Auparavant, seuls les produits pilotés par Amundi étaient accessibles. L’objectif pour la Société Générale est de devenir le numéro un en France du conseil en épargne, avec un accent mis sur l’investissement responsable qui attire de plus en plus de monde.

En attendant, si la fusion Société Générale-Crédit du Nord permet des économies, la croissance pour Boursorama Banque s’accompagne de coûts marketing incompressibles : 230 millions de déficits en cumul sur la période 2021-2023. Une facture ponctuelle qui n’érode pas pour autant le futur dividende des actionnaires (0,72 euro, +4% en 2021), qui reste calculer sur le résultat hors exceptionnel.



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