Les ETF sont-ils l'avenir de l'investissement ?

Les ETF sont-ils l'avenir de l'investissement ?

Depuis la cotation du premier exchange-traded fund en 1990, jusqu'à l'émission, début 2024, des premiers ETF Bitcoin, les ETF se sont imposés au premier rang du monde de l'investissement. Quels sont leurs atouts ? Comment sélectionner les ETF qui vous conviennent ? Et comment profiter de la grande variété de thématique
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Rédigé par Jordan BELGRAVE

le 22 Février 2024

Les ETF sont-ils l

Avec près de 11.000 milliards de dollars d’encours en 2023 au niveau mondial, ces outils d’investissement sont particulièrement recherchés aux États-Unis, où 50 % des investissements financiers réalisés tous les ans passent par des ETF, et le sont chaque année davantage en Europe, où plus de 7 millions d’Allemands ont déjà investi dans au moins un ETF.

Pourquoi un tel succès ?

Leur succès initial repose sur plusieurs caractéristiques :

  1. Une gestion dite « passive » qui permet des frais de garde très bas au regard d’autres outils d’investissement, et une concurrence entre émetteurs d’ETF qui contribue à une baisse de ces frais. Les ETFs disposent de frais bas
  2. Aucun minimum de souscription
  3. Une grande transparence dans le contenu des paniers d’actions, tant pour les ETF répliquant les grands indices de type S&P 500 que pour les ETF sectoriels et thématiques.
  4. Des performances en gestion « passive » supérieures à la performance de la grande majorité des gestionnaires d’actifs.

Comment fonctionne un ETF ?

Les ETF répliquent fidèlement les variations de paniers de titres, à la hausse comme à la baisse, raison pour laquelle ils sont également dénommés trackers. Dans sa version la plus simple, un ETF sur le Dax (l’équivalent allemand du CAC 40) reproduit la composition du DAX, avec les mêmes titres dans les mêmes proportions, et restitue ainsi sa performance. Seuls sont déduits les (faibles) frais de gestion et les coûts d’achat et de vente des titres. Avec les performances des indices de ces 15 dernières années, quoi de plus simple que de répliquer leur performance ?

Croissance du Dow Jones et du CAC

Les croissances exubérantes du Dow Jones (en bleu) du Dax (en orange) et du CAC (en rouge). Base 100 en 2009

Néanmoins, rien ne garantit que cette tendance persiste. Autre avantage, contrairement aux fonds indiciels, qui sont négociés en bourse mais avec, en général, une seule valorisation à la clôture des marchés, les ETF peuvent être achetés ou vendus tout au long de la journée. Il est donc possible de savoir précisément à quel prix est effectuée votre transaction.

Réplication physique ou synthétique ?

Les ETF à réplication physique détiennent réellement les titres qui le composent. Par contre, la nécessité de procéder à des achats et des ventes de titres vont engendrer des frais qui réduiront la performance finale de l’ETF. À l’inverse, les ETF à réplication synthétique sont construits sur la base de produits dérivés (swaps, contrats à terme,...).

Le « swap » en question est un contrat entre l’émetteur de l’ETF et une contrepartie, le plus souvent une banque d’investissement, qui s’engage à restituer la performance du panier d’actifs « tracké ». Bien que le suivi de la performance est encore plus optimal avec ces ETF « synthétiques », ceux-ci peuvent être moins rassurants lorsque l’on préfère que son gestionnaire d’actifs possède réellement les titres sous-jacents.

Quels critères de choix ?

Comme pour tout type d’investissement, choisir un ou des ETF requiert de faire sa propre recherche sur l’évolution historique et la volatilité moyenne des actifs sous-jacents. Quant aux trackers, ils se distinguent par :

  • Les frais de gestion : différents selon que l’ETF est généraliste ou sectoriel.
  • La Bourse où il est côté : influe sur les frais de transaction.
  • La devise : implique un risque de change si vous êtes hors zone euro.
  • L’émetteur : plus ou moins solide et réputé.
  • Les dividendes : sont-ils distribués ? capitalisés ? selon quelle régularité ? Chaque émetteur d’ETF choisit en général une date annuelle pour la distribution des dividendes de son fonds (ces informations sont disponibles sur le site de l’émetteur ou dans le DICI1), avec une différence notable néanmoins avec les actions : alors qu’il suffit d’avoir acheté une action la veille de sa distribution pour toucher un dividende, il faut généralement avoir acheté un ETF quelques semaines avant la distribution du dividende pour pouvoir en profiter.

