Bourse en ligne : les frais de courtage en voie de disparition

Bourse en ligne : les frais de courtage en voie de disparition

Pour faire revenir les investisseurs particuliers sur les marchés boursiers de Wall Street, les courtiers s'attaquent à la barrière à l'entrée que représentent les frais de courtage. Un nouvel épisode de la guerre en cours dans le secteur de la bourse en ligne.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 24 Octobre 2019

Les frais de courtage pour la bourse en ligne en voie de disparition

Zéro frais de courtage : normalisation aux États-Unis

Le groupe spécialiste dans le courtage en ligne, Charles Schwab, a décidé de supprimer les frais adossés aux passages d’ordres sur les actions, les options et les contrats à terme boursiers. Détenant environ 3.720 milliards de dollars d’actifs pour ses clients, Charles Schwab s’aligne sur le modèle du zéro courtage initié, dès 2013, par le disrupteur Robinhood Makets. Les boursicoteurs n’ont désormais plus à s’acquitter de commissions sur les transactions effectuées en ligne d’achats et de ventes d’actions, d’options, ou de fonds indiciels, sur les plateformes de trading situées aux États-Unis et au Canada.

Cette annonce a d’ailleurs fait dévisser le cours de son action (-12%) et celui des sociétés de courtage concurrentes comme TD Ameritrade (-26%) et E*Trade Financial (-18%). Certaines réagissent comme Fidelity Investments qui indique à son tour la suppression des commissions sur les actions. Courtiers, banques et Fintech se livrent une bataille acharnée pour attirer l’argent de leur clientèle. Conséquence : les frais de courtage diminuent au fil des années. Ce mouvement s’inscrit par ailleurs dans un contexte particulier de baisse des volumes et de la volatilité sur les bourses outre-Atlantique. Avant la crise de 2007, les Américains étaient 66% à posséder des actions contre 50% actuellement. Et pour rechercher de la rentabilité, ils sont nombreux à spéculer sur les cryptomonnaies. Ainsi, la bourse Coinbase mobiliserait 30 millions de traders.

Toutefois, cette guerre tarifaire sur les frais de courtage signifie aussi que les courtiers en ligne se rémunèrent autrement via des produits dérivés, des services bancaires ou de la gestion. Charles Schwab réalise près du tiers de ses revenus via la gestion d’actifs comme les ETF et le conseil en gestion de patrimoine, alors que les commissions de courtage ne représentent que 8%. Mais la source la plus importante (50%) relève des intérêts perçus sur le cash mis en dépôt par leurs clients. L’argent non utilisé pour spéculer sert notamment à l’achat d’obligations d’état. Et le business model est lucratif : selon le Wall Street Journal, pour dix dollars empochés, un seul repart au client. Néanmoins, la baisse des taux d’intérêt rogne les marges rémunératrices des courtiers en ligne. La guerre des commissions a donc pour objectif de faire revenir les particuliers vers les marchés boursiers.

Le marché des courtage en ligne en France

En France, l’intérêt pour la bourse en ligne est rythmé par les offres des brokers qui font tout pour limiter les frais de bourse en ligne et attirer les épargnants à mettre leurs économies sur les marchés. La bourse en ligne profite aussi de la baisse de rendements des placements sûrs chers aux Français (Livret A et fonds euros des contrats d’assurance vie). La gratuité de l’ouverture d’un compte-titres incite à franchir le cap et la faiblesse des commissions à poursuivre l’aventure.

L’achat de titres génère des frais : commission de courtage pour acheter des titres en direct et droits d’entrée pour acheter des titres via des fonds. Si les seconds sont fixes et parfois gratuits (Fortuneo propose une gamme de 700 fonds à 0 % de droits d'entrée), les premières peuvent être exprimées en pourcentage ou en montant forfaitaire (Degiro ponctionne une commission de 0,04 %, plafonnée à 30 euros quelle que soit le montant de l’ordre).

Outre les frais prévus au moment de la vente des titres, l’investisseur sera attentif aux frais supplémentaires (5,95 euros pour un compte inactif chez Boursorama Banque). Attention aussi aux frais « canons » à la portée restreinte (Degiro ne prélève rien sur un ordre sur Euronext Paris et Bruxelles mais 4 euros sur Amsterdam). Le client est également soumis aux frais de gestion même si leur moyenne a reculé sur les cinq dernières années, passant de 1,49% à 1,29% selon ICI Global.

Enfin, le véhicule des investissements boursiers est à prendre en considération. Le PEA (ou PEA-PME) permet ainsi au titulaire d’alléger ou de différer l’imposition (pas d’impôt sur le revenu et prélèvement sociaux réglés uniquement au moment des opérations de rachat). Du côté de l’assurance vie, le souscripteur doit faire face à des frais de gestion du contrat, des frais d’entrée ou bien des frais d’arbitrage. Et dans le choix d’un broker s’ajoutent d’autres éléments que les frais tels que les services, la qualité de l’interface ou encore l’éventail de l’offre.



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