Les banques françaises ont l'obligation de présenter une grande solidité financière. Toutefois, depuis la récente faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), le 10 mars 2023, celui de la Signature Bank deux jours plus tard ainsi que les déboires du Crédit Suisse racheté par UBS, le constat est toujours le même : Les crises bancaires se succèdent tout comme les interventions de nos Etats et banques centrales fragilisant une économie mondiale déjà balbutiante.
Alors, quelles sont les banques françaises les plus sûres en 2023 ? Quels ratios et contraintes doivent-elles respecter ? Quel est le mécanisme qui garantit les dépôts ? Que devient l’épargne des français en cas de défaut d'une banque, d'une banque en ligne ou d'une néobanque ? A quoi sert le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution ? Si le grand public a tendance à confier son argent sans s'interroger sur la solidité des banques, pas de panique, Pricebank vous révèle absolument tout sur le sujet !
Que ce soit dans la cadre d’une crise purement financière, économique, sociale mais également liée à de fortes tensions géopolitiques et changements climatiques, les établissements financiers peuvent connaître des moments de stress importants pouvant mettre à mal leur pérennité. La priorité et l’enjeu, c'est de ne pas sombrer dans une nouvelle crise bancaire comme en 2008 et de cerner ce que peut être une banque sûre.
Pour répondre à cette question, il est primordial de revenir en arrière. Bien avant la crise des subprimes en 2008, les banques étaient déjà tenues de respecter des normes strictes afin d’assurer un système financier mondial stable. Le Comité de Bâle est créé en 1974 au moment où un mouvement de déréglementation financière se met en place. Le Comité a ainsi pour vocation de veiller à la consolidation et à la stabilité de l’environnement financier international à travers un cadre réglementaire strict. Au fil du temps, plusieurs accords ont permis de renforcer les obligations des banques :
1- L’accord de Bâle I, est le premier cadre mis en place en 1988. En découle le ratio Cooke établi à 8 % des emplois pondérés qui détermine les exigences des fonds propres comparés à la totalité des encours de crédits octroyés par un établissement financier. Concrètement, la banque doit disposer de 8 millions d’euros de fonds propres pour pouvoir prêter 100 millions d’euros. Toutefois, ce ratio de solvabilité délaisse les risques opérationnels et les risques de marché. Sa refonte est donc devenue une évidence dès 1996, lorsque le marché des produits dérivés(1) a émergé puis explosé. Au fil des ans, ce ratio va s’enrichir pour s’articuler autour de trois critères : les fonds propres CET 1, Tier 1(2) et Tier 2.
2- Le cadre réglementaire Bâle II s'intéresse aux risques qui n'entraient pas dans les bilans des banques, essentiellement les produits dérivés de gré à gré. La réforme survient en 2004 et repose sur trois piliers :
Le ratio Mc Donough prend ainsi le relais du ratio Cooke en incluant le risque de marché et le risque opérationnel. L'évaluation du risque de crédit est également affinée. Toutefois, la crise de 2008 démontre les carences de Bâle II en matière de risque de liquidité. La réglementation Bâle III entre en vigueur en décembre 2010 pour remédier à cela.
3- La réglementation de Bâle III doit permettre de stabiliser le système financier après la déflagration subie par les banques et surtout l'économie réelle. Ce cadre réglementaire cible 4 points en particulier :
A ce ratio de 10,5%, Bâle III exige en complément :
Si les mesures Bâle 3 sécurisent les banques, le lobby hexagonal des banques françaises souhaite que Bruxelles soit également attentif au maintien de la compétitivité des banques à l’échelon international. Il est question notamment :
Un stress test doit faire apparaître la capacité des banques à affronter les tempêtes économiques, la sous capitalisation éventuelle de certaines d’entre elles et l’éventuelle fragilité d’un système bancaire national lorsqu’une proportion d’établissements d’un même pays n’obtient pas des résultats satisfaisants à un test. Dans ce cas précis, les banques doivent, soit augmenter leurs fonds propres (avec ou sans l’appui des Etats), soit opérer des restructurations (réductions des engagements de crédits, concentrations…).
