Clap de fin pour Marie Quantier
La société Q-Hedge Technologies, éditrice du courtier en assurances et conseiller en investissements financiers (CIF), Marie Quantier, a été placée en liquidation judiciaire à la fin du mois de juillet dernier. Forte de 1500 clients, la Fintech avait pourtant indiqué des chiffres en 2019 à la hausse, faisant suite à une levée de fonds l’année précédente. L’aventure Marie Quantier avait débuté en 2015. La jeune pousse avait fait le pari de la gestion conseillée des placements d’épargne de ses clients, se targuant d’être un outil d’aide à la gestion financière innovant qui laissait toutefois à l’épargnant le choix des arbitrages. Depuis le 2 août, l’espace client qui permet de suivre les investissements sur le marché n’est plus accessible.
Que va devenir l’argent (71 millions d’euros) ayant transité par Marie Quantier ? Les clients n’ont pas à s’inquiéter puisque l’argent n’est aucunement détenu par la société qui jouait le rôle d’intermédiaire. Son président, Mathieu Hamel, confirme : « L’argent des clients est toujours chez l’assureur (Suravenir) ou le broker (Interactive brokers). Ils ne perdent pas leur argent ! ». Il conseille aux souscripteurs de transférer leurs compte-titres vers Lynx et aux détenteurs d’une assurance vie de contacter la compagnie d’assurance Suravenir, propriétaire juridique des fonds. De quoi jeter tout de même un froid sur la gestion pilotée, basée sur des ETF avec des allocations réalisées par des robo-advisors.
Le début d’une série de faillite chez les Fintech ?
Lancée la même année que Marie Quantier, la Fintech Ipagoo et son service bancaire sur mobile multidevises aura connu la même durée de vie. Cet « Amazon de la banque en Europe » a brusquement interrompu ses services : « Les titulaires de comptes Ipagoo ne pourront pas y accéder ou donner des instructions de paiement ». Les causes ? L’autorité de contrôle britannique venait tout simplement d’interdire à la néobanque de continuer son activité régulée, suite à des soupçons d’irrégularités en lien avec le cantonnement des fonds de sa clientèle. Le cabinet FRP Advisory, en charge d'administrer Ipagoo, complète : « En plus de ces restrictions, Ipagoo a pâti d'un manque de fonds de roulement qui a contraint ses directeurs à placer la société sous administration ».
Ces cas de figure renvoient à la fragilité des modèles économiques des Fintech. A la fin du mois de mai dernier, c’est Lendy, spécialisée dans le crowdfunding, qui avait été mise sous tutelle judiciaire. Idem pour Sharepay dont l’offre, gratuite puis payante (4,90 euros par mois), reposait sur une carte bancaire capable de débiter deux comptes simultanément, évitant d’ouvrir un compte joint. Sa fermeture définitive est programmée pour le 30 septembre 2019. Bien que rachetée par Linxo en 2018, son fondateur concède ne pas avoir pu réduire les frais de la société vis-à-vis d’un « modèle coûteux de débit sur carte bancaire ».
Bernard-Louis Roques, cofondateur de Truffle Capital, avance une explication : « Souvent, on a tendance à sous-estimer les coûts d'acquisition des clients particuliers. Or, dans la finance, ils ne se limitent pas aux frais de publicité sur Google ». Toutefois, si le premier semestre de l’année a vu les investissements dans les Fintechs plafonnés à 37,9 milliards de dollars dans le monde selon KPMG, plusieurs méga-opérations renversent la tendance. La banque mobile brésilienne Nubank a levé 400 millions de dollars pour une valorisation à plus de 10 milliards de dollars, et le spécialiste suédois des paiements en ligne Klarna a bouclé un tour de table XXL record en Europe à 460 millions de dollars pour une valorisation de 5,5 milliards de dollars.