Stripe, les raisons d'une valorisation record

Stripe, les raisons d'une valorisation record

La Fintech spécialisée dans le paiement en ligne, Stripe, vient de lever 250 millions de dollars. Sa valorisation atteint désormais 35 milliards de dollars, un record pour une société non cotée aux États-Unis. Pourquoi une telle trajectoire en moins de dix ans ? Réponses.
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Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 04 Octobre 2019

Une valorisation record pour Stripe (35 Milliards de dollars)

Stripe, plus forte que WeWork et Airbnb

La décacorne (société non cotée valorisée plus de 10 milliards de dollars), créée en 2010 par deux entrepreneurs irlandais, les frères John et Patrick Collison, poursuit sa croissance exponentielle. Le 19 septembre dernier, Stripe a réalisé une levée de fonds de 250 millions de dollars (226 millions d’euros), auprès de plusieurs investisseurs comme Sequoia, General Catalyst et Andreessen Horowitz.

La Fintech californienne a vu sa valorisation presque doublée en seulement un an, à hauteur de 35 milliards de dollars. Stripe devance désormais d’autres pépites non cotées sur les marchés boursiers comme Airbnb (entrée en bourse prévue en 2020), WeWork (qui a reporté son entrée en bourse) ou Juul (qui évolue dans le secteur des cigarettes électroniques et dont la valorisation est toutefois révisée à la baisse).

Elargissement en Europe : 37 millions de nouveaux clients potentiels

Le tour de table doit servir au développement des produits du spécialiste du paiement en ligne et d’accélérer son déploiement à l’international. Ainsi, son infrastructure programmatique, Global Payments and Treasury Network (GPTN), est déjà présente dans 34 pays, mais une quarantaine de nouveaux marchés nationaux vont être attaqués notamment en Europe (Pologne, Portugal, Grèce, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie).

Les Français clients de la Fintech (Leroy Merlin, Doctolib, ManoMano, Dassault Systèmes, Meero, Decathlon, etc.) vont bénéficier d’un marché de 37 millions de clients potentiels tout comme les géants mondiaux Amazon, Uber, Shopify, Ainbnb, Twilio, GitHub, Deliveroo, etc. Et les concurrents ? Si Paypal (125 milliards de dollars en Bourse) tente de conserver son avance, l’adversaire principal de Stripe est la néerlandaise Adyen, récemment associée à Alipay du mastodonte chinois Alibaba.

Le paiement en ligne encore marginal mais en plein essor

Stripe profite évidemment des vents porteurs du marché. D’après Capgemini, le nombre de transactions en ligne est passé de 350 à 600 milliards entre 2013 et 2018. Cette hausse exponentielle profite directement aux acteurs du paiement en ligne qui ponctionnent une commission à chaque transaction. Et les perspectives en termes de revenus attirent forcément les investisseurs.

Le Boston Consulting Group indique que les revenus devraient franchir le seuil de 1500 milliards de dollars en 2019 et dépasser la barre des 2500 milliards de dollars avant 2030. Et John Collison, cofondateur de Stripe, d’ajouter qu’en 2019, « moins de 8 % du commerce mondial s’effectue en ligne (…) Nous construisons maintenant l'infrastructure qui permettra l’e-commerce de 2030 - et au-delà ».

Les raisons du succès de Stripe

Comment Stripe a su faire la différence ? L’idée initiale des frères Collison est d’améliorer les systèmes de paiement en ligne jugés trop rigides et complexes. Eytan Bensoussan, cofondateur et PDG de North One, rappelle leur démarche : « Quelques lignes de code et les développeurs pouvaient intégrer le traitement des paiements dans un site web ou une application (…) Dès lors, Stripe a créé une valeur d’entreprise exponentielle, non seulement en protégeant son offre de base, mais également en se développant de façon méthodique dans de nouveaux domaines. ».

Outre le service de qualité, Stripe a vendu son produit non pas aux entreprises mais aux développeurs, utilisant cette communauté autonome pour profiter du bouche-à-oreille. Enfin, la Fintech a opté pour la transparence en termes de prix, le tout constituant une stratégie de perturbation agressive dans l’industrie des paiements.

Accès à 130 devises en dix minutes

Le GPTN de Stripe propose donc un éventail de briques (produits et services) pour effacer les freins associés à la gestion des diverses devises. Cette solution sécurisée permet à sa clientèle de commencer, puis d’étendre ses activités de commerce en ligne, en acceptant les paiements partout dans le monde (130 devises en 10 minutes). En ayant accès à un réseau mondial de paiements et de trésorerie, Stripe enrichit son offre avec des outils de comptabilité, de paiements à des tiers, de trésorerie et d’optimisation des paiements mobiles (Apple Pay, Google Pay).

Toutes ces fonctionnalités sont pilotables depuis un tableau de bord centralisé. De nouveaux pays devraient prochainement pouvoir utiliser Billing (gestion des abonnements en ligne) et Terminal (paiements en point de vente). Aux États-Unis, l’entreprise commercialise depuis peu Stripe Corporate Card (carte de crédit de gestion des dépenses en ligne des entreprises) et Stripe Capital (accès instantané et automatique aux fonds dont les entreprises ont besoin).

De quoi inquiéter les banques ? Interrogé par Les Echos, Elias Ghanem, vice-président Financial services Fintech Continental Europe de Capgemini, rappelle que le paiement n’est que « la tête de pont [et que les banques] sont submergées par les nouveaux services de ces fintechs qui séduisent les entreprises », en particulier sur le paiement et le crédit aux PME.



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