Il est important de comprendre que les risques de solvabilité et de liquidité bancaires interagissent entre eux. Un modèle estimant simultanément des ratios de solvabilité et de liquidité permet de projeter les banques françaises dans un scénario de stress. Il montre que l’environnement financier a un impact significatif, mais uniquement en période de crise, et que la solvabilité a un effet sur la liquidité, et non l’inverse.
L’Autorité Bancaire Européenne (ABE) mène des stress tests sur 57 banques de l’Union Européenne dont six françaises (BNP Paribas, Crédit Mutuel, BPCE, Crédit Agricole, La Banque Postale et Société Générale). Si les résultats du stress test 2023 seront publiés dans l’été, il ressort des précédents que la solidité des bilans des banques européennes s’est améliorée du fait des obligations d’augmentation des fonds propres. Toutefois, de bons résultats aux stress tests ne signifient pas l’absence de risque de crise bancaire !
L'ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) est en charge de la surveillance de l'activité des banques et des assurances. A ce titre, elle veille et émet régulièrement des vigilances :
En 2020 et malgré la crise sanitaire, le total de bilan de l’ensemble du secteur bancaire français s’est accru de 970 milliards d’euros en 2020. Les liquidités accumulées par les ménages et les entreprises, se sont reportées en grande partie sur les dépôts bancaires (+ 388 milliards d’euros sur un total de 694 milliards d’euros). Toutefois, le résultat net du secteur bancaire, a baissé de 8,3 milliards d’euros, tout comme le produit net bancaire (PNB) avec également une hausse du coût du risque de 9 milliards d’euros. En revanche, la solvabilité du secteur s’est renforcée sous l’effet des mesures temporaires d’interdiction de distribution des dividendes avec un ratio de solvabilité CET1 de 16 % fin 2020 (+2,3 points comparé à 2016).
En 2021, les banques ont semblé mieux maîtriser le risque. Toutefois, de nombreux défis se dressent devant elles. Le premier challenge est celui de l’accroissement de leur rentabilité. Elle ont cherché a augmenté leur revenu dans un environnement de taux et de marges qui restent bas. La digitalisation se poursuit afin de gagner en frais de gestion et en amenant des consolidations intra-groupe.
En 2022, les banques ont été attentives aux incidents de cyber-sécurité qui peuvent engendrer des pertes importantes. Les fintechs constituent également une concurrence mais c’est surtout celle des GAFAM qui doivent être surveillées notamment dans les services de paiement. Pour finir, l’ACPR souligne le risque climatique pour certains secteurs d’activités.
La réglementation et l’environnement bancaire étant désormais dressés, il nous reste à analyser la situation de chaque banque française. Nous retenons 4 critères afin de juger de leur solidité :
CET1 représente le capital de base de la banque. Il intègre notamment les actions ordinaires, les bénéfices non répartis, les actions provenant d’émission d'actions ordinaires et les actions ordinaires détenues par les filiales de la banque. Ce ratio se mesure en comparant le niveau des engagements d’une banque (crédits et autres placements) au montant de ses fonds propres (capital apporté par les actionnaires et profits de la banque). Il est égal à 8 % :
Le ratio de solvabilité Common Equity Tier1 (CET1) des 6 groupes bancaires français est de 15,5 % au 31 décembre 2021 contre 5,8M en 2008. Il est de 12,6% aux Etats-Unis, de 15,9% au Royaume Uni et 18,4% dans les pays nordiques. Avec Bâle III, le ratio de solvabilité minimal passe de 8 % à 10,5 % et impose également la constitution d’un coussin contra-cyclique.
BNP | Société Générale | Crédit Agricole | BPCE | Crédit Mutuel | Banque Postale | |
---|---|---|---|---|---|---|
31/12/2016 | 11,5 | 11,5 | 14,5 | 10,4 | 15,7 | 14,3 |
31/12/2017 | 11,8 | 11,4 | 14,9 | 11,7 | 17,4 | 13,4 |
31/12/2018 | 11,8 | 10,9 | 15 | 15,5 | 17,5 | 11,7 |
31/12/2019 | 12,1 | 12,7 | 15,9 | 15,6 | 17,3 | 19,8 |
31/12/2020 | 12,8 | 13,4 | 17,2 | 15,3 | 17,8 | 20,4 |
31/12/2021 | 12,9 | 13,7 | 17,5 | 15,8 | 18,8 | 19,1 |
31/12/2022 | 12,4 | 13,5 | 17,6 | 15,1 | 18,8 | 14,7 |
Nous constatons que le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole disposent des ratios les plus confortables. La BNP est dernière au classement mais bien au-delà des ratios exigés par le Comité de Bâle.
