Le paiement fractionné, un remède anti-crise pour le budget des Français ?

Le paiement fractionné, un remède anti-crise pour le budget des Français ?

Acheter maintenant, payer plus tard (Buy Now Pay Later, ou BNPL), le slogan séduit les consommateurs mais aussi les marchands qui s'empressent d'en faire un argument marketing. L'inflation alimente d'ailleurs le recours au paiement fractionné, service pratique et rapide, mais non sans risque.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 13 Octobre 2023

paiement fractionne

Étaler ses paiements : un service réclamé par les consommateurs

Avec une inflation à 5,6 % en septembre, la France figure dans le top 5 des pays aux taux les plus élevés. De quoi inquiéter une population dont 75 % déclarent avoir des fins de mois difficiles selon l’étude Appinion/LSA parue fin août.
Parmi les leviers qui permettent de donner du mou à la corde du pouvoir d’achat, le paiement fractionné est de plus en plus considéré. Une récente enquête de l’institut Kantar indique que 4 consommateurs sur 10 ont privilégié le règlement d’un achat étalé dans le temps en 3 ou 4 fois.
Interrogé par Europe 1, Marc Lanvin, directeur général adjoint de Floa, leader français des facilités de paiement, précise : « Un Français sur deux dit que s'il n'avait pas eu cette solution, il ne l'aurait pas acheté. C'est un des critères les plus importants de choix, aussi important aux yeux des Français que le choix de l'enseigne, c'est-à-dire s'il n'y a pas de facilités de paiement, ils vont voir ailleurs ». Si l’inflation joue un rôle moteur dans ce succès, le paiement fractionné jouit d’une belle côte depuis quelques années au cours desquelles l’offre s’est multipliée.

Klarna, le géant du BNPL qui relève la tête

Les acteurs du marché sont les organismes de crédit traditionnels comme Floa Bank, Cofidis ou Oney, et les sociétés de technologiques spécialisées telles qu’Alma, Pledg, Clearpay, PayPal et bien sûr le suédois Klarna.
Cette dernière Fintech vient d’ailleurs d’annoncer une croissance de 14 % de son volume d’affaires sur le marché européen. En France, le leader à l’international piloté par Sebastian Siemiatkowski a augmenté son activité de 83 %. Le chiffre d’affaires atteint 5,5 milliards de couronnes suédoises au deuxième trimestre 2023, avec une hausse de 23 % du CA issu des marchands.
Son PDG se félicite d’avoir eu « un mois rentable au deuxième trimestre 2023 bien avant l’objectif de la fin de l’année (…) Les résultats présentés aujourd'hui démentent clairement les idées fausses à propos du modèle économique de Klarna, démontrant que ce dernier est aussi agile que durable, en accompagnant notre solide base de consommateurs dans la prise de décisions financières avisées. » La Fintech mise notamment sur l’IA pour accélérer la valeur client, elle qui en recense 150 millions dans le monde.

Un secteur malmené par le contexte macroéconomique

Le résultat tranche avec les difficultés rencontrées par la concurrence et un secteur du commerce électronique atone (+1 %). Malgré sa popularité, Klarna a dû procéder à une vague de licenciements en 2022 suite à des contre-performances : 940 millions de pertes et une chute de sa valorisation de 85 %, entre 2021 et juin 2022.
Le climat macroéconomique est compliqué. D’un côté, les taux d’intérêt élevés font bondir le coût de refinancement des acteurs du paiement fractionné. De l’autre côté, l’inflation sape le pouvoir d’achat des clients faisant grimper le coût du risque de non-remboursement (défaut de paiement).
Avec une vive concurrence, tout concourt à la réduction des marges ce qui pèse sur la pérennisation du modèle économique. La lueur d’espoir vient de la demande et de l’appétence des consommateurs séduits par l’opportunité d’étaler leur paiement afin de ne pas « taper trop vite » dans leur épargne de précaution.

Une plus-value pour l’expérience client

L’argument marketing « payer en 4 fois sans frais » a parfaitement été saisi par les marques à l’image de la SNCF qui, depuis août, permet l’achat de billets de train en 3 fois via Alma. Le paiement fractionné apporte surtout une plus-value dans le parcours d’achat et l’expérience client. Il suffit d’une pièce d’identité pour bénéficier de ce service et d’une carte bancaire adaptée (Visa, MasterCard). En revanche, l’opération est impossible avec une carte à autorisation systématique, une carte prépayée ou une carte virtuelle.
Est-ce vraiment gratuit ? Non, la facilité de paiement a un coût supporté au départ par le site marchand. Le contexte économique les incite désormais à reporter ce coût en partie aux clients. Par exemple, la SNCF demande 1,60 %. Actuellement, environ un tiers de ces transactions sont gratuites pour le client.

Les points de vigilance : vers un durcissement de la réglementation

L’avantage pour les consommateurs est de pouvoir lisser un achat, plaisir ou contraint, dans le temps (90 jours maximum), en gérant au mieux le budget en période d’inflation. Néanmoins, le paiement fractionné a sa part d’inconvénients comme le fait d’être obligé d’anticiper les retraits futurs, donc d’avoir les idées claires sur la gestion de son budget.
Abuser de ce service est un pas vers l’endettement. Les acteurs ont d’ailleurs le droit de refuser le paiement fractionné après avoir étudié les dossiers de leurs clients. Le consommateur doit savoir que ce service agit comme un crédit avec une obligation de remboursement. Un défaut de paiement entraîne des pénalités de retard.
Ainsi, Klarna facture ses clients manquant une échéance jusqu’à 3 euros sous 100 euros, 5 euros entre 100 et 199,99 euros et 8 euros au-delà. FLOA réclame le remboursement immédiat du capital restant dû, les intérêts échus non payés ainsi que 8 % maximums du capital restant dû. L’alternative est le règlement du paiement des échéances échues impayées auquel s’ajoutent 8 % des échéances impayées.
Soucieux de ne pas plonger leur clientèle dans l’embarras, les organismes prêteurs et les Fintech mettent en place un certain délai pour laisser le temps à la régularisation de la situation. Mais face à ses dangers, la Commission européenne souhaite étendre les règles encadrant le crédit à la consommation au paiement fractionné.

Pour en savoir plus sur le paiement fractionné, consultez nos guides sur le sujet !

 



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