Comprendre la fiscalité de l’assurance vie en cas de rachat ou au décès de l’assuré tourne parfois au casse tête du fait des différentes lois qui s'empilent depuis le 20 Novembre 1991. Pour beaucoup, cette complexité empêche une bonne perception des optimisations fiscales possibles au sein de cette enveloppe. Reste que l’assurance vie présente des avantages fiscaux indéniables en terme de transmission mais également durant toute la vie de l’assuré.
Que ce soit lors de vos retraits partiels ou totaux (rachats) ou bien lors du décès de l’assuré, quatre paramètres interviennent régulièrement dans le traitement fiscal de l’assurance vie : l’ancienneté du contrat, l’âge de l’assuré ainsi que la date et le montant de vos versements. Pricebank vous éclaircit sur toutes les dimensions fiscales à connaître ! Voici le sommaire :
L’assurance vie est une enveloppe fiscale capitalisante : pas de retrait, pas d’impôts ! Vous êtes libre ensuite de demander un rachat partiel ou total sur votre assurance vie à tout moment. Dans ce cas et pour chacun de vos rachats, seuls les gains et intérêts sont soumis à fiscalité (pas le capital).
Sur les seuls prélèvements sociaux (17,2%), deux fiscalités interviennent en parallèle selon la nature de vos investissements :
Chaque année, votre assureur ou banque vous transmet un document pour votre déclaration d’impôt : cet Imprimé Fiscal Unique (IFU) récapitule les opérations réalisées sur votre contrat. L’assureur s’occupe de l’enregistrement de vos revenus et du prélèvement des impôts et charges sociales.
Au final, le traitement fiscal d’un rachat dépend de 2 facteurs incontournables :
Ancienneté du contrat
|
Si versements effectués
avant le 27/09/2017
|
Si versements effectués
après le 27/09/2017
|
---|---|---|
Avant 4 ans
|
52,2%
(35% (PFL) + 17,2% (PS))
ou
impôts sur le revenu
(+17,2% (PS))
|
30%
(12,8% (PFU) + 17,2% (PS))
ou
impôts sur le revenu
(+17,2% (PS))
|
Entre 4 et 8 ans
|
32,2%
(15% (PFL) + 17,2% (PS))
ou
impôts sur le revenu
(+17,2% (PS))
|
|
Après 8 ans
|
Abattement annuel (sur les intérêts et plus-values)
4 600€ (personne seule) ou 9 200€ (couple marié ou pacsé)
|
|
24,7%
(7,5% (PFL) + 17,2% (PS))
ou
impôts sur le revenu
(+17,2% (PS))
|
24,7%
(7,5% + 17,2% pour les 1ers 150 000€)
(12,8% + 17,2% au delà de 150 000€)
ou
impôts sur le revenu
(+17,2% (PS))
|
Pour un contrat de moins de 8 ans avec des versements effectués avant le 27/09/2017, les gains sont soumis au prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) de 35% les quatres premières années, puis de 15% entre 4 et 8 ans (soit respectivement 52,2% et 32,2% avec les prélèvements sociaux) ou bien à l'impôt sur le revenu.
Si le contrat a plus de 8 ans avec toujours des versements effectués avant le 27/09/2017, l’assuré peut une nouvelle fois opté pour l’imposition à l’impôt sur le revenu ou bien le PFL abaissé cette fois-ci à 7.5%. Après les 8 ans du contrat, vous bénéficiez en prime de l'abattement annuel de 4.600 euros pour une personne seule et 9.200 euros pour un couple avec une règle est retenir :
"Si les intérêts et gains annuels issus de vos rachats sont inférieurs à l'abattement (4600€ ou 9200€), l’assuré n’est pas taxé (hors prélèvements sociaux)."
La loi de finances de 2018 a instauré la flat tax à 30 % valable également en cas de rachat sur un contrat d’assurance vie. Dans ce cas, l'assureur retire de vos gains les prélèvements sociaux (PS) de 17,2 % auxquels s'ajoutent un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 12,8 % pour les contrats de moins de 8 ans et un prélèvement de 7,5% pour ceux ayant une antériorité supérieure ou égale à 8 ans. Voici les options possibles :
Pour un contrat de moins de 8 ans avec des versements effectués après le 27/09/2017, les gains sont soumis, par défaut, à la flat tax de 30% ou, sur option, à l'impôt sur le revenu.