Baisse du CAC 40 avec dividendes réinvestis

Le CAC 40 avec dividendes réinvestis (en bleu) a très nettement distancé le CAC 40 (en orange). Base 100 en 2009

Comprendre le nom d’un ETF

Les éléments principaux du libellé d’un ETF sont :

  1. Le nom de l’émetteur (Amundi, iShares...) ;
  2. L’indice boursier répliqué (Nasdaq, CAC 40, DAX 40) ;
  3. De manière optionnelle, une stratégie (Value, Growth, Volatility...) ou une thématique (ESG...) ;
  4. « Acc » ou « C », si les dividendes sont capitalisés ; « D » ou « Dis » ou « Dist » si les dividendes sont distribués ;
  5. L’intitulé UCITS indique qu’ils répondent aux règlements européens en ce qui concerne la diversification et la transparence.

Exemple : Amundi MSCI Europe Growth UCITS ETF – EUR (C)

Traduction : L’émetteur Amundi propose un ETF sur l’indice MSCI Europe (485 entreprises grandes et moyennes localisées en Europe) avec un axe sur les valeurs de croissance, une capitalisation des dividendes et un agrément UCITS

La grande diversité des ETF :

Les ETF thématiques

Les ETF sectoriels et thématiques offrent une diversification extrêmement large et souvent très bien conçue. Premier type, la déclinaison des grands indices sur différents axes : entreprises de petite, moyenne ou grande taille, ESG, santé, finance, technologie,... Deuxième type, la réplication d’indices sectoriels existants, comme, parmi bien d’autres, le DJ Stoxx 600 Telecommunications Price, le FTSE E300 Engineering & Machinery, ou bien le S&P Commodity Producers Oil & Gas Exploration & Production. Ces indices sectoriels représentent une possibilité parmi d’autres pour surperformer le marché.

Indice du secteur des biens de consommation comparé au S&P 500

Indice du secteur des biens de consommation (en bleu) comparé au S&P 500 (en orange). Base 100 en 2009

Troisième type, un ETF construit par un émetteur d’ETF autour d’une thématique précise. Il est ainsi possible d’investir dans la conquête spatiale, la décarbonation, le réchauffement climatique, les véhicules électriques par exemple, et bien d’autres encore… Ces ETF sectoriels sont souvent conçus de manière à intégrer l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Celui sur les véhicules électriques peut ainsi combiner une exposition aux producteurs automobiles (Tesla, BYD,...), aux fabricants de batteries, aux fournisseurs d’énergie ou encore aux entreprises de distribution d’électricité ou de borne de recharge, autant d’acteurs qu’un émetteur d’ETF se charge d’identifier, d’analyser et de combiner pour proposer le meilleur potentiel de performance sur la thématique.

Les ETF à effet de levier

Une manière de surperformer les grands indices consiste à les jouer avec un effet de levier. Certains ETF sur les grands indices proposent donc des leviers de 2 ou 3, voire 5 ou 10 pour ce qui s’apparente plus à du trading que de l’investissement. Cependant, non seulement les risques sont évidemment proportionnels aux possibilités de gains, puisqu’une baisse de 10 % sur un indice entraîne une baisse de 20 % sur votre investissement lorsqu’il y un levier de 2. Mais, de plus, ces ETF ont des comportements qui les rendent souvent inadaptés à l’investissement de long-terme, comme le montre cette comparaison entre un ETF avec un levier de 2 et son actif sous-jacent.

ETF pétrole bien plus bas que le cours du pétrole

Le pétrole (en bleu) est à son prix de 2012 alors que l'ETF pétrole avec effet de levier (en rouge) a entretemps perdu 90% de sa valeur

Les ETF Bear ou « short »

Plutôt que d’avoir à apprendre le complexe mécanisme des shorts, les ETF Bears (ou « short ») permettent de miser sur la baisse des cours. Leur valeur augmente de manière inversement proportionnelle à celle de l’indice. Il existe même des ETF Short avec des effets de levier. À moyen et long-terme, le comportement de ces types de trackers pose les mêmes soucis que les ETF avec effet de levier. Ils sont donc à réserver à des trades s’étalant sur quelques jours ou quelques semaines. Ces ETF « short » servent souvent de « hedge » (de « couverture ») lorsque l’on possède un indice mais que l’on souhaite se couvrir contre une baisse provisoire. Un seul ordre à passer sur un ETF Short CAC 40 alors que la revente de ses titres du CAC 40 impliquerait de nombreux ordres de Bourse (et donc potentiellement des frais de courtage conséquents). Cerise sur le gâteau : étant « couvert » tout en continuant à posséder vos titres, vous pouvez toucher les éventuels dividendes de vos actions et revendre votre ETF short quand vous jugerez que la baisse a pris fin.