Selon la banque des règlements internationaux (BRI), le ratio de liquidité à court terme dit LCR a été établi afin :
« d’assurer que la banque dispose d’un niveau adéquat d’actifs liquides de haute qualité non grevés pouvant être convertis en liquidité pour couvrir ses besoins sur une période de 30 jours calendaires en cas de graves difficultés de financement » (source : BRI).
Les banques doivent ainsi disposer d’une quantité d’actifs liquides leur permettant de couvrir les sorties nettes d’argent pendant au moins 30 jours. Il se définit de la façon suivante : Encours d’actifs liquides de haut qualité / Sorties nettes de trésorerie sur les 30 jours suivants. Ce ratio doit être supérieur à 100%.
BNP | Société Générale | Crédit Agricole | BPCE | Crédit Mutuel | Banque Postale | |
---|---|---|---|---|---|---|
31/12/2017 | 121 | 140 | 133 | 110 | 134 | 157 |
31/12/2018 | 132 | 129 | 133 | 110 | 132,6 | 145 |
31/12/2019 | 125 | 119 | 129 | 141 | 143 | 153 |
31/12/2020 | 154 | 149 | 149 | 156 | 165 | 179 |
31/12/2021 | 143 | 129 | 153 | 158 | 181 | 186 |
31/12/2022 | 129 | 141 | 167 | 139 | 153 | 147 |
Comme pour le ratio CET1 vu précédemment, nous constatons que la Banque Postale surclasse ses confrères en 2020 et 2021 pour rentrer dans le rang en 2022. Le Crédit Agricole est la plus assidue et régulière dans ses résultats tout comme le Crédit Mutuel. En revanche, BNP Paribas ferme la marche tout en respectant les normes requises. Nous constatons clairement sur ce tableau que la période Covid et le « Quoi qu’il en coûte » ont généré en 2020 et 2021 un surplus de liquidités au sein des banques. Elles ont en moyenne augmenté leur ratio de plus de 20 points entre 2019 et 2020.
Le graphique présente les principales banques européennes en 2021, selon le total des actifs possédés et en milliards de dollars. L'actif d'une banque traduit l'usage des fonds collectés comprenant par exemple leur portefeuille titres, l’encaisse, soldes, prêts et avances aux banques et aux clients.
Les banques systémiques représentent les banques avec des activités importantes, diversifiées, et dont la faillite financière pourrait avoir des impacts négatifs puissants sur la finance mondiale. Le Global Systematically Important Banks (G-SIB) est un classement, établi tous les ans qui intègre plus de 30 institutions bancaires dont treize banques européennes, dix américaines et sept asiatiques. Ces établissements sont répartis dans 5 compartiments appelés « bucket » allant de 1 à 5 : le G-sib Bucket 5 étant constitué des établissements les plus systémiques. Chaque banque est tenue de déclarer un ensemble d'indicateurs aux autorités de surveillance leur permettant de calculer des scores.
Une couche supplémentaire d’exigence de fonds propres est demandée en fonction du compartiment (bucket) auquel elles appartiennent et s'appliquera à compter du 1er janvier 2024. Ce système a été mis en place à la suite de la crise financière de 2008 et de la faillite de Lehman Brothers. Cette surcharge est notamment de :
Pour cibler plus finement la banque française la plus sûre, il est nécessaire également de mesurer leur exposition aux risques de marché. Pour rappel, les banques exercent deux types d'activités distinctes :
Or, la branche sur la banque d'investissement expose l’établissement à des risques importants. Ce sont des marchés très spéculatifs où les banques peuvent investir les dépôts de leurs clients et une partie plus ou moins importante de leurs capitaux propres. Il est difficile de connaître la part des investissements de ces banques sur ces marchés risqués : Les banques restent peu transparentes sur ce sujet malgré les avancées des réglementations de Bâle.