Si le contrat a plus de 8 ans avec des versements effectués après le 27/09/2017, un prélèvement forfaitaire de 7.5% est appliqué pour les premiers 150.000 euros versés puis de 12,8% sur la part au-delà des 150.000 euros. L’abattement annuel de 4.600 euros (pour une personne seule) et 9.200 euros (pour un couple) s’applique en amont et l'option à l'IR reste possible.
Plus concrètement, l'imposition se réalise en deux temps avec :
À ce moment-là, le contribuable pourra choisir l'imposition au barème progressif de l’impôt notamment si sa tranche marginale d’imposition est inférieure ou égale à 11% : ce choix irrévocable est valable pour l'ensemble des revenus de l’épargne et se fait via la case 2OP de votre déclaration d'impôt.
À cette complexité fiscale, le législateur a également rajouté des cas d’exonération d’impôts sur les rachats si l’assuré (ou son conjoint ou partenaire de Pacs) se retrouve dans l’une des situations suivantes :
Ces évènements permettent à vos gains issus de vos rachats d’être exemptés d’impôt. Pour pouvoir bénéficier de cette exonération, il est obligatoire que le rachat partiel ou total de votre contrat d'assurance-vie ait lieu avant le 31/12 de l'année suivant l'événement.
En cas de décès du souscripteur, l'assurance-vie est transmise aux bénéficiaires désignés au contrat et peut venir s’ajouter à leur part d’héritage éventuelle. En vertu de l’article L132-13 du code des assurances, les sommes perçues des contrats assurance-vie ne sont, en principe, pas intégrées à la succession du souscripteur.
Nombre d'enfants | Réserve héréditaire | Quotité disponible |
---|---|---|
sans enfant
& conjoint
|
0
|
1
|
sans enfant
|
1/4 au conjoint survivant
|
3/4
|
1 enfant
|
1/2
|
1/2
|
2 enfants
|
1/3 par enfant
|
1/3
|
3 enfants
|
1/4 par enfant
|
1/4
|
Plus de 3 enfants
|
3/4 (à répartir selon le nombre d'enfants)
|
1/4
|
Exemple : Si Martin a 2 enfants, la réserve héréditaire est de 2/3 et la quotité disponible est d'1/3. Selon les règles de la dévolution successorale, la réserve héréditaire se répartit entre ses 2 enfants.
|
Cette épargne accumulée au sein du contrat assurance vie peut ainsi permettre d’échapper "raisonnablement" aux règles classiques de la réserve successorale. Toutefois, les montants des versements ne doivent pas être "exagérés" au regard de l'âge et du patrimoine global du souscripteur. Une remise en cause juridique par les tribunaux est possible si des modifications sont intervenues peu de temps avant le décès du souscripteur.
Contrat
|
Assurance vie
souscrite
avant le 20/11/1991
|
Assurance vie
souscrite
à partir du
20/11/1991
|
|
---|---|---|---|
Primes versées
avant le 13/10/1998
|
Exonération totale
|
- de 70 ans
|
+ de 70 ans
|
Exonération totale
|
Imposition après
abattement
de 30 500€
(Article 757B du CGI)
|
||
Primes versées
à compter du 13/10/1998
|
Exonération
jusqu’à 152 500€ / bénéficiaire
(capital+ gains. Article 990 I CGI)
(20% au delà)
|
Exonération
jusqu’à 152 500€ / bénéficiaire
(capital+ gains. Article 990 I CGI)
(20% au delà)
|
Imposition après
abattement
de 30 500€
(Article 757B du CGI)
|
Pour tous les contrats d'assurance-vie ouverts avant le 20/11/1991 ainsi que les versements effectués jusqu’au 12/10/1998, l’exonération de droits est totale quel que soit l'âge de l'assuré au moment des versements.