Les ETF sur les matières premières

Les ETF facilitent grandement l’investissement dans les matières premières de toutes sortes : métaux précieux (or, argent,…) , métaux industriels (cuivre, palladium,…), ressources énergétiques (pétrole, gaz naturel,…), produits agricoles. La diversité des trackers permet de cibler, selon vos intentions, un seul élément parmi ceux-là, une combinaison de plusieurs (or et argent ensemble, tous les produits agricoles combinés), voire même d’en rassembler un grand nombre sous le large label de « commodities ».

Les ETF permettent également une approché « dérivée » des matières premières. Car, tout comme il est possible d’investir sur les hydrocarbures en investissant le secteur de l’exploration et de la production, il est également possible d’investir dans les mines de métaux précieux. L’investissement dans telle ou telle société minière étant considéré à juste titre comme très risqué, les ETF qui regroupent les plus grands groupes du secteur permettent de jouer sur la tendance globale des métaux précieux. Avec, dans les faits, un effet de levier, car les valorisations des compagnies minières sont plus volatiles que les métaux précieux eux-mêmes.

Forte probabilité d’un supercycle des matières premières

La probabilité d’un supercycle des matières premières est importante, et les ETF permettraient d’en profiter de la meilleure manière

Un outil de diversification géographique et monétaire

Pourquoi se diversifier monétairement ? Pour se couvrir contre une hypothétique baisse de l’euro. Pourquoi se diversifier géographiquement ? Pour profiter des taux de croissance dans des zones plus dynamiques démographiquement et/ou économiquement que l’Europe.

comparaison du Nikkei japonais, du Nifty indien et de l'IPC mexicain

Le Nikkei japonais (en bleu), le Nifty indien (en vert), et l'IPC mexicain (en rouge). Base 100 en 2009

Des ETF proposent des paniers d’actions incluant de nombreux pays hors Europe. C’est le cas du plus fameux d’entre eux, le MSCI World, qui a réalisé une performance moyenne de 9,5% par an sur les 50 dernières années. Attention toutefois au contenu précis de ces ETF, qui utilisent parfois abusivement le vocable « World » alors qu’ils surpondèrent les valeurs US et notamment technologiques2.

De nombreux ETF répliquent par exemple l’indice MSCI Emerging Markets, composé de plus de 1400 titres représentant 24 pays considérés comme émergents.

Les ETF sont des instruments idéaux lorsque l’on souhaite investir sur des bourses difficiles d’accès. Pour la Chine, par exemple, vous pouvez opter pour des ETF investissant surtout dans de grandes entreprises ou dans d’autres privilégiant les entreprises locales. Vous pouvez tout autant choisir de vous diversifier vers le Japon, l’Inde, ou bien même l’Afrique.

Investir en ETF par le biais d’un PEA ?

L’unique raison pour passer par le PEA est simplement fiscale : les dividendes et les plus-values sont imposés à 17,2 % au lieu du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 %. Cependant, tous les ETF ne sont pas éligibles au PEA, Pour l’être, un ETF doit normalement :

  • Investir au moins 75% de son actif dans des actions de sociétés de l’UE ou de l'Espace économique européen (EEE)
  • Ne pas investir plus de 25% de son actif dans des titres d'une même société.
  • Ne pas investir dans des produits dérivés à des fins spéculatives. Dans les faits, par l’utilisation de la réplication synthétique, les émetteurs arrivent à rendre éligible au PEA de nombreux ETF offrant une exposition sur la plupart des grands marchés étrangers : indices globaux comme le MSCI World, mais aussi le Nasdaq-100, le S&P 500, des indices « pays émergents », le Japon, la Corée, l’Inde,...

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Pour aller plus loin

Les ETF Bitcoin

La récente mise sur le marché des ETF Bitcoin vient parfaitement illustrer l’essor des trackers. Les ETF en question ont déjà amassé plus de 9 milliards d’investissement de particuliers et d’institutionnels qui, pour beaucoup d’entre eux, attendaient ce type d’instruments pour investir dans la cryptomonnaie la plus connue et avec la plus grande valorisation. De plus, les fonds (non-ETF) qui préexistaient à ces ETF, comme le Grayscale Bitcoin Trust, ont été littéralement vidés de leurs fonds par les investisseurs en raison de leur manque de transparence et parce que leurs frais - 1,5 % - ne peuvent concurrencer les frais de gestion bien inférieurs - entre 0,19 % et 0,25 % - qui sont désormais offerts.

Beaucoup d’observateurs considèrent que cet afflux de demande en Bitcoin va amener une hausse du cours en raison, d’une part, de la stabilité de la détention par les investisseurs long terme, mais aussi, d’autre part, du fait de l’approche imminente du halving, qui va encore diminuer de moitié le minage de bitcoin. Les prochains ETF crypto pourraient concerner l’autre star de l’écosystème crypto, l’Ethereum, puisque des candidatures ont été déposées auprès des autorités américaines par les plus grands émetteurs mondiaux d’ETF.

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