Des applications mobiles pour conquérir les épargnants

Des applications mobiles pour conquérir les épargnants

L'attractivité des applications d'épargne mobile (Yeeld, Bruno, Raisin, Cashbee…) profite de plusieurs éléments : montée en gamme des services financiers en ligne, appétence pour une expérience bancaire renouvelée et argent dormant sur les comptes courants. Une fenêtre de tir idéale pour convaincre les jeunes.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 17 Septembre 2019

Des applications mobiles pour conquérir les épargnants

L’expérience utilisateur et le ludique pour attirer les jeunes

Plusieurs acteurs proposent des solutions pour simplifier les parcours d’épargne. Qu’elles soient dopées par des algorithmes ou bonifiées par des outils de gaming, les applications d’épargne mobile saisissent une fenêtre de tir pour se faire une place dans le secteur bancaire. Si leur stratégie consiste à cibler prioritairement les jeunes plus axés sur les applications mobiles, leur solution s’adresse à tous ceux qui souhaitent économiser sans en avoir l’air.

Épargner devient ludique avec pour mots d'ordre l'instantanéité, la simplicité et la flexibilité. L’interface est travaillée pour soigner la sacro-sainte expérience utilisateur. L’appli d’épargne en ligne installée en quelques minutes par un téléchargement gratuit, l’utilisateur n’a plus qu’à y associer ses comptes bancaires. Seul point de friction incontournable dans ce parcours : présenter un justificatif d’identité et de domicile. Et ensuite ? C’est l’intelligence artificielle qui analyse les mouvements sur les comptes pour indiquer à l’épargnant la somme qu’il est susceptible de mettre de côté.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Chaque application d’épargne mobile dispose de sa stratégie pour permettre de se constituer une épargne de précaution à partir d’un excédent détecté sur un compte bancaire. Pour l’appli mobile Bruno, c’est la micro-épargne qui est plébiscitée. L’utilisateur est averti par notification hebdomadaire qu’il peut épargner entre 5 et 80 euros. Chez Yeeld, lancée en mars 2019, les épargnants passent par la fonction « J’épargne et puis j’oublie » pour économiser automatiquement chaque semaine une somme modulable dans le temps.

Pour séduire les Millennials, tout est fait pour se démarquer des codes habituels de la finance. Ainsi, l’application mobile Bruno, qui revendique 100 000 utilisateurs, est née initialement sur Messenger, où il était possible d’échanger des conseils avec un assistant virtuel. Autre acteur, Cashbee, réplique le simple balayage du doigt si cher à Tinder. Yeeld (40 000 utilisateurs) se focalise sur le ludique avec la règle du 1-2-3-52 qui permet d’économiser 1378 euros en 52 semaines sans s’en apercevoir ou presque.

Une épargne rémunérée mais limitée

Cité dans un article des Echos, Julien Maldonato, associé conseil et innovation chez Deloitte, y décèle une méthode « efficace pour ceux qui n’ont pas le réflexe ou l’éducation à l’épargne ». Et, ils sont nombreux quand on sait que, d’après le Cercle de l’Epargne, quelques 440 milliards d’euros seraient laissés sans rendement par les Français sur leurs comptes courants. Pour autant, ces solutions d’épargne ne proposent pas non plus une rémunération incroyable. Le dirigeant de Bruno, Florent Robert, explique que « Les sommes envoyées à Bruno sont détenues par deux banques partenaires : le Crédit Mutuel et Carrefour Banque. Ce sont ces mêmes établissements qui versent des intérêts au taux de 1 % à nos clients ». Ce niveau légèrement supérieur au taux du livret A (0,75 %) est identique la première année pour Cashbee.

Yeeld mise sur le pouvoir d’achat comme l’indique le cofondateur Nagib Beydoun : « Les sommes épargnées sur Yeeld pourront être transférées sur un portefeuille Amazon. Dans ce cas, l'utilisateur bénéficiera d'une augmentation de son pouvoir d'achat de 4 %. Cent euros collectés sur Yeeld se transformeront en 104 euros sur Amazon ». Autrement dit : pour récupérer votre cagnotte rémunérée sans frais, il faut acheter un chèque cadeau Amazon, ou se réapproprier l’argent économisé par un virement bancaire ou en utilisant la carte bancaire Yeeld. Les caractéristiques de cette Mastercard virtuelle gratuite sont : l’impossibilité d’être à découvert, le paiement sans contact, l’option du blocage/déblocage de la carte et le code personnalisé.

Focus sur la nouvelle offre Monese Epargnes

Une nouvelle solution est lancée ce mois de septembre avec l’offre Monese Epargnes qui comporte une prime de bienvenue de 100 euros. Cette dernière résulte du partenariat entre la néobanque britannique Monese et la Fintech allemande Raisin, place de marché spécialisée dans les produits d’épargne en ligne (catalogue de 500 produits et 80 banques partenaires). Disponible dans plusieurs pays européens dont la France, cet outil propose une rémunération pouvant grimper par exemple jusqu’à 1,36 % pour un dépôt à terme de 5 ans chez PrivatBanka.

Norris Koppel, CEO et fondateur de Monese, détaille : « Il est donc particulièrement important de répondre à leurs besoins en leur permettant de gérer librement leurs finances. Les clients de Monese peuvent ainsi prospérer économiquement, quel que soit le lieu où ils se trouvent dans le monde grâce à des taux d’épargnes compétitifs ». Reste à ces acteurs d'achever de gagner la confiance des utilisateurs.

En mai 2019, dans une étude ING couvrant treize pays européens, 7 personnes sur 10 disent avoir recours aux applications mobiles pour gérer leurs finances (contre 4 sur 10 en 2014). Toutefois, 6 sondés sur 10 expriment leur réticence à confier à un algorithme leurs décisions d’investissement. Mais les perspectives demeurent intéressantes puisque 38 % se déclarent prêts à utiliser une solution qui analyserait leurs habitudes pour mieux leur délivrer une recommandation d’épargne personnalisée. Un filon dans lequel les applications mobiles d’épargne s'empressent de creuser.



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