Parmi les grandes banques françaises, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le groupe BPCE (Banque Populaire - Caisse d'Epargne) possèdent des branches ou filiales d'investissement très actives sur les marchés de produits dérivés(8) et internationaux (BNP BFI, SG CIB, Calyon, Natixis). Ces banques françaises ont subi des pertes importantes durant les dernières années comme lors de la crise financière de 2008. Même si elles ont pu y faire face, elles restent tout de même très exposées avec des engagements sur des actifs risqués (dérivés de crédit...) et des investissements opaques, difficiles à évaluer dans le futur.
En définitive et compte tenu de tous ces constats, Pricebank salue particulièrement 2 établissements :
Le groupe Crédit Mutuel possède également une branche de banque d'investissement, mais sa stratégie est sensiblement différente. Pour cela, le Crédit Mutuel privilégie ses activités de banque de détail et limite ses investissements sur les marchés risqués. Le groupe n'a d'ailleurs jamais connu de perte significative sur ces marchés et fait figure de "bon élève".
la Banque Postale constitue une établissement bancaire un peu particulier. Si elle n'est pas parmi les plus performantes des banques françaises dans les résultats des derniers tests de résistance de la BCE, elle possède une garantie que les autres banques n'ont pas : la garantie de l'Etat. La Banque Postale appartient à l'Etat, qui est son actionnaire. Elle possède également d’excellents ratios de liquidités et de solvabilité avec un coût du risque qui demeure très bas. Pour ne rien gâcher à la fête, elle présente un bilan solide et des résultats en hausse (+66,6% en 2022) : la Banque Postale est certainement la banque la plus sûre de France.
Même si les différents ratios d’une banque sont au vert, le contexte actuel demeure excessivement volatile et ambigu. Nous vous conseillons, plus qu’hier, de répartir votre épargne auprès de plusieurs banques afin de sécuriser vos avoirs. L’inconvénient de cette action reste généralement les frais bancaires qui en découlent avec notamment les frais de tenue de compte. Le recours aux banques en ligne peut constituer un moyen simple de répartir vos avoirs à moindres frais.
Types d'avoirs | Montant maximal garanti | Fonds d'indemnisation |
---|---|---|
Livret A, LDDS, LEP |
100 000€
par déposant et par établissement
|
La garantie de l'État
|
Dépôts bancaires
(comptes courants, livrets, CAT, PEL...)
|
100 000€
par déposant et par établissement
|
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) |
Titres
(actions, obligations, OPCVM)
|
70 000€
par épargnant et par établissement
|
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) |
Cautions
(engagements des banques
envers certains professionnels)
|
90%
du dommage subi (franchise 3.000€ min)
|
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) |
Assurance vie |
70 000€
par épargnant et par établissement
|
Le Fonds de garantie des assurances de personnes (FGAP) |
A noter : la garantie des dépôts couvre aussi bien les particuliers (majeurs et mineurs) que les entreprises. Sont exclues les autorités publiques et les institutions financières comme par exemple les banques d'investissement censées être capables de gérer leur propre risque.
Le livret A, le livret de développement durable et solidaire (LDDS), livret d'épargne populaire (LEP) profitent d'une garantie de l’État de 100 000 euros. Le FGDR remplit ici uniquement la fonction d'opérateur de l’indemnisation. Sachez que le dépôt de ces livrets est centralisé ensuite non par la banque mais par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Cette épargne vous permet de jouir d'une garantie supplémentaire de l'État qui s'ajoute au plafond de 100.000 euros du FGDR.
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) indemnise les usagers bancaires en cas de faillite de leur banque. Les systèmes d'indemnisation des dépôts se fait par type de placement, par déposant et par établissement. Tâchez d’en profiter au mieux selon votre situation financière et vos actifs !
