La banque pour les pros : un marché porteur qui attire les gros investisseurs

La banque pour les pros : un marché porteur qui attire les gros investisseurs

La levée de fonds record de Qonto, annoncée en ce début d'année, invite à se pencher sur le marché des néobanques pour pro mais aussi sur l'intérêt porté par les investisseurs sur les Fintech. Et particulièrement la présence active du chinois Tencent.
Banques en ligne

Rédigé par Olivier BALBASTRE

le 31 Janvier 2020

La banque pour les pros : un marché porteur qui attire les gros investisseu

Qonto veut devenir une vraie banque

104 millions d’euros, c’est la levée de fonds XXL réalisée par la néobanque Qonto en ce début d’année 2020. C’est même tout simplement un record dans l’univers des Fintechs, surpassant les 72 millions d’euros levés, en 2019, par Wynd, Fintech spécialisée dans le paiement. Ce troisième tour de table opéré depuis 2016 fait grimper les montants investis dans Qonto à hauteur de 136 millions d’euros.

L’argent frais doit servir à doubler le nombre de clients en 2020 (65 000 clients), à accompagner le déploiement de l’offre sur de nouveaux marchés (Italie, Espagne, Allemagne), à renforcer les équipes (passer de 200 à 300 collaborateurs), à procéder à des développements logiciels, et à élargir les produits et services proposés aux entreprises. Car la singularité de la néobanque Qonto est de focaliser son offre sur les entrepreneurs.

La prochaine étape attendue est l’obtention de l’agrément bancaire auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) pour devenir un établissement de crédit. Il faut notamment satisfaire à l'exigence en fonds propres requis, pour ensuite, comme le précise Alexandre Prot, cofondateur, : « répondre aux besoins en découvert de nos clients, leur proposer une carte à débit différé ou encore des lignes de crédit pour qu'ils puissent acheter une camionnette par exemple ou refaire un restaurant ».

La clientèle professionnelle : terrain de conquête

Attaquer le marché des professions libérales, des TPE et des PME est une stratégie payante, avec l’évolution des modes de travail. L’Insee dénombre 815 300 créations d’entreprise l’an dernier (+18% sur un an). La moyenne d’âge des créateurs d’entreprise avoisine 36 ans, 38% ayant moins de 30 ans. Des chiffres qui font écho à Qonto, où les jeunes entrepreneurs représentent 30% de la clientèle, séduits par la transparence des prix et les fonctionnalités qui facilitent leur quotidien.

Or, les banques ont eu tendance à délaisser la clientèle des TPE et des PME pourtant plus lucrative que celle des particuliers. Logique puisque les chefs d’entreprises sont prêts à payer plus de services pour la gestion de leur société et ainsi gagner en productivité. D’après une étude menée par Exton Consulting, le produit net bancaire d’un client professionnel est de 2500 euros contre 500 euros pour celui d’un client particulier.

Et ce terrain de conquête du marché des entrepreneurs ouvre la porte à de nouveaux acteurs. Parmi les Fintechs dédiées aux pros, on peut citer Anytime, manager.one, Shine, Bunq, en attendant Margo Bank. Il faut ajouter les solutions pour pro des néobanques N26 et Revolut, de la banque en ligne Boursorama Banque (Boursorama Pro) ou de la prochaine Prismea appartenant au Crédit du Nord.  

Tencent, un investisseur qui vous veut du bien

Pour se développer, les néobanques pour pro ont besoin d’investisseurs sur lesquels s’appuyer. L’exemple de Qonto donne une idée de qui financent ses projets. Et actuellement, le chinois Tencent (maison mère de l’application WeChat au milliard d’utilisateurs) attire automatiquement l’attention. En France, Tencent vient coup sur coup de contribuer aux levées de fonds de Qonto et de l’application de paiement mobile Lydia (40 millions d’euros).

Interrogé par Les Echos, Mikaël Ptachek, qui dirige l’Observatoire de la fintech, décrypte : « Au sein des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), Tencent est celui qui a réalisé le plus d’investissements dans les services financiers depuis cinq ans, avec 27 investissements sur 48 ». Tencent est ainsi déjà présent chez N26 ou Nubank au Brésil. Comparativement, les Gafa ont effectué 15 investissements dans ce même secteur.

Pour Tencent, l’objectif à court terme est de mieux appréhender le secteur mais aussi les divers environnements réglementaires. Plus pragmatiquement, c’est aussi l’opportunité d’emmagasiner des compétences technologiques, d’accéder à de nouvelles bases de données et d’étoffer sa gamme de services notamment pour les clients chinois qui voyagent à l’étranger. Pour Stéphane Dehaies, associé banques et fintech chez KPMG, l’étape suivante est une « vision encore plus intégrée » agrégeant aux solutions de paiement mobile du ticketing et des programmes de fidélisation.

Sur ce marché des néobanques pour pro, les Gafas chinois ne sont évidemment pas les seuls à investir. Qonto a pu compter sur le soutien de DST Global (présent au capital de Facebook, Spotify ou encore Airbnb) et des historiques (Peter Thiel, Valar, Alven). Cette présence d’investisseurs réputés et avisés prouve la dynamique d'un marché porteur.



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