Le livret d'épargne populaire, ce disparu des écrans radars des Français

Le livret d'épargne populaire, ce disparu des écrans radars des Français

Accentuer la promotion du LEP : c'est la volonté affichée par le gouvernement, alors que le rendement du Livret A flanche de plus en plus devant la montée de l'inflation. Pourtant, l'attrait du LEP réservé aux personnes aux revenus modestes ne décolle pas.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 06 Novembre 2018

Le livret d

Le LEP, un produit étonnamment délaissé

La Banque de France déplore le manque d’engouement pour le livret d’épargne populaire (LEP), estampillé produit du passé : une petite moitié des détenteurs sont désormais âgés de 65 ans ou plus. Bien que le patrimoine financier des Français ait atteint 5.014 milliards d’euros en décembre 2017 (+5,2 %), certains placements réglementaires sont délaissés. D’ailleurs, l’épargne réglementée ne représente que 733 milliards d’euros, soit 14,62 % de l’enveloppe patrimoniale des Français.

Malgré tout, à l’intérieur de l’épargne réglementée, certains produits s’en sortent mieux. C’est le cas du Livret A (+ 3,3 % entre 2016 et 2017), dont l’encours sur les trois premiers trimestres 2018 atteint 10,93 milliards d’euros. L’encours cumulé du Livret A et du LDDS culmine à 388,7 milliards d’euros à la fin du mois de septembre contre 374,9 milliards d’euros l’an passé.

Le rendement du LEP plus élevé que celui des livrets réglementés

Cette bonne tenue du Livret A et du LDDS est paradoxale quand on sait qu’en plaçant son argent sur ces livrets l’épargnant on perd du pouvoir d’achat. En effet, l’inflation est élevée (2,2 % en septembre) alors que le taux de ces livrets est gelé à 0,75 % jusqu’en 2020. Même si son rendement (1,25 %) n’est guère reluisant par rapport à l’inflation, la logique voudrait que le Livret d’épargne populaire jouisse d’un retour de flamme.

Peine perdue. Depuis une décennie, le niveau des encours s’est contracté de 30 %. En juin dernier, les fonds déposés sur les neuf millions de LEP totalisaient 44 milliards d’euros, un score inférieur aux collectes de 2017 des assurances vie, des dépôts et des autres épargnes réglementées (64,6 milliards d’euros).

Vers des conditions d’éligibilité au LEP plus gérables pour les banques

Le LEP est pourtant un placement dédié aux ménages dont les revenus sont modestes. Peuvent y accéder les personnes seules qui disposent de ressources annuelles inférieures à 19.468 euros et les couples gagnant moins de 29.863 euros par an. Le LEP est un placement entièrement défiscalisé, liquide, et son plafond est fixé à 7700 euros. Pourquoi un tel désamour ?

Les acteurs pensent que la vérification difficile des revenus annuels par les banques, donc de l’éligibilité du client, contribue à ce constat. Si 13 % de la population détient un LEP, ce serait en réalité 40 % des Français qui pourraient y prétendre. Ce désintérêt est également illustré par l’offre des banques en ligne qui exclut la souscription à un LEP sauf Hello bank! qui propose la même gamme de produits et services que BNP Paribas, sa maison mère.

L’épargne populaire au service de l’inclusion bancaire

Pour lutter contre cette lacune, la Banque de France a mis en place un suivi rapproché de la distribution du LEP par les établissements bancaires. Lors de la présentation du dernier rapport annuel de l’Observatoire de l’épargne réglementée (OER), le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a parlé d’un « produit encore trop méconnu », ajoutant vouloir « des simplifications, notamment sur le contrôle des revenus » tout en invitant en priorité à « une mobilisation des réseaux ».

Il rappellait aussi que le LEP constitue une solution qui « protège l’épargne [des revenus les plus modestes] de l’érosion de l’inflation ». Le gouvernement s’est d’ailleurs engagé à rémunérer le LEP à hauteur de l’inflation au moins. Ce discours devrait à nouveau être de rigueur le 27 novembre prochain, lors des futures recommandations de la Banque de France, engagée dans la lutte pour l’inclusion bancaire.



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