Tous les établissements bancaires agréés adhèrent obligatoirement au FGDR qui collabore étroitement avec les pouvoirs publics, qu'il s'agisse de l'autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), ou du Ministère des Finances. Créé en 1999 suite à la promulgation de la loi sur l'épargne et la sécurité financière, ce FGDR jouit d'une mission d'intérêt général qui pilote en réalité trois mécanismes :
La garantie des dépôts couvre les clients à hauteur de 100.000 euros par déposant et établissement de crédit. Tous les dépôts bancaires tels que le compte courant, compte à terme, PEL/CEL, Livret Jeune mais aussi le compte-espèces d'un PEA ou PER sont couverts par le FGDR à hauteur de 100.000 euros, sachant que ce plafond passe à 500.000 euros supplémentaires en cas de dépôts exceptionnels encaissés moins de trois mois avant la défaillance de la banque suite à des événements exceptionnels (licenciement, héritage, vente immobilière, etc.).
Les actions, les parts d'OPCVM (SICAV et FCP) et les titres de créances sont couverts par la garantie titres à hauteur de 70.000 euros. Cette somme correspond à la somme des valeurs des titres au moment de la déclaration d'indisponibilité. Le délai de paiement est de trois mois (renouvelable à une seule reprise) et intervient que si le prestataire de services d’investissement se trouve dans l’impossibilité de restituer les titres du clients.
La garantie des cautions vise à couvrir quant à elle, les engagements de caution d’une banque défaillante envers certains professionnels qui présentent une garantie au bénéfice de leur propre clientèle comme des agences de voyage, constructeurs immobiliers, courtiers d’assurance, … Si le professionnel pour qui la caution a été émise est également défaillant, la garantie de caution du FGDR est en charge d'honorer l’engagement jusqu’au terme du projet à hauteur de 90% du dommage subi. Une franchise de 3.000€ reste toutefois à la charge du client lésé.
Les placements en assurance vie sont garantis à hauteur de 70.000 euros par déposant et par compagnie d'assurance. Peu importe si les supports sont en euros ou en unités de compte. Ce plafond peut atteindre 90.000 euros lorsque des bénéficiaires héritent d'une rente provenant d'un contrat d'assurance décès ou d'une rente d'incapacité ou d'invalidité.
Ce n'est pas le FGDR qui gère l'indemnisation mais le Fonds de Garantie des Assurances à la Personne (FGAP) lancé en 1999. Ce dernier intervient en cas de défaillance d'une société d'assurance à la demande de l'ACPR. Les modalités sont identiques sauf que le rachat par une autre compagnie du contrat d'assurance est possible au cours de la période entre le constat du défaut et l'indemnisation. Les sociétés d'assurances agréées en France ont l'obligation d'adhérer et de cotiser au FGAP.
Le délai d'indemnisation est de 7 jours ouvrables. Les clients se connectent sur le site internet du FGDR pour accéder à un espace sécurisé. Après leur authentification, ils saisissent le numéro d'un nouveau compte afin de recevoir le versement. Ils doivent donc en priorité s'atteler à avoir un autre compte dans une banque qui ne serait, elle, pas en faillite.
Il faut également savoir que le Fonds de garantie est abondé par les établissements de crédit adhérents. Leur participation est calculée en fonction de la masse de dépôts hébergée. Une prime de risque peut également être imposée par l'ACPR si l'autorité estime que le risque sur tel ou tel établissement de crédit pèse plus fortement. A contrario, une banque dont la gestion apparaît plus vertueuse a droit à une décote.
Le Fonds de garantie n'intervient que pour des établissements de crédit agréés par l’ACPR. Il est donc essentiel de faire le point sur les autres mécanismes de protection selon les différents établissements bancaires.
L’Union européenne a mis en place des systèmes de garantie des dépôts (SGD) au sein de chaque pays fixant la garantie des dépôts à 100 000 € au minimum. Avec cette harmonisation souhaitée après la crise financière et bancaire qui a sévi en 2008, voici les principaux établissements concernés par ces SGD.
Si la néobanque N26 fait faillite, la prise en charge n'est pas du ressort du FGDR. En revanche, N26 est une véritable banque en Allemagne qui a la possibilité par exemple de vendre des solutions de crédits en son nom. La banque digitale participe donc au fonds de garantie allemand de 100.000 euros pour lequel elle cotise. Les clients français seraient remboursés par ce fonds d’outre-rhin de la même manière que s'ils avaient placé leurs dépôts dans une banque française. Notez que la procédure est similaire pour les clients de la banque en ligne ING, dont la maison-mère se trouve aux Pays-Bas.