La transmission bénéficie ensuite d'un régime fiscal modifié après le 20/11/1991 en distinguant et favorisant les versements effectués avant les 70 ans de l’assuré :
Si les primes ont été versées avant 70 ans, chaque bénéficiaire dispose d'un abattement de 152.500 euros (Article 990I du CGI). Au-delà de cet abattement, les capitaux transmis sont taxés à hauteur de 20% jusqu'à 700.000 euros, puis à 31,25% au-delà. La valeur prise en compte dans l'abattement intègre les sommes versées avant 70 ans, déduite des retraits ultérieurs. Les gains générés jusqu'au dénouement du contrat sont également inclus au calcul.
Si les primes ont été versées après 70 ans, le régime est différent avec un abattement global de 30.500 euros (Article 757B du CGI). Il s'applique sur l'ensemble des capitaux transmis, tous contrats confondus et quel que soit le nombre de bénéficiaires. La valeur prise en compte n'intègre que les versements : les gains sont de ce fait exonérés. Au-delà des 30 500 euros, les capitaux sont soumis aux régime de droit commun des successions selon le lien de parenté (taux et abattements différent).
Depuis la loi TEPA du 21 août 2007, le conjoint survivant (y compris le partenaire de PACS) est totalement exonéré de droits de succession sur le capital reçu d'une assurance-vie, quelle que soit sa valeur. L'article 769-0 ter et 790 G du code général des impôts (CGI) stipule en effet que :
"le bénéficiaire d'un contrat d'assurance-vie est exonéré de droits de mutation à titre gratuit sur les capitaux décès perçus à la suite du décès de l'assuré, lorsque le bénéficiaire est le conjoint ou le partenaire lié au défunt par un pacte civil de solidarité".
Cas pratique de la fiscalité d'une assurance vie au décès de l'assuré
Cas pratique : Martin est marié avec 2 enfants. Il décède avec une assurance vie estimée 1 million d’euros sur laquelle il a versé 700 000 euros en totalité avant ses 70 ans. Le capital est réparti de la façon suivante : | ||
---|---|---|
25%
revient à sa femme Béatrice
|
25%
à chacun de ses 2 enfants
|
25%
à un voisin et ami de toujours
|
Au décès : Béatrice récupère 250 000 euros sans rien à payer (merci la loi TEPA !). Chaque enfant et l’ami percevront la somme de 230 500 euros nets d’impôts. On tient compte ici de la taxation 20% au-delà de 152 500 euros (0,2(250 000-152 500) = 19 500 euros d’impôts soit 230 500 euros nets versés) |
En dehors des retraits sur un contrat assurance vie, il est possible également de sortir en rente viagère. Dans le cas d'une rente viagère dite « à titres onéreux » (RVTO), l’épargne accumulée du contrat est intégralement transférée à l’assureur. En échange, l’établissement financier s’engage contractuellement à verser une pension jusqu'au décès de l'assuré.
Idéale sur le papier pour compléter sa retraite, cette option entraine l’aliénation de votre capital au profit de l’assureur : cela supprime le versement de tout capital aux héritiers (sauf si rente de réversion au contrat). Le montant de cette rente est déterminé selon 2 paramètres :
Selon l’art 158 du CGI, cette rente viagère à titre onéreux est imposable partiellement au barème de l’impôt et aux prélèvements sociaux selon l’âge où vous percevez la première rente : plus vous la percevez tôt, plus la fraction imposable sera élevée, à savoir :
L'assurance-vie est un outil polyvalent permettant d'épargner pour l'avenir et de transmettre un patrimoine à ses proches dans un cadre fiscal avantageux. Mais la question de savoir qui désigner comme bénéficiaire de votre contrat d'assurance-vie peut s'avérer plus complexe qu'il n'y paraît. Abordons les cas les plus courants :
Mettre l'époux ou partenaire d’un Pacs bénéficiaire d'un contrat d'assurance vie présente plusieurs avantages :
Le statut de concubin ne confère pas automatiquement des droits d'héritage à votre partenaire. En nommant votre concubin comme bénéficiaire de l'assurance vie, vous lui assurez une protection spécifique qui n'est pas liée aux règles de succession légales.
