Décollecte et aversion au risque chez Amundi et consorts

Décollecte et aversion au risque chez Amundi et consorts

Ruée vers l'or et envolée du cours du Franc suisse : autant de signaux que l'aversion au risque des investisseurs grandit, ce qui engendre des décollectes en série chez les gestionnaires d'actifs au premier semestre 2019.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 22 Aout 2019

Décollecte et aversion au risque chez Amundi et consorts

Amundi toujours solide

Le leader français de la gestion d’actifs, Amundi, concède une décollecte de 12 milliards d’euros au premier semestre 2019. La filiale du Crédit Agricole pâtit de l’aversion au risque qui grandit en Europe. Son bénéfice net atteint tout de même 505 millions d’euros (+2,7 % par rapport au premier semestre 2018). Cette tendance épouse les objectifs du plan à trois ans 2018-2020 que s’est fixé Amundi : présenter un bénéfice net ajusté en 2020 à hauteur de 1,05 milliard d’euros. Le satisfecit prédomine aussi pour la rentabilité d’Amundi avec un ratio de coûts sur revenus de 51,1 %, soit un niveau bien inférieur au 53 %, seuil maximum ciblé.

Le bémol concerne la collecte qui doit s’élever à 150 milliards d’euros sur cette période. Or, avec un troisième trimestre consécutif en repli, les sorties nettes s’additionnent pour s’établir à 11,7 milliards d’euros en 2019. L’an dernier, dans le même temps de passage, le gestionnaire d’actifs avait réussi à collecter 42,4 milliards d’euros. L’aversion au risque, accélérée par la chute des marchés boursiers en décembre 2018, est la principale explication à cet attentisme. Toutefois, pour Amundi, cette forte décollecte est en grande partie provoquée par des sorties importantes de produits de trésorerie (versements de dividendes) en lien avec la saisonnalité (-13,4 milliards d’euros).

Natixis évite la contagion H20

L’aversion au risque a un impact sur l’ensemble des gestionnaires d’actifs. Ainsi, Natixis (groupe BPCE), présente une décollecte nette légèrement supérieure à 2 milliards d’euros pour les six premiers mois de 2019. Ces sorties concernent les produits de trésorerie (4 milliards d’euros) et surtout H20 (5,6 milliards d’euros). Cette société de gestion britannique, détenue à 50,01 % par Natixis, a traversé une tempête en juin, suite à la suspension de la notation d’un de ses fonds obligataires par Morningstar. En cause : les craintes sur la liquidité d’obligations privées constituant sa partie crédit. L’hémorragie semble stoppée avec une collecte positive en juillet (3 milliards en net hors trésorerie).

Du côté de CNP Assurances, les analystes surveillent la hausse de la collecte en unités de compte en 2019, qui s’avère incontournable afin de compenser la décollecte nette en euros. Le numéro 1 de l’assurance vie en France conserve en effet un haut niveau de la part d’unités de compte dans son chiffre d’affaires épargne/retraite : 39,2 % (contre 42,2 % au premier semestre 2018). Dans le communiqué de presse, Antoine Lissowski, directeur général, se félicite qu’en Europe, « dans un marché peu porteur, CNP Assurances montre la résilience de son modèle d’affaires en confortant ses positions dans l’épargne UC et l’assurance des emprunteurs ».

Les décollectes touchent aussi la banque d'affaires Lazard (5,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2019), le mastodonte britannique Schroders (2,1 milliards de livres au premier semestre 2019), Standard Life Aberdeen (15,9 milliards de livres au premier semestre 2019) ou encore la filiale Axa IM (3 milliards d’euros au premier semestre 2019).



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