La néobanque Revolut dispose pour sa part de son agrément bancaire obtenu en Lituanie et bénéficie de la garantie de dépôts lituanienne de 100 000€. Enfin, la néobanque pro Shine est, quant à elle, agréée en France par l’ACPR et profite ainsi de la protection du FGDR à hauteur de de 100 000 euros.
Les banques en ligne appartiennent toutes à un établissement bancaire français et possèdent toutes une licence d’établissement bancaire avec la couverture du FGDR.
Banque en ligne | Type de garantie des dépôts |
---|---|
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Garantie FGDR |
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Garantie FGDR |
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Garantie FGDR |
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Garantie FGDR de sa maison mère BNP Paribas |
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Garantie FGDR |
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Garantie FGDR |
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Garantie FGDR |
Un compte de cantonnement dans un établissement de crédit est ouvert par les néobanques ne disposant pas de l'agrément bancaire. Elles y placent les fonds sans avoir le droit d'y toucher. Si la banque mobile fait faillite, les dépôts étant séparés, les clients récupèrent leurs avoirs. Et si la banque qui héberge le compte de cantonnement fait défaut ? Le FGDR indemnise l'établissement de paiement au niveau du montant des encours de ses clients dans la limite de 100.000 euros par client.
Le compte-Nickel et Lydia disposent d’un compte de cantonnement chez BNP Paribas. Toutefois, depuis le 02 mars 2023, la société Lydia a obtenu sa propre licence auprès de l’ACPR en tant qu’établissement de monnaie électronique et dispose de son propre code banque (17958) sans avoir à passer par son partenaire Okali (ex SFPMEI). Le compte Pumpkin dont les services ont fermé le 21 décembre 2022, disposait d'un compte de cantonnement au Crédit Mutuel Arkéa. La fintech Qonto a également ouvert un compte de cantonnement dans cet établissement ainsi que chez Natixis avec également une garantie au Crédit Agricole et Société Générale à travers des fonds dédiés.
Le déclenchement du fonds de garantie dépend ainsi de l'agrément de la banque qui fait défaut. Certaines néobanques constituent en réalité des marques commerciales d'établissements de crédit et ne posent pas de souci (Eko by CA pour le Crédit Agricole, Enjoy pour les Caisses d’Epargne et Ma French Bank pour La Banque Postale). En cas de faillite, le FGDR indemnise les clients au titre de l'agrément bancaire de leur distributeur. Toutefois, le Fonds de garantie cumule les dépôts des deux établissements pour évaluer le montant de l'indemnisation par rapport au plafond.
Les mésaventures du Credit Suisse et de la banque américaine SVB fragilisent une nouvelle fois le système bancaire avec des peurs de contagion à nos banques françaises et toutes les conséquences néfastes pour notre économie déjà bien chahutée. Reste que si ces dernières actualités entâchent une nouvelle fois le monde de la finance, nous ne sommes pas (encore) dans le cas de 2008 et la chute de la Lehman Brothers.
Si les pouvoirs publics se montrent rassurants, des remous sont toutefois apparus fin mars 2023 avec la Deutsche Bank ou bien les soupçons de fraude fiscale concernant cinq banques françaises. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France a certifié toutefois le 17 mars 2023 "Les banques françaises et européennes sont extrêmement solides". Il explique que, de part la réglementation Bâle III et ses règles rigoureuses de liquidités et de fonds propres, les banques seraient plus sûres que les banques outre-atlantiques… Le problème du Crédit Suisse étant ainsi un cas isolé.
Au regard des différents ratios étudiés, les banques françaises présentent de bons fondamentaux et les 8 premières d’entre elles cumulent plus de 37 milliards de Résultat Net en 2022. Malgré ces bénéfices records, Pricebank appelle toutefois à la vigilance. En 2022, les banques ont fait face à la forte remontée des taux, aux normes strictes du HCSF ainsi qu’aux soucis post-covid d’entreprises en manque de trésorerie ou d'aménagements de prêts qui ont augmenté de plus de 28 % en 2021. Les banques doivent également améliorer leur profitabilité via le numérique et maîtriser davantage les nouveaux risques liés aux systèmes d’information et au changement climatique.