En complément de la rédaction d’un testament, cette désignation sur une assurance vie offre une sécurité financière supplémentaire et permet d'éviter les éventuels litiges qui pourraient survenir entre les membres de la famille de l'assuré et le concubin. Ainsi avec des primes versées avant les 70 ans, il est possible de transmettre 152 500 euros à son concubin hors droits de succession.
Bien qu’héritiers directs, les enfants peuvent être bénéficiaires d’un contrat assurance vie. Cela permet à l'assuré d’avoir la certitude de leur transmettre jusqu’à 152 500 euros chacun sans frais. Cet abattement et celui de 30 500 euros s’ajoutent à l’abattement sur les donations de 100 000 euros par enfant et par parent et autre don familial de 31 865€.
Selon vos avoirs et ceux de vos enfants, il est possible sinon de favoriser directement vos petits-enfants :
Pour les mineurs, il est possible sinon d’effectuer un don manuel accompagné d’un pacte adjoint avec clauses de gestion et de remploi des capitaux au sein d’un contrat assurance vie. Cela permet de protéger les intérêts financiers de l'enfant jusqu’à sa majorité avec la garantie que les fonds soient utilisés conformément à vos souhaits spécifiques.
Rien ne vous empêche de désigner plusieurs bénéficiaires pour votre contrat d'assurance vie. De façon courante, vous pouvez répartir le capital entre votre conjoint, vos enfants et vos petits-enfants. Vous pouvez également stipuler des clauses particulières, comme le versement du capital à vos enfants seulement si votre conjoint décède avant vous. Le choix du bénéficiaire d'une assurance-vie dépend de votre situation personnelle et de vos objectifs financiers. Voici un exemple de clause standard au sein d'un contrat assurance vie :
"Mon conjoint, non divorcé, non séparé de corps, ou la personne avec laquelle je suis lié par un Pacte civil de solidarité (Pacs) en vigueur à la date du décès, à défaut mes enfants nés ou à naître, vivants ou représentés, par parts égales, à défaut mes héritiers".
Il est recommandé de consulter un professionnel pour définir la meilleure stratégie en fonction de votre situation. N'oubliez pas que vous pouvez changer le bénéficiaire de votre contrat d'assurance-vie à tout moment. La désignation du bénéficiaire de l'assurance-vie est un acte important qui nécessite réflexion et planification.
Le terrain de la fiscalité de l'assurance vie est ainsi un paysage parfois complexe à bien appréhender. Compte tenu des situations personnelles propres à chacun de nous, il est primordial de s’approprier toutes ces règles sans attendre, forcément, les lumières de son conseiller bancaire ou assureur.
Rappelons-nous une citation célèbre de Benjamin Franklin :
"Il n'y a rien de certain dans ce monde, sauf la mort et les impôts".
Malgré ces complications apparentes, il ne faut pas bouder les avantages indéniables de cette merveilleuse enveloppe, notamment grâce aux abattements qu’elle offre en cas de rachats après 8 ans ainsi qu'au décès sur les versements réalisés avant les 70 ans de l’assuré.
Apres 70 ans, il peut être est opportun d’ouvrir un contrat dédié pour optimiser et clarifier la fiscalité, en désignant les bénéficiaires qui subissent le moins de droit de successions (conjoint ou enfants.) : un enfant peut ainsi profiter de l'abattement de 100 000 euros sur la succession d’un de ses parents, en plus de l’abattement de l'assurance vie de 30 500 euros !
Avec une gestion avisée et une stratégie bien conçue, l'assurance vie contribue à rendre les impôts un peu plus léger, encore faut-il en apprivoiser les principaux mécanismes. Selon vos objectifs et situations, l'assurance vie se combine très habillement avec d’autres enveloppes comme le PEA ou le PER.
Bref, avec la fiscalité... prenez de l'assurance au risque sinon de se laisser taxer par la négligence !
0 commentaire sur "Quelle est la fiscalité de l'assurance vie en cas de rachat, de rente viagère et au décès ?"