Au niveau mondial maintenant, les tensions géopolitiques persistantes pourraient stresser davantage les marchés financiers et accélérer les attaques liées à la cybersécurité apportant ainsi des signaux plus négatifs que positifs. Les banques vont devoir continuer à gérer les risques de taux d’intérêt et d’écart de crédit, le risque de contrepartie et le financement à effet de levier. La prudence est de mise et il sera primordial pour les banques de se constituer davantage de provisions afin de consolider leurs fonds propres et être ainsi plus résiliente.
L’économie française peut également venir compromettre la santé de nos établissements bancaires. En France, rappelons que le Produit intérieur brut a progressé timidement de 2,6 % en France 2022 contre 3,6% prévu par la Banque de France, pénalisé notamment par le climat géopolitique et une forte inflation qui sabre le pouvoir d’achat des français. Plus alarmant, le commerce extérieur de la France présente un triste record avec un déficit de plus de 53,5 milliards d’euros !
D’autres critères peuvent être à considérer pour connaître la solidité d’une banque telles que les notations des agences comme Moody’s, Fitch Ratings, Standard & Poor’s. Reste que les risques de défaillances sont limités et que les banques européennes ont su traverser diverses crises sans mettre en péril tout le système bancaire et financier, les États venant toutefois rapidement à leur secours. D’ailleurs, les Etats et les différentes banques centrales doivent-elles couvrir les problèmes de mauvaise gestion des banques ? Les banques deviennent-elles toutes « too big to fail » ?
Les autorités veillent à maintenir la confiance des particuliers et entreprises afin de ne pas provoquer des secousses plus importantes et plus systémiques à l’ensemble des banques. Reste à connaître l’issue finale en 2023 : Les différentes banques centrales ont fortement augmenté les taux d’intérêts afin de combattre l’inflation et leurs marges de manoeuvres semblent limitées. Il n’est pas simple de devoir déverser des milliers de liquidités aux banques et de contraindre les particuliers et entreprises avec des taux élevés ! Le soft landing tant désiré pour empêcher une récession semble compromis.
Certains comme Jérôme Powell en appellent à davantage de régulation ou bien le journaliste britannique Martin Wolf du Financial Times pense que les banques doivent devenir des services publics sans enjeux commerciaux ou recherche de résultats financiers. Pour d’autres, les sommes d’argent déposées au sein des banques devraient être collectées directement par les banques centrales. Cela les amènerait à leurs projets de monnaies numériques avec le blocage de vos dépôts ‘’à distance’’ en cas de crise !
Quoi qu’il en soit, le FGDR assume officiellement ce rôle de garant de votre épargne. Officieusement, les Etats et banques centrales agiront bien en amont en cas de défaillance et l’actualité confirme en partie cela. Toute proportion gardée, le Crédit Mutuel et la Banque Postale comme les banques présentant les meilleures garanties. Par précaution, il reste de bon conseil de répartir votre épargne auprès de plusieurs banques et/ou banques en ligne afin de réduire les risques de faillite. Pricebank vous permet de comparer les banques entre elles grâce à notre simulateur de frais bancaires exclusif ci-dessous ou bien de vous dresser notre dernier palmarès des banques offrant le meilleur rapport qualité/prix.
(1) Produits dérivés : Ce sont des instruments financiers (swaps, futures et options) dont la valeur dépend d'un actif sous-jacent (emprunt d'Etat, matière première, devise, indice boursier...). Ils s'échangent sur les marchés à terme. Au départ créés pour se prémunir d'un risque résultant d'une opération, ils sont également depuis, largement utilisés pour spéculer.
(2) Common Equity Tier 1 : littéralement Fonds Propres Communs de base, le Tier 1 est la partie la plus solide des fonds propres assurant la solvabilité d'une banque et sa capacité de rembourser les dépôts des clients. La part du CET1 doit être majoritaire dans les fonds propres de base.
9 commentaires sur "Quelles sont les banques françaises les plus sûres ?"
Bonjour,
Nous n'avons pas étudié les bilans de la CASDEN Banque Populaire mais nous pouvons tâcher de vous livrer les informations suivantes. La CASDEN Banque Populaire est une banque française destinée aux personnels de l'éducation, de la recherche et de la culture. Comme toute banque, la CASDEN peut en théorie être exposée à un risque systémique, qui est le risque qu'une défaillance d'une institution financière, ou un groupe d'institutions financières, puisse déclencher une crise financière globale.
Cependant, plusieurs facteurs peuvent atténuer ce risque pour une banque comme la CASDEN :
Cela dit, il est important de noter que même si la réglementation bancaire a été renforcée après la crise financière de 2008 pour minimiser le risque systémique, il n'est pas possible d'éliminer complètement ce risque. Enfin, quelque soit la solidité d'un établissement, la perte de confiance des agents envers un établissement peut très vite compromettre son équilibre comme on l'a vu récemment avec les banques américaines.
Bonjour,
Merci de votre retour sur cet article. L'environnement actuel est assez complexe et incertain. En ces temps volatiles, me vient une citation de Sénèque : “La vie ce n'est pas attendre que l'orage passe mais apprendre à danser sous la pluie.”
Bonjour,
tout d'abord nous sommes désolés de ce qu'il vous arrive.
Dans le cas d'une fraude par email, la première des choses à faire dans votre cas, quand il y a des débits frauduleux, c'est de déposer plainte au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie dont vous dépendez. Il est également possible d'envoyer votre plainte par écrit au procureur de la République du tribunal judiciaire dont vous dépendez en fournissant toutes les preuves en votre possession.
La 2ème chose est de contacter la société dont l'identité a été usurpée et de faire les démarches auprès de votre banque. Ce qui a été fait visiblement. Avez-vous des traces écrites de vos démarches et de vos échanges avec Orange Bank (mail ou courrier) ? Il faut les conserver précieusement pour preuves et faire valoir vos droits. Sinon, faites un courrier en recommandé avec accusé réception pour récapituler tous les événements et toutes les démarches réalisées par téléphone et envoyez-le à Orange Bank pour garder cette trace écrite.
Une association, France Victimes peut vous accompagner gratuitement au 116 006 (appel et service gratuits), numéro d'aide aux victimes du ministère de la Justice. Service ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 19h.
Vous pouvez aussi contacter le service Info Escroqueries du ministère de l'Intérieur au 0 805 805 817 (appel et service gratuits de 9h à 18h30 du lundi au vendredi). Il s'agit d'un service de la police nationale qui informe, conseille et oriente les personnes victimes d'une escroquerie (particulier ou professionnel).
Nous espérons que vous trouverez aide et solutions auprès de ces interlocuteurs spécialisés dans ce genre d'affaires. Nous restons également à votre disposition, si vous avez d'autres questions ou besoins par la suite.
Bon courage pour vos démarches. Cordialement
Bonjour
pour répondre à votre première question, oui le groupe BPCE est exposé, voire très exposéaux risques systémiques avec, notamment, sa filiale Natixis. Le FDGR s'applique par banque et compte bancaire, donc théoriquement, vos 2 comptes sont couverts. Néanmoins, si le groupe BPCE fait faillite, vos 2 comptes seront directement concernés, il peut être utile de diversifier les banques... Je vous invite d'ailleurs à regarder notre vidéo sur le fonctionnement du FDGR
Enfin, si vous lisez notre article, vous aurez le détail des informations pour votre dernière question, mais pour résumer, les 2 banques françaises les moins exposées sont La Banque Postale et le Crédit Mutuel.
Espérant avoir répondu à toutes vos questions et restant disponible si besoin. Cordialement
Bonjour,
La néobanque Nickel a été rachetée par BNP Paribas en 2017, mais a conservé son indépendance. Les fonds déposés sur les comptes ouverts chez Nickel ne font pas l'objet de spéculation par le groupe BNP Paribas puisque ce sont deux entités différentes même si Nickel est une filiale du groupe ! BNP a apporté de l'expertise et a injecté des fonds pour investir dans l'avenir de la néobanque, qui dépend néanmoins de sa maison mère et de sa santé financière...
Espérant avoir répondu à votre question, nous restons disponible si besoin. Cordialement